Le petit prince héritier du tennis espagnol et mondial face à l'un des joueurs les plus en vue cette saison sur terre battue ; le numéro 3 face au numéro 4 mondial : la finale messieurs de Roland-Garros, qui opposera ce dimanche après-midi (dès 14h30) Carlos Alcaraz à Alexander Zverev, est une affiche à la fois inédite et logique, dont le vainqueur deviendra le 52e joueur de l'histoire à soulever la Coupe des Mousquetaires.
Alcaraz – Zverev : Paris première
Un nom inédit s'inscrira ce dimanche au palmarès de Roland-Garros : celui de Carlos Alcaraz ou d'Alexander Zverev, qui joueront l'un contre l'autre leur première finale à Paris (à partir de 14h30). Une affiche inédite, mais logique.
Bien sûr, une finale de Roland-Garros sans Rafael Nadal, cela fait toujours un peu bizarre. Mais ce tournoi qui s'annonçait très ouvert aura, au final, fait la part belle aux hommes les plus attendus. Il y avait un petit doute concernant Alcaraz, arrivé à Paris avec un seul tournoi sur terre dans les bagages (défaite en quarts à Madrid) en raison d'une blessure à l'avant-bras. Mais la douleur a disparu et tour après tour, l'Espagnol s'est rassuré. S'il triomphe ce dimanche, il réussira un sacré tour de force : jamais, depuis Andre Agassi en 1999, Roland-Garros n'a couronné un vainqueur arrivé avec aussi peu de victoires (3) sur terre battue au printemps.
On ne peut pas en dire autant d'Alexander Zverev, vainqueur à Rome juste avant Paris, où il joue toujours bien, puisque c'est la quatrième année d'affilée qu'il atteint le dernier carré. Mais c'est la première fois, en revanche, qu'il franchit le cap des demi-finales. Le parfait reflet de la solidité dont il fait preuve cette année, dans son jeu comme dans sa tête.
Souvent annoncé dans sa jeunesse comme le futur numéro un mondial, l'Allemand a été parfois freiné par des soucis physiques, notamment un diabète qu'il gère désormais parfaitement et bien sûr cette grave blessure à la cheville survenue ici même contre Rafael Nadal en 2022. Cela ne l'a pas empêché de mener une carrière prodigieuse qui mériterait certainement au moins un titre du Grand Chelem, une catégorie de tournois dans laquelle il n'a joué et perdu qu'une seule finale, à l'US Open 2020, contre Dominic Thiem.
L'enjeu pour Carlos Alcaraz
Plus précoce encore que Zverev, Carlos Alcaraz, qui était devenu à 19 ans le plus jeune numéro 1 mondial de l'histoire, compte pour sa part déjà deux titres en Grand Chelem, l'US Open 2022 et Wimbledon 2023. Désormais âgé de 21 ans et un mois, il pourrait, en cas de victoire, se placer dans la roue de Björn Borg et Rafael Nadal, qui étaient à peine moins âgés au moment de décrocher leur troisième sacre majeur. Mais Alcaraz, lui, est le plus jeune à avoir atteint trois finales du Grand Chelem sur trois surfaces différentes.
En cas de succès, le Murcien, actuellement numéro 3 mondial, repassera par ailleurs numéro 2 derrière Jannik Sinner qui, lui, deviendra lundi le nouveau numéro 1. Symboliquement, cela marquerait le début d'une nouvelle ère dans le tennis mondial.
L'enjeu pour Zverev
On l'a dit, il est clair et précis : remporter son premier titre du Grand Chelem. S'il y parvient, Alexander Zverev sera le premier joueur allemand à remporter Roland-Garros dans l'ère Open, le troisième dans l'histoire du jeu après Gottfried Von Cramm (1936) et Henner Henkel (1937). Quoi qu'il arrive, il restera numéro 4 mondial.
Plus symboliquement, il est à la porte d'un parcours incroyable : battre Rafael Nadal au premier tour et Carlos Alcaraz en finale de Roland-Garros. Quoi de plus beau, quoi de plus grand ?
La forme du moment 💪
Si l'on prend en compte l'ensemble de la saison sur terre battue, elle est du côté de Zverev, qui a été constant avec des huitièmes de finale à Monte-Carlo et Madrid, ainsi qu'un quart à Munich avant son titre à Rome. Alcaraz, lui, n'a joué qu'un tournoi (Madrid) et joué tout ce Roland-Garros avec un manchon de protection à l'avant-bras droit. Souvent questionné sur sa blessure en première semaine, il a ensuite totalement levé les doutes.
Si l'on se concentre sur ce Roland-Garros, la balance penche plutôt du côté espagnol. Alcaraz a été assez expéditif jusqu'en demi-finales, où il a remporté, cette fois en cinq sets, le duel que tout le monde attendait contre Jannik Sinner, le meilleur joueur du monde depuis le début de la saison. Zverev, lui, a frôlé la sortie deux fois, contre Tallon Griekspoor au troisième tour et Holger Rune en huitièmes. En demies, il a défié un Casper Ruud diminué. En fait, il n'a jamais vraiment survolé son sujet, tout en impressionnant par sa solidité et sa fiabilité dans les moments clés. Ça, c'est le signe d'un homme en pleine confiance.
Face-à-face🆚
Les deux hommes se connaissent bien puisqu'ils se sont affrontés à neuf reprises (5-4 pour Zverev), dont trois fois en Grand Chelem (2-1, Zverev) et une fois à Roland-Garros (1-0, Zverev). En fait, Alexander Zverev est, avec Jannik Sinner, l'adversaire que Carlos Alcaraz a le plus souvent affronté sur le circuit.
Si Alcaraz semble a priori légèrement favori, c'était aussi le cas en quarts de finale ici en 2022 et en Australie en début d'année, deux matchs que Zverev avait remportés en quatre sets. À Melbourne, l'Allemand avait expliqué que la clé tactique face au prodige murcien était de "lui enlever la raquette des mains". Sous-entendu : ne pas le laisser jouer et prendre le contrôle de l'échange dès les premières frappes.
Ce n'est pas toujours le schéma de jeu préférentiel de Sascha, mais avec son abattage et ses grands segments, il sait aussi très bien le faire lorsque c'est indispensable. Ce qui nécessitera, de sa part, d'être dans un grand jour au niveau du service et du coup droit. Si c'est le cas, il pourrait à nouveau instiller le doute dans le cerveau de son adversaire. Sinon, il en subira les incessantes banderilles.