WTA / ATP : que peut-on attendre de la saison 2023 ?

Nadal – Djokovic, le duel sans fin

Tous les ans, les interrogations pullulent quant aux successeurs potentiels du fameux "Big 3". Et si Roger Federer a officiellement pris sa retraite en septembre, les deux autres monstres continuent d’écrire la légende de ce sport, tournoi après tournoi. Ainsi, en 2022, Rafael Nadal a surmonté les douleurs et les blessures pour s’adjuger ses 21e et 22e Majeurs à l’Open d’Australie et Roland-Garros avant de devoir déclarer forfait la veille de sa demi-finale à Wimbledon. Un tournoi glané pour la 7e fois par… Novak Djokovic, dont la saison très particulière ne l’a pas non plus empêché de terminer en beauté en remportant un 6e Masters.

Une glorieuse course aux records qui pourrait connaître un nouveau tournant dès ce mois de janvier en Australie, où "Nole" fera tout pour conquérir une 10e couronne dans le Grand Chelem qui lui a le plus souvent réussi et ainsi égaler son plus grand rival au nombre de titres majeurs (22). "J'ai très envie de prouver que je suis toujours l'un des meilleurs joueurs du monde et que je peux gagner de grands trophées. On se voit en Australie" avait-il d’ailleurs déclaré au sortir de son sacre turinois. Une ambition évidemment partagée avec le champion sortant dont les doutes quant à sa condition physique ont été levés par ses premiers pas en United Cup du côté de Sydney. Malgré deux défaites face à Cameron Norrie puis Alex de Minaur, Rafa a tenu la distance et ne veut plus entendre parler du "mot interdit" : "N’en parlons pas, car je suis ici pour jouer au tennis et l’heure de la retraite n’a pas encore sonné".

Le hasard des différents tirages au sort nous offrira même peut-être un 60e affrontement (Djokovic mène 30 à 29) entre les deux hommes. Quoi qu’il en soit, ce duel devrait donc une nouvelle fois monopoliser l’attention tout au long de l’année, à moins que la nouvelle génération en décide autrement.

1ga, la barre est haute

Avec huit titres dont deux en Grand Chelem à Roland-Garros et l’US Open, la plus longue série de victoires du siècle (37), un bilan de 67 succès pour 9 défaites et plus de 6000 points d’avance sur sa dauphine Ons Jabeur au classement, difficile d’espérer une meilleure saison que celle écoulée pour Iga Swiatek.

Toujours perfectionniste mais plus apaisée, la numéro un mondiale s’est améliorée dans de nombreux compartiments du jeu et parvient désormais à gagner peu importe la pression, le scénario ou l’adversaire de l’autre côté du filet. Sa campagne étincelante Porte d’Auteuil et sa quinzaine new-yorkaise plus laborieuse ont ainsi connu la même issue : à la fin, c’est Iga qui gagne. Au sommet de son art et du tennis mondial à seulement 21 ans, la Polonaise doit désormais s’atteler à la protection de sa couronne et à l’extension de son royaume. Ses débuts en United Cup ont d’ores et déjà donné le ton, à l’image de cet incroyable point à la Federer, inscrit en double avec Hubert Hurkacz.

S’il sera donc compliqué de faire mieux qu’en 2022, nul doute que la championne ne se reposera pas sur ses lauriers et tentera probablement de dépasser le stade du dernier carré à Melbourne et de progresser sur la seule surface qui se refuse toujours à elle : le gazon. Privée de titre sur herbe et absente du Top 8 au All England Club lors de ses trois premières participations, Swiatek voudra effacer cette anomalie de son CV. A ses rivales de l’en empêcher.

Jabeur, Pegula, Garcia, Gauff : objectif Grand Chelem

Et elles sont nombreuses à vouloir faire tomber la reine de son piédestal. La première d’entre elles a déjà marqué l’histoire en devenant la première joueuse arabe à remporter un Masters 1000 (à Madrid) avant d’atteindre deux finales de Grand Chelem consécutives à Wimbledon et l’US Open. En 2023, Ons Jabeur compte bien franchir cette dernière marche et semble avoir toutes les cordes à sa raquette pour y parvenir. "Je fais tout mon possible pour gagner un Grand Chelem, je dois juste y arriver ! […] Nous avons travaillé très dur pour améliorer beaucoup de choses. J'ai l'impression que cette année va être très spéciale pour moi" a-t-elle évoqué avec le sourire en marge du tournoi d’Adélaïde.

Mais au vu de la deuxième partie de saison, la plus attendue est sans aucun doute Caroline Garcia. Titrée sur trois surfaces différentes avant d’atteindre le dernier carré à New York, la Lyonnaise a définitivement acté son renouveau en remportant le plus beau titre de sa carrière au Masters de Fort Worth. De sa mise en jeu (394 aces en 2022, record de la saison) en passant par sa puissance sans oublier son incroyable vision du jeu, celle qui pointe désormais à la 4e place mondiale fera partie des favorites en Majeur.

Si elle n’a jamais passé le cap des quarts de finale en Grand Chelem, Jessica Pegula en a tout de même disputé trois l’an passé (Open d’Australie, Roland-Garros et l’US Open) ! Eliminée à chaque fois par la future lauréate, l’Américaine de 29 ans a réalisé le plus bel exercice de sa carrière en simple comme en double. Symbole de constance et de maturité, elle a bouclé l’année en soulevant son plus prestigieux trophée au WTA 1000 de Guadalajara. On attend désormais de voir si la troisième joueuse mondiale peut encore viser plus haut.

