Il y a un an, Madison Keys, testée positive au Covid-19 juste avant de s’envoler pour Melbourne, avait dû renoncer à disputer l’Open d’Australie 2021. Cette année, elle se console avec un premier quart de finale en Grand Chelem depuis Roland-Garros 2019.
Keys, la clé d’un renouveau
Qualifiée pour les quarts de finale de l'Open d'Australie pour la première fois depuis 2018, Madison Keys a retrouvé le sourire.
En un an, beaucoup de choses ont changé pour l’Américaine. Elle qui n’avait remporté que 11 matchs la saison dernière en est déjà à 9 consécutifs (10 depuis début janvier) et pourrait signer la meilleure série de victoires de sa carrière en cas de succès contre Barbora Krejcikova ce mardi. La cause de ce renouveau ? Un changement radical de mentalité opéré par l’Américaine à l’intersaison.
"L'année dernière a été difficile. Ça a commencé avec le fait de ne pas pouvoir venir ici. J’ai eu l’impression d’être à la traine parce que tout le monde a très bien réussi. J’ai commencé à me comparer à toutes celles qui réussissaient bien et j’ai commencé à paniquer, à me dire que je devais absolument les rattraper."
La vie dans les bulles des tournois n'a pas vraiment aidé l'Américaine de 26 ans à prendre du recul. "Ça a vraiment été difficile pour moi. Je n’aime pas trop quand ma vie entière se résume au tennis. J’ai commencé à trop réfléchir et ça m’a un peu dépassée. Ne pas pouvoir sortir, se promener, sortir un peu du tournoi… c'est devenu vraiment difficile. Et puis ça s'est transformé en spirale. J’étais très anxieuse, je ne dormais pas bien. Tout est devenu de plus en plus lourd et difficile à gérer."
Bulle d'air
Malgré une amélioration en fin de saison avec l'assouplissement des mesures sanitaires sur certains tournois, c'est à l'intersaison que Madison Keys a vraiment commencé à sortir de la spirale négative dans laquelle elle se trouvait. "J'en ai profité pour repartir sur de nouvelles bases, prendre du temps. Je suis allée dans le Montana, j’ai profité de la nature et ça m’a vraiment aidée à me vider la tête, à redevenir une personne heureuse en dehors du terrain et à profiter de nouveau du tennis sur le court.
Mon principal objectif aujourd’hui est juste d’essayer de profiter en jouant au tennis. M’enlever un peu de cette pression que je me mettais et qui me paralysait vraiment. J’avais l’impression que je ne pouvais pas jouer du tout. Me débarrasser de ça et remettre le tennis en perspective : c’est un sport, quelque chose que j’adorais faire quand j’étais petite et que j’aime toujours. Je l’avais laissé devenir un gros nuage noir au-dessus de ma tête. J’essaie de repousser ça et laisser ça derrière moi pour repartir de zéro cette année."
Libérée de ses démons, Madison Keys a retrouvé le relâchement et l’explosivité qui font d’elle l’une des joueuses les plus dangereuses du circuit quand elle est en forme. Et ce n’est pas Paula Badosa, 6e joueuse mondiale, qui dira le contraire. Intraitable au service (24 aces depuis le début du tournoi), l’Américaine a littéralement fait exploser l’Espagnole qui se présentait pourtant sur le court avec, comme elle, 8 matchs consécutifs gagnés derrière elle avant leur huitième de finale.
Apprivoiser la pression
Plus les tours passent, plus la tension monte pour les joueuses encore en lice pour le titre. Madison Keys qui a déjà disputé une finale de Grand Chelem à l’US Open en 2017, ne fait pas exception. Mais elle préfère désormais vivre avec cette tension que chercher à la combattre.
"Evidemment ça devient de plus en plus difficile au fil des tours car on se tend forcément dans les moments importants. En finale à Adélaïde, j’étais incroyablement nerveuse et je l’ai senti. M’en rendre compte, l’accepter, ne pas tenter de combattre ça ou de prétendre que ça n’était pas le cas est probablement la meilleure chose que j’ai faite. Je me suis forcée à passer outre plutôt que d’essayer de lutter contre. Ne pas prétendre que ça n’arrive pas mais juste l’accepter a été la clé. Savoir que ça va arriver et y être préparée."
Krejcikova sur la route des demies
Être prête aussi à affronter l'épatante Barbora Krejcikova, quatrième mondiale. "Elle donne l’impression que le tennis c’est facile, que peu importe ce que font ses adversaires, elle trouve vite des solutions, avait commenté Madison Keys dimanche. En plus c’est une incroyable joueuse de double. Elle avance dans le terrain si facilement qu’à la moindre opportunité elle peut prendre le dessus sur vous très rapidement, se retrouver au filet et là c’est très difficile de la passer. Donc ça sera forcément difficile de l’affronter."
Pegula, l’Australie lui réussit
Outre Madison Keys, deux autres Américaines sont aussi présentes en quarts de finale à Melbourne. Danielle Collins, qui affrontera Alizé Cornet mercredi, et Jessica Pegula. Tête de série n°21 et quart de finaliste en 2021, cette dernière est de retour à ce stade de la compétition cette année après sa victoire 7/6(0), 6/3 contre Maria Sakkari (n°5).
Impressionnante dans les grands rendez-vous, elle a signé sa 8e victoire contre une top 10, toutes depuis son explosion à Melbourne l’an dernier. De quoi inquiéter la numéro un mondiale Ash Barty qui l'avait battue lors de leur seule précédente confrontation au premier tour de Roland-Garros en 2019.
"Jess est capable de dicter le jeu en fond de court. Elle sait comment vous priver de temps, elle prend les balles très tôt, particulièrement en revers, a prévenu l'Australienne. Elle adore ces courts. Elle a atteint les quarts l’an dernier et ces deux dernières saisons, sa progression et sa confiance ont explosé."
"Elle veut vraiment gagner un Grand Chelem, a confié David Witt, entraîneur de Pegula, sur le site de l'Open d'Australie. Elle se fixe de très hauts objectifs. Elle a dû les réévaluer à la hausse ces deux dernières années, au fur et à mesure de sa progression."
Et une première demi-finale en Grand Chelem est forcément un objectif pour cette fan des Bills de Buffalo (équipe de football américain) qui pourrait aussi devenir la n°1 américaine à l'issue de ce tournoi. Mais avant de penser à tout ça, il faudra battre Ashleigh Barty devant son public... "Ça va être sympa de jouer contre Ash, chez elle. Je pense que l'ambiance sera fun!"