Le choc des quarts de finale masculins de ce Roland-Garros - et de la session de soirée de ce mardi - a tourné court. Carlos Alcaraz, éblouissant de puissance et de vitesse, a nettement dominé un Stefanos Tsitsipas dépassé pendant quasiment tout le match, avant de connaître un magnifique sursaut en fin de partie. Ce qui lui a permis de prolonger le spectacle et de soigner le tableau d'affichage, mais pas d'éviter une défaite inéluctable (6/2, 6/1, 7/6(5)). La demi-finale tant attendue entre Alcaraz et Djokovic est programmée pour vendredi.
Alcaraz, le (presque) one-man show
Déchaîné, l'Espagnol a infligé une défaite sans appel à Stefanos Tsitsipas en soirée.
Le récital et le baroud d'honneur
On attendait une "battle" endiablée entre deux des meilleurs terriens du monde. Ce fut un véritable one-man-show pendant tout le match, ou pratiquement. Carlos Alcaraz, déjà impressionnant au tour précédent pour amortir un premier choc annoncé face à Lorenzo Musetti, a frappé encore un peu plus fort - même s'il a mis 4 minutes de plus - ce mardi pour assommer Stefanos Tsitsipas en quarts de finale (6/2, 6/1, 7/6 en 2h12). Une session de soirée durant laquelle il aura épaté la galerie, à l'inverse d'un adversaire passé à côté de la sienne.
Tsitsipas n'aura entretenu l'espoir que quelques secondes en début de match, le temps de remporter son premier jeu de service et de mener ainsi 1-0 dans cette partie. Bis repetita à vingt minutes de la fin, où il est remonté de 2-5, 15-40 pour embarquer le Murcien dans un jeu décisif que ce dernier a parfaitement négocié pour mettre un terme à ce "rab" de spectacle inattendu.
Entre les deux, ce fut une longue procession vers la victoire. Alcaraz, véritable rouleau compresseur, monstrueux de puissance et de vitesse, n'a quasiment laissé aucune chance de salut à un adversaire qui n'est pourtant pas le premier venu, spécialement à Roland-Garros. Au bout d'un magnifique récital, le Murcien signait, d'une volée de revers gagnante dans le court vide, la toute première qualification de sa carrière pour les demi-finales de Roland-Garros. Il y retrouvera Novak Djokovic, vainqueur auparavant de Karen Khachanov, pour le fameux duel de titans que tout le monde attendait depuis le tirage au sort.
Si l'on devait "chipoter", on dirait que le n°1 mondial a encore connu un petit trou d'air dans ce match, une constante depuis le début de sa quinzaine, qu'il lui faudra absolument gommer pour ce match au sommet contre Djokovic. Mais cette fois, il s'en est fallu d'un rien pour qu'il rende une copie absolument parfaite. Jusqu'à 6/2, 6/1, 5-2, 15-40 - soit deux balles de match sur le service adverse - Alcaraz était sur une autre planète et volait vers la victoire, propulsé par deux turboréacteurs de Rafale dans chaque bras. A un point près, il aurait signé sa victoire la plus expéditive de la quinzaine. Et de loin la plus impressionnante.
L'ombre d'un doute, mais pas une seconde de panique
Mais c'est là qu'il faut aussi rendre hommage à Tsitsipas, aussi décevant jusqu'alors qu'il fut beau dans son crépuscule. Porté par le public, qui l'avait déjà ovationné lorsqu'il avait marqué son premier jeu dans le 3e set, le Grec s'est alors lancé dans un flamboyant baroud d'honneur. Il a effacé ces deux fameuses balles de match, sauvé son service et derrière, à 5-3, s'est offert ses deux premières balles de break du match pour revenir à 5-4.
Non sans sauver une troisième balle de match, il a alors poussé son adversaire à un improbable et très inattendu jeu décisif. De quoi sauver deux balles de matchs supplémentaires avant de finalement rendre les armes face à un Alcaraz qui, encore une fois, n'a jamais donné l'impression de paniquer une seconde face à ces légers remous.
La remontée de Tsitsipas en fin de partie aura permis au Grec, en quelque sorte, de sauver l'honneur et d'enflammer pendant une vingtaine de minutes un public forcément ravi de voir le spectacle se prolonger. Mais elle ne doit pas faire oublier sa prestation globalement ratée, avec un total de 30 fautes directes, 5 doubles fautes et un "petit" 61% de points gagnés derrière sa première balle, là où il tournait à 79% (le score d'Alcaraz ce soir) depuis le début du tournoi.
Mais en tennis, la prestation de l'un est toujours dépendante de celle de l'autre. Si le finaliste de 2021 est passé à côté de son rendez-vous, c'est aussi en raison de la partition éblouissante jouée par son adversaire (et vice-versa). L'Espagnol a plusieurs fois suscité des "ooohhh" et des "aaahhh" dans le public parisien au son de ses coups de canon en coup droit, de ses courses effrénées dans tous les coins du court et de ses inspirations créatrices touchant parfois au génie.
A 20 ans, Carlos Alcaraz jouera donc sa deuxième demi-finale en Grand Chelem après celle de l'an dernier à l'US Open, où il avait fini par triompher. Vu le "monstre" qui l'attend désormais au tournant du dernier carré, impossible pour lui, pour l'instant, de se projeter davantage. Mais si Djokovic était devant sa télé ce soir, l'Espagnol lui aura a minima envoyé un signal fort. Et même très fort.