Véritable phénomène de précocité, sa compatriote et coéquipière s’apprête également à vivre une saison charnière. De son éclosion à Wimbledon 2019 jusqu’à ses finales de Roland-Garros en 2022, Coco Gauff a gravi les marches du succès à une vitesse hallucinante, suscitant l’admiration des observateurs et de ses très nombreux fans. Ambitieuse et déterminée, la joueuse de 18 ans (!) compte bien s’inscrire dans la durée et rien de tel qu’un succès en Grand Chelem pour continuer à susciter l’émerveillement.

Si on ajoute à cette liste Aryna Sabalenka, finaliste du Masters et triple demi-finaliste en Majeur au cours de sa carrière, Elena Rybakina, championne au All England Club en 2022 ou encore les jeunes révélations Qinwen Zheng et Linda Fruhvirtova, difficile de ne pas imaginer une année 2023 particulièrement indécise et passionnante sur le circuit WTA.

Alcaraz, confirmer pour mieux régner

En 2022, Carlos Alcaraz ne s’est pas contenté de bousculer la hiérarchie, il l’a littéralement renversée. D’abord titré en Masters 1000 à Miami puis à Madrid où il s’est offert le luxe de battre consécutivement Rafael Nadal et Novak Djokovic, il est ensuite devenu le plus jeune numéro un mondial de l’histoire du tennis à 19 ans, 4 mois et 7 jours en soulevant son premier Grand Chelem à l’US Open. Une irrésistible ascension magnifiée par une attitude de guerrier, des coups venus d’ailleurs et des duels d’anthologie afin de s’octroyer en prime le soutien inconditionnel d’un public conscient d’assister à l’avènement d’un nouveau roi.

S’il serait trop cliché d’affirmer que le plus dur reste à venir, le protégé de Juan Carlos Ferrero doit désormais transformer cette domination éphémère en véritable hégémonie. Dans une position similaire bien que moins exceptionnelle, Daniil Medvedev n’était pas parvenu à pleinement confirmer ses bonnes dispositions.

Mais "Carlitos" – dont la confiance et le mental semblent inébranlables – bénéficie d’une marge de manœuvre pour protéger son trône, notamment en Grand Chelem. Eliminé au troisième tour de l’Open d’Australie, en quarts de finale à Roland-Garros puis en huitièmes à Wimbledon en 2022, le Murcien a des points à aller chercher, autant qu’il en a à défendre. Reste à savoir si sa blessure abdominale contractée à Paris n’a pas tronqué la préparation d’une saison qui s’annonce dantesque, au vu de la forme affichée par ses nouveaux rivaux.

Les Next Gen définitivement au pouvoir ?

Car s’il représente parfaitement l’explosion au plus haut niveau de la toute nouvelle génération, Alcaraz n’est pas le seul phénomène à viser une belle part du gâteau, à l’image de son ancien compère aux Petits As, Holger Rune. Quart de finaliste Porte d’Auteuil et vainqueur du Rolex Paris Masters au terme d’un parcours ébouriffant, le Danois de 19 ans ne se fixe aucune limite. Sa puissance et son jeu résolument porté vers l’avant pourraient bien faire de nombreux dégâts en 2023. Et les deux hommes emmènent derrière eux une pléiade de jeunes ambitieux, à commencer par Brandon Nakashima, Jiri Lehecka, Lorenzo Musetti, Jack Draper ou encore Ben Shelton.

Mais au-delà de cet avenir doré, les plus attendus sont probablement ceux qui font désormais partie de ce qu’on pourrait nommer "l’ancienne Next Gen". Appelés à dominer leur discipline, ils ont connu des hauts et des bas et ont désormais besoin d’une nouvelle étincelle pour définitivement faire partie des grands. Finaliste de l’US Open en 2020, champion olympique en 2021 et aux portes d’une finale à Roland-Garros l’an passé, Alexander Zverev a une revanche à prendre sur le destin suite à sa saison avortée en raison d’une terrible blessure à la cheville.

S’il est l’homme qui a le plus gagné en 2022 (61), Stefanos Tsitsipas n’a pas brillé comme il le souhaitait en Grand Chelem et aura légitimement à cœur de se rattraper cette année. De son côté, Félix Auger-Aliassime a réalisé une fin de saison exceptionnelle et voudra définitivement effacer de sa mémoire ses deux frustrantes défaites (en cinq sets) en huitièmes de finale de Roland-Garros et de l’Open d’Australie contre Rafael Nadal et Daniil Medvedev. Un nouveau départ également espéré par l’éphémère numéro un mondial et champion de l’US Open 2021, dont la défaite en finale de l’Open d’Australie a hanté le reste de sa saison. Là encore, si vous ajoutez les envols programmés de Taylor Fritz et Frances Tiafoe, la régularité du double finaliste de Grand Chelem Casper Ruud ou encore le retour au premier plan de Dominic Thiem, difficile de ne pas être enthousiaste et impatient à l’idée d’assister aux grandes échéances de cette saison 2023.