Déjà auteure de très belles performances face à Muguruza et Zidansek, Alizé Cornet s'est offert le scalp de Simona Halep. Un tableau féminin qui a perdu sa tête de série n°2, battue par Kaia Kanepi. Chez les hommes, Medvedev et Tsitsipas ont bataillé et seront challengés par les jeunes Auger-Aliassime et Sinner au prochain tour.
AO 2022 - J8 : nouvel exploit de Cornet, Sabalenka éliminée
Toutes les affiches des quarts de finale sont désormais connues ! Voici ce qu'il faut retenir de cette nouvelle journée de tennis à Melbourne.
Le match du jour : Cornet s'offre un quart !
Où s’arrêtera Alizé Cornet ? A l’occasion de sa 63ème participation à un tournoi du Grand Chelem, la Niçoise a remporté l’une des plus belles victoires de sa carrière pour s’offrir son premier quart de finale en Majeur. Dans la chaleur étouffante de Melbourne, elle a opposé une résistance de tous les instants à Simona Halep et s’est imposée en trois manches (6/4, 3/6, 6/4) en 2h33).
Parfaitement lancée dans cette rencontre grâce à trois breaks réalisés dans la première manche, la 61e joueuse mondiale a longtemps été impériale en défense, comme le prouvent les rallyes exceptionnels disputés et remportés en début de deuxième set. Des points dantesques qui lui ont permis de débreaker d’entrée puis de prendre les devants, au point d’obtenir une balle de 4-1 sur sa mise en jeu.
Toujours aussi forte dans l’adversité, Halep ne s’est pas résignée et a continué le combat. Malgré des conditions climatiques très difficiles et un « body langage » assez négatif, la championne de Roland-Garros 2018 a complètement inversé la tendance, en revenant à 3-3 avant d’enchaîner trois jeux blancs consécutifs pour prendre la deuxième manche, sur une nouvelle double-faute de la Française (9 au total sur la rencontre). Victime d’un énorme coup de pompe, Cornet se devait alors de retrouver de l’énergie et de la confiance.
Une hémorragie enfin stoppée sur son premier engagement de la manche décisive, après six jeux perdus de suite. De nouveau engagée dans un bras de fer équilibré, la Française a serré les dents, a tenu malgré les secousses avant de s’offrir une nouvelle occasion de break d’un revers long de ligne époustouflant. Une occasion convertie sur le point suivant pour reprendre les commandes de la rencontre et mener 4-3. Puis 5-3 en faisant littéralement exploser son adversaire.
C’est à ce moment que la rencontre aurait pu basculer encore davantage dans la folie. Complètement dos au mur, Halep a superbement sauvé deux balles de matchs sur sa mise en jeu, pour forcer son adversaire à servir pour le gain de la rencontre. Si elle a avoué avoir cogité au moment de conclure, Alizé Cornet a finalement été libérée par un service gagnant. De quoi tomber à genoux et se laisser submerger par l’émotion.
"Je ne réalise pas du tout. Même sur la balle de match, j’étais à genoux mais c’était confus, il ne fallait pas me demander si j’avais gagné ou perdu ! Avec cette chaleur et Simona qui ne lâche jamais rien, c’était un calvaire. J’ai eu deux premières balles de match manquées et mes petits démons sont revenus… J’avais déjà eu deux balles de match contre Safina il y a 13 ans " a confié Alizé au micro d’Eurosport.
"J’étais tellement fatiguée que je n’ai pas trop cogité. Je me suis dit qu’il fallait que je me batte, que je donne tout, j’avais tout le soutien de mon box derrière. Quel combat acharné ! Ça fait 13 ans que j’attends ce premier quart de finale ici. C’est difficile d’avoir les mots justes maintenant mais je voudrais remercier toute ma famille, mon frère, mes parents et mes potes qui se lèvent au milieu de la nuit pour regarder mes matchs. J’espère que l’aventure n’est pas terminée" a-t-elle poursuivi.
La Française a désormais rendez-vous avec Danielle Collins. La demi-finaliste de l’édition 2019 a renversé la Belge Elise Mertens au terme là-aussi d’un très gros combat (4/6, 6/4, 6/4 en 2h51). Il y aura donc trois Américaines dans le Top 8 de cette édition 2022 avec Madison Keys, Jessica Pegula et donc Danielle Collins.
La surprise du jour : Kanepi sort Sabalenka !
Numéro deux mondiale et épouvantail de la partie basse du tableau, Aryna Sabalenka a été éliminée dès les huitièmes de finale de cet Open d'Australie par Kaia Kanepi (5/7, 6/2, 7/6(7)). Pourtant, pour la première fois depuis le début de sa campagne, la Biélorusse était enfin parvenue à remporter la première manche, en breakant au meilleur moment possible. Mais prendre les devants ne lui a clairement pas réussi. Toujours en grande délicatesse sur sa mise en jeu (15 doubles fautes) et auteure d'un trop grand nombre de fautes directes (46 contre 30 pour Kanepi), elle n'a pas eu la constance nécessaire pour l'emporter.
Si les deux joueuses ont semblé sur courant alternatif, elles ont offert au public quelque peu médusé, une fin de match complètement folle. A 4-4 dans la manche décisive, Sabalenka a servi trois doubles fautes pour offrir sur un plateau le droit à son adversaire de servir pour le match. Fébrile, Kanepi s'est procurée quatre balles de match, toutes sauvées par la dauphine d'Ash Barty. Revigorée, cette dernière a enchaîné avec un jeu blanc, avant d'être rejointe pour disputer un super tie-break. Un jeu décisif parsemé de fautes grossières durant lequel Kanepi a exulté alors qu'il lui restait encore un point à marquer ! L'histoire aurait pu être terrible mais finalement, l'Estonienne a bel et bien triomphé sur le point suivant, s'offrant ainsi le premier quart de finale de sa carrière à Melbourne, à 36 ans.
