A trois semaines du dernier Grand Chelem de cette saison 2023, les protagonistes de la WTA et de l’ATP continuent de briller, de surprendre et de peaufiner leur préparation. Auteurs d’une saison en demi-teinte, Stefanos Tsitsipas et Coco Gauff ont engrangé de la confiance à Los Cabos et Washington. Une capitale américaine également terre de succès pour Dan Evans, qui pointe au meilleur rang de sa carrière ce lundi.
Gauff, Evans et Tsitsipas (re)prennent de la hauteur
L’Américaine et le Britannique ont remporté le titre le plus prestigieux de leur carrière ce week-end à Washington.
Gauff scintille à domicile
Oubliées les semaines de doute et son élimination précoce au premier tour de Wimbledon. Sacrée à Auckland en janvier puis en perte de confiance et de vitesse, Coco Gauff a réalisé une semaine parfaite pour remporter son premier WTA 500, le quatrième de sa carrière. Tombeuse de sa compatriote Hailey Baptiste puis de Belinda Bencic, Liudmila Samsonova (tenante du titre) et Maria Sakkari sans perdre le moindre set, l’Américaine de 19 ans est devenue la plus jeune joueuse sacrée à Washington. Au-delà de sa précocité et de la puissance de ses frappes, c’est son caractère et son sang-froid qui impressionnent puisqu’elle a désormais remporté quatre de ses cinq finales disputées sur le circuit professionnel (défaite face à Iga Swiatek lors de l’édition 2022 de Roland-Garros).
Un bilan beaucoup plus flatteur que celui de son adversaire en finale (6/2, 6/3 en 1h24). Alors qu’elle menait 4-1 dans leurs confrontations et qu’elle venait de s’offrir le scalp de Jessica Pegula dans le dernier carré, Maria Sakkari a perdu sa septième finale en huit tentatives. Mais si la Grecque court après un deuxième titre depuis Rabat en 2019, elle préfère retenir le positif d’une semaine durant laquelle elle a également battu Leylah Fernandez et Madison Keys. "C’est quand même une semaine incroyable, a-t-elle concédé sur le court. Je ne vais pas vous mentir, c’est plutôt décevant (de perdre en finale). Mais en même temps, il y a un mois, je n’aurais pas pensé être ici."
Des premiers pas réussis outre-Atlantique qui incitent à l’enthousiasme alors que Montréal, Cincinnati et bien sûr l’US Open se profilent pour les stars de la discipline. C’est d’autant plus vrai pour Coco Gauff, qui malgré trois breaks concédés lors de son dernier match, a fait preuve d’agressivité et de maîtrise tout au long de son brillant parcours. Un sentiment de renouveau qu’elle a tenu à mettre au crédit de Pere Riba et Brad Gilbert, ses nouveaux coachs. "C’est notre premier tournoi avec l’équipe au complet, a-t-elle expliqué. Je suis heureuse que nous ayons pu obtenir un tel résultat. Ceux qui m’ont suivie à Wimbledon savent que c’était très difficile il y a quelques semaines. Nous l’avons tous ressenti et je suis heureuse d’avoir pu rebondir."
Evans, la surprise du chef
Du côté des hommes, le Mubadala Citi DC Open a également sacré un nouveau champion, en la personne de Dan Evans. Malgré des conditions climatiques plus que capricieuses en finale et tout au long de la semaine – Taylor Fritz a par exemple disputé son huitième contre Andy Murray et son quart face à Jordan Thompson le même jour –, le Britannique de 33 ans a su tirer son épingle du jeu pour remporter le deuxième titre de sa carrière, assurément le plus beau.
Arrivé avec six défaites consécutives sur le circuit principal dans ses bagages, "Evo" a concédé un set en ouverture contre Grégoire Barrère avant de remporter les dix suivants. Un tableau de chasse impressionnant puisqu’il s’est notamment défait de Frances Tiafoe et Grigor Dimitrov avant d’annihiler les velléités de Tallon Griekspoor en finale (7/5, 6/3 en 1h41).
Premier joueur britannique à disputer la finale à Washington depuis Andy Murray en 2006, il a succédé à Tim Henman, champion en 2003. Un ATP 500 dans la besace et un nouveau meilleur classement en carrière (21e mondial) : Evans ne pouvait pas rêver d’une meilleure semaine. "Je ne jouais pas très bien et je n’étais pas satisfait de mon jeu, a-t-il analysé avec le trophée dans les mains. Travailler comme je l’ai fait, garder ma ligne de conduite et m’en sortir, c’est incroyable. J’ai passé une semaine extraordinaire et j’ai vraiment apprécié le soutien du public."
