Opposé à Jannik Sinner (n°2) ce mardi, Grigor Dimitrov (n°10) va disputer son premier quart de finale à Roland-Garros et le premier en Grand Chelem depuis l'Open d'Australie 2021. À 33 ans, le Bulgare connaît une véritable renaissance sur le circuit depuis un an et demi.
Dimitrov, la renaissance d'un artiste
Après de longues années de doutes, Grigor Dimitrov a retrouvé son meilleur niveau depuis la fin de saison dernière.
Il est de ces joueurs au capital sympathie illimité. Partout où il se produit dans le monde, Dimitrov est apprécié pour l'esthétisme de son jeu et sa mentalité exemplaire. Tombeur de Hubert Hurkacz en trois sets dimanche, il s'est qualifié pour le premier quart de finale de sa carrière à Roland-Garros en décrochant sa 28e victoire en 2024.
"Je suis très heureux d'avoir réussi à passer cette étape supplémentaire ici, a-t-il confié en conférence de presse après sa victoire en huitièmes. C'est ce que j'ai toujours voulu. Jusqu'à présent, j'avais le sentiment qu'il y avait toujours quelque chose qui m'empêchait d'atteindre les quarts de finale. Je ne dirais pas que j'ai douté que j'y arriverais un jour, mais je me suis posé des questions. Mieux vaut tard que jamais." Une phrase qui représente parfaitement les derniers mois de Dimitrov.
Une ascension ralentie...
Vainqueur du Masters en 2017, le Bulgare boucle alors la meilleure saison de sa carrière, ponctuée d'une demi-finale à l'Open d'Australie et d'un titre à Cincinnati. Alors troisième joueur mondial - son meilleur classement -, il semble enfin répondre aux attentes placées en lui. Mais les blessures se mettent en travers de son chemin, ralentissant sa progression.
En 2019, entre Roland-Garros en mai et Cincinnati en août, il n'a gagné qu'un seul match, redescendant à son classement le plus bas depuis plus de sept ans (78e). Une chute qui lui a même fait envisager un retrait temporaire des courts.
Mais petit à petit, l'homme aux neuf titres sur le circuit ATP s'est reconstruit. Il a rappelé à ses côtés son tandem historique : Jamie Delgado et Dani Vallverdu, qui l'ont aidé à rebâtir une confiance entamée. Il faut dire que depuis son passage chez les professionnels, Dimitrov a été sujet aux comparaisons. Longtemps surnommé "Baby Fed" en raison de son style de jeu et de sa technique quasi identiques à Roger Federer, le jeune homme a grandi dans l'ombre de son idole d'enfance. Un héritage lourd à porter.
... avant une remontée fantastique
C'est dans le travail qu'il s'est réfugié pour entamer sa remontée. Fragile physiquement au début de sa carrière, il est aujourd'hui l'un des athlètes les plus robustes et endurants du circuit, capable de tenir le rythme durant de longues heures. Techniquement, il s'est renforcé côté revers et possède l'un des meilleurs slices du circuit, dont la pureté permet d'anesthésier le jeu de la plupart de ses adversaires.
Un travail de longue haleine dont il récolte enfin les fruits depuis l'automne dernier. Demi-finale à Shanghai, finale à Bercy et à Miami... il retrouve les sommets et se remet à battre les meilleurs. Depuis le mois d'octobre 2023, il s'est imposé face à neuf membres du top 10, soit autant que sur les trois années précédentes. De retour dans le cercle fermé des dix meilleurs au monde après cinq ans et demi d'absence, il a également mis fin à une disette longue de six ans sans trophée en remportant l'ATP 250 de Brisbane en janvier.
En Australie, il a donné le coup d'envoi d'une superbe saison, qu'il prolonge depuis une semaine sur les courts parisiens. Habituellement moins à l'aise sur ocre que sur dur ou sur gazon, Dimitrov n'a égaré qu'une seule manche depuis le début de la quinzaine - face à Zizou Bergs au troisième tour. Très convaincant dimanche contre Hurkacz, il va désormais passer au révélateur Sinner, qu'il n'a plus battu depuis 2020 et qui n'a perdu que deux fois cette saison. En jeu, une première demi-finale à Roland-Garros, à 33 ans passés. Un défi à la mesure du nouveau Grigor.