C'était le samedi 7 mai 2022, en demi-finales du Masters 1000 de Madrid. Carlos Alcaraz, déjà vainqueur la veille de Rafael Nadal, terrassait Novak Djokovic après un chef d'œuvre de 3h36, 6/7(5), 7/5, 7/6(5). Même si beaucoup d'eau a coulé sous les ponts depuis, l'Espagnol pourra s'appuyer sur les réminiscences de ce souvenir.
Comment Alcaraz a (déjà) battu Djokovic
Le n°1 mondial avait terrassé la légende serbe l'an passé à Madrid lors d'un match fantastique.
C'était beau. C'est loin maintenant, mais c'était beau. Un match qui a marqué l'année 2022, et plus largement l'histoire du tournoi madrilène. Tout le monde savait que Carlos Alcaraz, déjà dans le top 10, vainqueur quelques semaines plus tôt de son premier Masters 1000 à Miami, serait un futur grand. Mais disons que cette demi-finale madrilène face à Novak Djokovic, alors n°1 mondial, avait eu quelque chose d'un acte de naissance. Et ce d'autant plus qu'elle arrivait au lendemain d'une victoire contre Rafael Nadal. Personne n'avait jamais battu les deux légendes dans un même tournoi sur terre battue. Carlos Alcaraz, lui, l'a fait au lendemain et au surlendemain de ses 19 ans.
Durant 3h36 d'un thriller édifiant, les deux hommes ne se sont jamais lâchés, ou presque. Un mano a mano d'une intensité exceptionnelle, durant lequel chacun des deux joueurs a constamment pu sentir le souffle de l'autre sur sa nuque. Sur le plan des statistiques, ils ont rendu une copie quasiment identique. Tous les deux ont affiché 67% de 1ères balles, 66% de points gagnés sur leur service et 34% de points gagnés en retour. Alcaraz a juste remporté 3 petits points de plus (134 à 131). Des points qui ont compté triple, au final.
Fait notable pour un duel aussi long sur terre battue, seuls trois breaks ont été recensés au total. Il y en a eu deux pour Alcaraz - un dans le tout premier jeu du match (pour se détacher 4-2) et l'autre sur le tout dernier jeu du 2e set jeu (pour le remporter 7-5) - et un seul pour Djokovic. Il s'agissait en réalité d'un débreak au cours du 1er set, que "Nole" a fini par remporter au jeu décisif, après une première opportunité manquée à 5-4.
Inoxydable au service dans la première partie du match, le Serbe, par ailleurs extrêmement agressif mais peu en réussite dans ses approches au filet (14 réussies sur 29, contre 18/23 pour Alcaraz), a toutefois eu de plus en plus de mal au fil des jeux. Particulièrement lors d'un 3e set dans lequel "Carlitos" a eu de nombreuses balles de break : 7 au total, dont une synonyme de balle de match, à 5-4.
Djokovic a plié sans rompre, jusqu'à l'ultime jeu décisif, où la puissance teintée d'insouciance du jeune Murcien a fini par prévaloir, avec ce dernier coup droit gagnant (son 51e "winner"…) qui lui a offert un succès de légende. Sa première sur un n°1 mondial en exercice. Jamais, d'ailleurs, on n'avait vu un aussi jeune joueur battre un n°1 depuis 17 ans et la victoire de Rafael Nadal sur Roger Federer en demi-finales de Roland-Garros 2005...
"Après le 1er set, j'ai changé un peu mon jeu et notamment ma manière de retourner, avait expliqué le vainqueur en conférence de presse. Au lieu de chercher à l'agresser en retour, j'ai cherché à le faire jouer davantage. Au moins, c'était dans le court et cela m'a permis, petit à petit, de trouver mon rythme et de lui mettre plus de pression. Au bout du compte, ça a payé. Mais je crois que la clé de ma victoire, c'est que je suis parvenu à rester constant et agressif tout au long du match, particulièrement dans les moments importants. C'est capital contre ce genre de joueurs parce que si tu les laisses jouer, ils vont te faire visiter tout le court et au final, ils vont t'achever."
"Je n'ai pas réussi à gérer son 'kick' au service" (Djokovic)
De son côté, Djokovic s'était dit très impressionné par la "maturité" d'Alcaraz et la "bravoure" dont il avait fait preuve au combat. Sur le plan technique, il avait admis avoir beaucoup souffert face à ses services kickés, au rebond d'autant plus accentué par l'altitude madrilène. "J'ai été en difficulté en retour de revers, je lui ai donné beaucoup de points sur un coup que je ne sentais pas trop aujourd'hui, avait-il confirmé. Je n'ai pas réussi à gérer son 'kick'."
Un an après, au-delà des highlights et des enseignements tactiques à en tirer, que reste-t-il de ce chef-d'œuvre ? Pas grand-chose au dire de Carlos Alcaraz, selon qui cela n'aura "aucun impact" sur la demi-finale à venir. Autre temps, autre contexte, autre format, autres conditions… Peut-être. Difficile de croire malgré tout que les deux hommes, avant de se retrouver ce vendredi, n'auront pas une petite pensée pour cette première confrontation d'ores et déjà gravée dans le marbre.