La surface et les lieux changent, les vainqueurs restent. Ce week-end, Iga Swiatek et Carlos Alcaraz ont de nouveau fait étalage de leur talent et de leurs qualités pour remporter respectivement les tournois de Stuttgart et Barcelone. Une régularité et des performances qui laissent fans et observateurs admiratifs, à quelques semaines seulement de Roland-Garros.
Swiatek et Alcaraz, l’émerveillement perpétuel
Déjà sacrés à Miami, Iga Swiatek et Carlos Alcaraz ont encore brillé à Stuttgart et Barcelone. De son côté, Andrey Rublev a battu Novak Djokovic en finale à Belgrade.
1ga est inarrêtable
Vous souvenez-vous de la dernière défaite d’Iga Swiatek ? Il faut remonter au 16 février à l’occasion du tournoi de Dubaï pour retrouver la trace d’un tel événement. C’était un huitième de finale face à Jelena Ostapenko (future gagnante), Iga était classée au 9e rang mondial et rien ou presque ne laissait présager son incroyable domination sur le circuit. Depuis ce revers, la star polonaise de 20 ans a enchaîné vingt-trois victoires consécutives et porté son total à trente-deux succès en 2022. Imperméable à toute forme de pression, elle a remporté ses sept dernières finales sans perdre le moindre set et en lâchant au maximum cinq jeux durant ces rencontres à enjeux. Si le tennis ne se résume pas à des chiffres, ces derniers mettent parfaitement en lumière la domination totale de la championne de Roland-Garros 2020, numéro un mondiale incontestable depuis la retraite précoce d’Ashleigh Barty.
Engagée à Stuttgart pour son premier vrai test sur sa surface favorite, "1ga" a utilisé les mêmes ingrédients que dans sa recette couronnée de succès à Doha, Indian Wells et Miami. Capable d’agresser et d’écraser certaines adversaires, elle a également su faire preuve de caractère et de ressources physiques impressionnantes pour venir à bout de Liudmila Samsonova en 3h03, soit le match le plus long de sa carrière (6/7(4), 6/4, 7/5). "Encore un tournoi où je me suis surprise moi-même. Surprise de constater que je pouvais gagner sans avoir besoin de me sentir à 100% pour continuer à jouer un très bon tennis et disputer des matchs solides. La transition (sur terre) a été assez rapide et j’avais beaucoup de doutes. C’est un autre tournoi qui me prouve que je peux le faire, quoi qu’il arrive" a-t-elle déclaré à l’issue de sa campagne victorieuse.
Comme souvent, elle a effacé cette grosse frayeur en demi-finale par un dernier match maitrisé face à Aryna Sabalenka (6/2, 6/2) ancienne numéro 2 mondiale en quête de régularité et de titres, le dernier en date remontant au WTA 1000 de Madrid en avril dernier. "J’ai travaillé dur cette semaine pour m’adapter et jouer mon meilleur tennis sur cette surface. Je suis très fier de moi et de mon équipe, car après la demi-finale, ce n’était pas évident d’être prête physiquement et mentalement pour la finale" a poursuivi la championne. Au-delà de l’évolution de son jeu entamée lors de sa présaison, c’est son travail psychologique qui porte pleinement ses fruits. Si sa série d’invincibilité s’arrêtera forcément un jour, Iga Swiatek profite de sa période dorée sans le moindre complexe et sans vraiment se soucier de son nouveau statut. "C’est sûr que maintenant, je dois travailler encore plus dur pour préserver cette série mais je vais juste prendre match après match et je suis très fière de moi et vraiment satisfaite" a-t-elle conclu sur le sujet. De quoi se tourner vers Madrid avec ambition et légèreté.
Alcaraz, toujours plus haut
Son élimination précoce en 16e de finale à Monte-Carlo avait semé un doute. Mais n’étant pas fait du même bois que les autres, Carlos Alcaraz a répondu à toutes les interrogations du côté de Barcelone. De nouveau tombeur de Stefanos Tsitsipas (comme à Miami) en quart de finale, le Murcien a dû mettre les bouchées doubles ce dimanche pour remporter le quatrième titre de sa carrière, le troisième en 2022. La faute à un climat légèrement capricieux cette semaine en Catalogne, le protégé de Juan Carlos Ferrero a en effet dû disputer sa demi-finale face à Alex De Minaur avant de croiser le fer quelques heures plus tard avec Pablo Carreno Busta.