Au prochain tour, elle affrontera Iga Swiatek. Très tranquille depuis le début du tournoi, la Polonaise a eu toutes les difficultés du monde pour se défaire de Sorana Cirstea (5/7, 6/3, 6/3 en 2h27). Bien moins sereine qu’à l’accoutumée sur sa mise en jeu, la gagnante de Roland-Garros 2020 a également commis beaucoup de fautes directes (36, soit 3 de plus que son adversaire).
Mais après une entame délicate et la perte d’une manche (la première dans cet Open d’Australie), elle a eu le mérite de ne pas se démobiliser. Sans être flamboyante, elle a haussé son niveau pour répondre au challenge proposé par la Roumaine. Son soulagement et son émotion sur son banc après la balle de match prouvent qu’elle s’est fait peur. Une alerte qui pourrait bien lui servir pour la suite de la compétition.
Medvedev bousculé
Dans l’opposition de style du jour, Daniil Medvedev est parvenu à se qualifier pour les quarts de finale en dominant le serveur-volleyeur Maxime Cressy (6/2, 7/6(4), 6/7(4), 7/5). Lancé sur une voie royale après une première manche bouclée en 35 minutes grâce à deux breaks validés sur trois tentatives, le finaliste de la dernière édition a vu sa tâche se compliquer dans les sets suivants.
La faute évidemment à la qualité de la mise en jeu de l’Américain, qui a réussi à emmener son adversaire au tie-break par deux fois, ne concédant plus aucune balle de break dans ces deux sets. S’il a perdu le premier jeu décisif après avoir eu une balle de set brillamment sauvée dans le jeu précédent, il a remporté le second, alors même qu’il n’était pas au mieux physiquement, en atteste son temps mort médical quelques minutes auparavant.
Considéré comme l’un des meilleurs relanceurs du circuit, le numéro deux mondial a montré de nombreux signes d’agacement, probablement frustré d’évoluer contre son gré dans une filière courte qui ne lui sied guère. Plus son adversaire se jetait au filet avec réussite et plus le Russe pestait contre les lignes, la bande du filet ou encore l’arbitre.
Doté d’un mental à toute épreuve, le protégé de Gilles Cervara a enfin réussi à remettre beaucoup de pression sur son vis-à-vis dans la quatrième manche en se rapprochant de sa ligne de fond. Extrêmement propre (11 fautes directes contre 49 pour Cressy !), il a patiemment attendu sa neuvième balle de break du set pour faire la différence et servir pour le gain de la rencontre.
En quart de finale, Medvedev retrouvera Felix Auger-Aliassime pour une revanche de la demi-finale du dernier US Open. Pas loin d’être mené deux manches à rien face à Marin Cilic, le Canadien a fait preuve de caractère pour sauver une balle de set dans le jeu décisif de le deuxième set avant de plus nettement dicter sa loi, bien aidé par une première balle de qualité (22 aces, 86% de points gagnés derrière sa première).
Avec cette victoire, FAA confirme sa montée en puissance en atteignant son troisième quart de finale consécutif en Grand Chelem.
Tsitsipas rejoint difficilement Sinner
Autre jeune pépite pétrie de talent et de confiance, Jannik Sinner intègre le Top 8 d’un Grand Chelem pour la deuxième fois de sa carrière après Roland-Garros 2020. Face à un Alex de Minaur dont la couverture de terrain est toujours aussi impressionnante, l’Italien de 20 ans a frappé un premier coup en empochant le jeu décisif après avoir sauvé plusieurs occasions de break au cours du set. De quoi prendre confiance face à un joueur très volontaire mais pas vraiment récompensé de ses efforts et de ses innombrables courses. Plutôt calmes alors qu’un de leur représentant se battait comme un beau diable sur le court, les spectateurs ont apprécié la puissance et la précision des deux hommes.
Malgré un dernier baroud d’honneur du natif de Sydney, Sinner s’impose en trois manches et n’aura finalement pas laissé trop de plumes, avant d’affronter Stefanos Tsitsipas en quarts. "J’ai vraiment bien servi au début. J’ai essayé de le pousser de plus en plus. Le tie-break a fait la différence, ça m’a donné un boost de confiance. J’ai réussi à frapper fort mais c’est toujours difficile contre Alex, surtout ici. La saison passée a été longue, j’ai accumulé pas mal d’expérience, j’ai grandi en tant que joueur et en tant qu’être humain. Le prochain tour sera difficile" a-t-il expliqué à Jim Courier en interview d’après-match.
Le Grec a plié sans rompre dans le dernier huitième de finale de la journée contre Taylor Fritz (4/6, 6/4, 4/6, 6/3, 6/4). Extrêmement concentré sur son jeu - au point de ne pas comprendre qu'il avait remporté le deuxième set - le demi-finaliste de la dernière édition n'évolue clairement pas encore à son meilleur niveau mais il a fait preuve de courage pour se qualifier en ayant été mené au score par deux fois. Plus réaliste sur ses occasions de faire le break (3/5 contre 2/15 pour Fritz !) il a finalement eu le dernier mot, face à un adversaire moins lucide, moins mobile et plus fébrile en fin de rencontre. Nul doute que l'Américain aura des regrets, tant il était proche de décrocher son premier quart de finale en Majeur.
"C’était un match épique, je suis très fier de moi, de m’être battu de cette façon. J’ai été bon dans les moments cruciaux, ça a a été un combat physique, il fallait rester dedans, faire le travail et ne rien lâcher. Ma patience a payé et c’était important d’avoir le public avec moi ce soir, le stade était en feu !" s'est confié un Stefanos Tsitsipas visiblement harassé en fin de match.