Sans perdre de temps en demi-finales, Iga Swiatek et Coco Gauff se sont qualifiées pour la grand-messe de la terre battue. La présence de la Polonaise, tête de série n°1, était attendue, et celle de l’Américaine (n°18) n'est qu'une demi-surprise tant il semblait écrit que son histoire allait s’écrire un jour ou l’autre en lettres d’or sur l’ocre.
Swiatek - Gauff : la reine et la prétendante
La finale de ce Roland-Garros 2022 va mettre aux prises la patronne incontestée du tennis féminin et celle qui est destinée à régner.
Iga Swiatek, 21 ans. Coco Gauff, 18 ans. La finale de ce Roland-Garros 2022 féminin met aux prises deux jeunes étoiles amenées à briller longtemps au sommet du tennis mondial. D’un côté la n°1 mondiale, au niveau plancher extrêmement élevé. De l’autre, une jeune athlète tout juste majeure qui perce ses plafonds de papier match après match. Comme le disent si bien les Américains, “Sky’s the limit” (le ciel est la limite).
Tour après tour, le tableau s'est dégagé pour Iga Swiatek, sacrée à Paris en 2020. Barbora Krejcikova (tenante du titre) et Ons Jabeur (lauréate du tournoi de Madrid) sorties dès le premier match, Sakkari (n°4) évincée à la phase suivante puis Badosa (n°3) contrainte à l'abandon au troisième tour : la concurrence décimée. Comme souvent, c’est de ce qui semblait être l'obscurité la plus totale qu’est apparue la lumière Coco Gauff.
La jeunesse en force
Lauréate de l’édition juniors en 2018, Coco Gauff peut devenir la septième joueuse à faire le doublé avec les seniors. Elle rejoindrait Françoise Durr, Mima Jausovec, Hana Mandlikova, Jennifer Capriati, Justine Henin et Simona Halep au palmarès. Elle pourrait même devenir la deuxième joueuse à y parvenir aussi vite après Hana Mandlikova, qui avait été sacrée dans le tableau principal en 1981, trois ans après son titre junior (1978).
À chaque rencontre, elle semble ajouter quelque chose à son jeu, progresser. Son service, sa défense, son coup droit se sont mis en place au fur et à mesure du tournoi. En demi-finales, c'est sur le mental qu'elle a construit sa victoire en faisant preuve de patience malgré la tension de l’événement. Elle a subi le jeu d'une Martina Trevisan portée par la foule, mais ne s’est pas affolée, en dépit de ses 18 ans fraîchement célébrés. Portée très haut très jeune, Gauff est taillée pour ces grands rendez-vous.
Swiatek pour l’histoire
Pas forcément entourée de la même “hype”, Iga Swiatek a en revanche rapidement pris les rênes du circuit majeur. Éliminée en demi-finales du tournoi simple juniors en 2018 (année du sacre de Gauff) mais victorieuse en double, la Polonaise a complètement changé de dimension depuis. Leader incontestée du tennis féminin mondial depuis le retrait d’Ashleigh Barty (à 25 ans, après avoir remporté l’Open d’Australie), elle a enchaîné 34 victoires depuis le mois de février, une impressionnante série démarrée à Doha. Il lui manque un seul petit succès pour égaler l’incroyable série de Venus Williams (35 en l’an 2000). À titre de comparaison, Justine Henin a remporté au mieux 32 matchs consécutivement dans sa carrière. Serena Williams 34.
Des chiffres positifs
Au niveau des bilans, les joueuses se sont déjà affrontées à deux reprises sur le circuit pour deux succès de la Polonaise, sur terre battue à Rome l’an passé (7/6(3), 6/3) puis à Miami cette saison sur dur, au terme d'un match à sens unique (6/3, 6/1). Autre statistique qui plaide en faveur de Swiatek, elle est pour l'heure invaincue sur ocre cette saison (15 victoires), même si Coco Gauff possède un bilan plus que solide sur cette surface (10 victoires, 3 défaites).
De son côté, l’Américaine a quelques chiffres qui plaideront en sa faveur avant d’entrer sur le court Philippe-Chatrier ce samedi. Elle est ainsi la seule joueuse à ne pas avoir lâché le moindre set dans ce tournoi (en simple) et elle a par ailleurs remporté les deux finales qu'elle a disputées dans sa carrière, à Linz sur dur en 2019 et à Parme sur terre battue en 2020. Il conviendra toutefois de surveiller la condition physique de Gauff, qualifiée pour la finale du double avec sa compatriote Jessica Pegula. Mais à 18 ans, on récupère plus vite et rien n’est impossible. Surtout quand on a autant de talent.