Et autant dire que l’avantage physique était largement en faveur de l’ainé des deux Espagnols, qui n’a eu besoin que d’1h05 de jeu pour balayer Diego Schwartzman, quand son futur adversaire a bataillé 3h39 pour renverser un toujours aussi pugnace De Minaur dans le dernier carré (6/7(4), 7/6(4), 6/4). Mieux qu’un simple retournement de situation, Alcaraz a sauvé deux balles de match, sortant notamment un passing miraculeux pour rester en vie sur la première tentative de l’Australien. "Sur la première balle de match, je fais un passing-shot auquel je n'arrive toujours pas à croire, presque avec les yeux fermés. Mais j'ai lutté jusqu'au bout et j'ai cru en ma capacité à remonter le score" a-t-il commenté avec le sourire.
Trois heures après ce combat éprouvant, la pépite avait donc rendez-vous avec son ami PCB sur la Pista Rafael Nadal pour tenter de remporter une quatrième finale en autant de tentatives. Une rencontre attaquée tambour battant pour éviter de courir après le score et de subir un test psychologique trop important. "J'ai voulu prouver d'entrée que je n'étais pas fatigué. J'ai joué une grande demi-finale de presque quatre heures, j'ai eu moins de temps de récupération mais je l'ai pris comme un avantage. Je suis venu sur le court avec des idées très claires, pour faire ce que je devais faire. J'ai été agressif jusqu'au bout" a-t-il analysé après la rencontre. Sûr de sa force et toujours capable de hausser le ton sans ressentir la moindre pression, il s’est finalement imposé avec facilité (6/3, 6/2) récoltant ainsi louanges et lauriers totalement mérités.
Un succès qui le fait (encore) entrer dans une nouvelle dimension puisqu’il intègre ce lundi le Top 10 mondial pour la première fois de sa jeune carrière. De quoi alimenter encore un peu plus la comparaison avec Rafael Nadal, qui a connu la même trajectoire en 2005 lors de son sacre en Catalogne. "Je suis heureux d'être dans le Top 10 à 18 ans. C’est vraiment spécial que Rafa l'ait fait à la même date que moi car c'est mon idole". Une idole qui n’a pas manqué de saluer la performance XXL de son cadet avant peut-être de croiser sa route du côté de Madrid, Rome ou encore Roland-Garros.
Rublev prive Djokovic d’un nouveau titre à la maison
L’autre événement ATP de ce week-end se tenait à Belgrade, où Novak Djokovic était de nouveau sur les courts, après son élimination précoce à Monte-Carlo. Capable de retournements de situation quasi héroïques face à Laslo Djere, Miomir Kecmanovic et Karen Khachanov lors des tours précédents, le Serbe a connu un vrai coup de pompe physique en finale contre Andrey Rublev. Le Russe a profité de l’éprouvante semaine du numéro un mondial pour imprimer sa cadence – particulièrement dans la dernière manche –, battre pour la première fois le "Djoker" (6/2, 6/7(4), 6/0) et remporter ainsi le 11e titre de sa carrière.
Lui qui a souvent pris le meilleur sur ses adversaires grâce au physique, le Serbe a semble-t-il trouvé la cause de ses difficultés : une maladie contractée il y a quelques semaines et sur laquelle il n'a pas donné beaucoup de détails. "Cela a considérablement affecté mon métabolisme pendant plusieurs semaines […] Je ne pense pas avoir déjà vécu ça depuis le début de ma carrière. C'est pour cela que je pense que c'est relié à cette maladie. Ça a été vraiment difficile pour moi et j'imagine que la récupération prendra un peu plus de temps que prévu" a-t-il confié.
Bien qu’elle se termine par une défaite, c’est toutefois une campagne plus qu’encourageante pour le tenant du titre à Roland-Garros, qui a retrouvé du rythme, son jeu mais aussi sa rage de vaincre. Il se présentera évidemment comme un candidat sérieux lors des prochaines échéances. "Après quatre batailles en trois sets, tout ce que je peux dire c'est que je suis fatigué mais content d’être parvenu à remporter ces matchs. Je pense que ça me servira pour le reste de la saison sur terre" a-t-il conclu.