Tsitsipas, floqué numéro 10
Privé de lauriers depuis Monte-Carlo en 2022, Stefanos Tsitsipas a renoué avec le succès ce week-end du côté de Los Cabos. Une dixième victoire en autant de rencontres face à Alex de Minaur (6/3, 6/4 en 1h26) pour s’offrir un dixième titre sur le circuit, le premier sur dur depuis l’Open 13 de Marseille en 2020. Au bord du précipice contre Nicolas Jarry en quarts de finale, le Grec a facilement disposé de ses autres adversaires (John Isner, Borna Coric et donc Alex de Minaur), déroulant un tennis fluide, spectaculaire et enthousiasmant.
Finaliste de l’Open d’Australie mais enclin à des pertes de motivation et de concentration depuis plusieurs mois, cette parenthèse mexicaine dorée pourrait bien le remettre sur le chemin du succès et de l’ambition. "Je vais tirer le meilleur de cette semaine, a-t-il confié en conférence de presse à l’issue de la finale. J’ai fait quelques bons matchs ici et je pense que c’est un très bon début pour la tournée américaine. La concurrence était rude mais je suis heureux de repartir avec le trophée."
En attendant de confirmer ce renouveau, "Tsitsi" se réinstalle dans le Top 4 mondial, en lieu et place de Casper Ruud.
Baez envers et contre tous
Sur la terre battue de Kitzbühel, alors que la fête battait son plein depuis plusieurs jours, Sebastian Baez a coupé le son, rallumé les néons et raccompagné les espoirs locaux vers la sortie. Opposé à Dominic Thiem, l’Argentin a mis brutalement fin à la très belle aventure de l’enfant du pays (6/3, 6/1 en 1h20) pour glaner le troisième titre de sa carrière, le deuxième de la saison après Cordoba en février. "Je sais que tout le monde voulait que Domi gagne parce qu’il est d’ici, je suis désolé, a-t-il souri sur le court. Je suis heureux, non seulement pour cette victoire aujourd’hui mais aussi pour toute ma semaine […] Les dernières semaines n’ont pas été les meilleures alors nous allons essayer de profiter de ce moment."
Probablement émoussé par ses combats à rallonge disputés avant ce duel, l’ancien n°3 mondial a toutefois montré un très beau visage durant cette semaine à domicile, à l’image des cinq balles de matchs sauvées dans le dernier carré contre Laslo Djere. Celui qui n’avait plus disputé de finale depuis le Masters de Londres en 2020 remonte au 84e rang ce lundi, son meilleur classement depuis avril 2022. Si la route vers les sommets est encore longue, ses récentes performances prouvent qu’il est sur la bonne voie.
Canada dream
Cette semaine, les stars des deux circuits sont donc réunies au Canada pour disputer le Masters 1000 de Toronto et le WTA 1000 de Montréal. En l’absence de Novak Djokovic (n°2 mondial), Carlos Alcaraz et Daniil Medvedev – titré en 2021 – mèneront la danse chez les hommes. La récente championne à Varsovie et n°1 mondiale Iga Swiatek sera évidemment la cheffe de file du tableau dames mais elle devra une fois de plus se méfier d’Aryna Sabalenka et Elena Rybakina, toujours bien décidées à bouleverser la hiérarchie.
Mais l’attraction du côté de Montréal est sans aucun doute le retour aux affaires de Caroline Wozniacki, qui avait annoncé sa retraite à l’issue de l’Open d’Australie 2020. "Il faut être réaliste, lorsque qu’on n’a pas été sur le circuit et qu’on n’a pas joué de match depuis si longtemps, on a beau s’entraîner et faire de nombreux sets en practice, on ne peut jamais reproduire ce qui se passe sur un court, a-t-elle concédé en conférence de presse. Mais je n’ai rien à perdre. J’ai déjà fait tellement de choses dans ma carrière, j’ai coché la plupart des objectifs que je m’étais fixés. Je suis ici parce que j’aime la compétition. J’aime ce sport et j’ai l’impression que j’ai encore beaucoup à donner. Et le faire en famille rend les choses encore plus enthousiasmantes."