Déjà rafraîchissante par ses surprises, ses matchs enlevés et le retour attendu des spectateurs, cette édition 2021 de l’US Open a totalement basculé dans la folie suite aux qualifications historiques de Leylah Fernandez et Emma Raducanu pour la finale.
US Open : Fernandez - Raducanu, l’incroyable affiche
Ce samedi, les deux teenagers Leylah Fernandez et Emma Raducanu disputeront une finale historique à Flushing Meadows.
Fernandez toujours aussi renversante
La première demi-finale programmée opposait Leylah Fernandez à Aryna Sabalenka. Déjà demi-finaliste à Wimbledon, la Biélorusse souhaitait franchir un cap supplémentaire en Grand Chelem et son parcours sans faute depuis un premier tour piège parlait pour elle. Consciente du danger que représentait la Canadienne, elle a rapidement pris les choses en main pour mener 3/0 puis 4/1. Seulement, au-delà de son talent et de sa maturité déconcertante, la native de Montréal s’est spécialisée dans le retournement de situation à l’occasion de cet US Open. Ses déplacements et sa vitesse d’exécution ont poussé la numéro 2 mondiale a en faire plus et souvent trop, en attestent ses 52 fautes directes durant la rencontre. Ce sont d’ailleurs un smash complètement dévissé et une double-faute qui ont plus ou moins « offert » le tie-break de la première manche à Fernandez.
Face à un public conquis et harangué comme il se doit par la cadette des deux joueuses, Sabalenka a eu le mérite de ne pas lâcher malgré la frustration et de continuer à distiller ses énormes coups droits dans le deuxième set. De quoi profiter d’une légère baisse de régime adverse à 4/4 pour breaker puis conclure sur un jeu blanc. Assez pour enfin déstabiliser et mettre à mal la tactique du phénomène de 19 ans ? Ses impressionnantes victoires en trois manches face à Osaka, Kerber et Svitolina promettaient déjà le contraire.
« C’est magique ! »
L’opposition de style entre la puissance d’un côté et la vitesse de l’autre a régulièrement été poussée à son paroxysme dans le troisième set décisif. Sans jamais reculer, la Canadienne s’est permis de varier encore plus ses longueurs de balle pour contraindre son adversaire à des déplacements périlleux et des prises de balle souvent trop basses. Des rallyes intenses et un nouveau break de chaque côté annonçaient une fin de match irrespirable. Mais à 5/4, la tension est encore montée d’un cran chez la Biélorusse, qui servait alors pour rester dans la partie. Deux double fautes et une nouvelle erreur en coup droit ont scellé le sort de cette rencontre, laissant à Fernandez le loisir de savourer son exploit majuscule (7/6(3), 4/6, 6/4).
"Je ne sais pas du tout comment j'ai fait ! C’est grâce au public ! Il m'a aidée aujourd'hui et il m'a soutenue. Ce sont des années et des années de travail, de larmes, de sang et de sacrifices… Je suis tellement contente d'être en finale" a-t-elle joyeusement confié juste après le match.
A ce moment de la soirée, Leylah Fernandez (19 ans et six jours) devenait alors la plus jeune joueuse à se qualifier en finale d’un Grand Chelem depuis Maria Sharapova en 2004 et à l’US Open depuis Serena Williams et Martina Hingis en 1999. "J’ai fait des choses incroyables. Mon parcours et la façon dont je joue en ce moment sont vraiment bons. Je m'amuse juste, j'essaie de produire des choses que le public apprécie. Je suis heureuse parce que peu importe ce que je fais sur le terrain, les fans apprécient et moi aussi. Disons que c'est magique !" a-t-elle commenté. Mais c’était sans compter sur l’autre sensation de ces folles demies.
Raducanu, c’est déjà historique
A chaque balle de match, elle ne semble pas y croire. Il faut dire qu’à 18 ans et 302 jours, réaliser un US Open aussi exceptionnel relève de l’impensable. Première joueuse (hommes et femmes confondues) issue des qualifications à atteindre la finale d’un tournoi du Grand Chelem, Emma Raducanu semble imperturbable, imbattable. Elle est également la première Britannique à atteindre une finale de Majeur depuis Virginia Wade en 1977.
Surtout, en neuf rencontres disputées (qualifications comprises), la 150ème joueuse mondiale n’a toujours pas perdu le moindre set. Mieux, elle n’a laissé filer que 43 jeux tout au long des trois semaines et n’a passé que 11h34 sur les courts. Ce parcours invraisemblable ne demande qu’à devenir monumental. "Je n’arrive pas à y croire, c’est un choc, c’est de la folie… Je voulais évidemment jouer des tournois du Grand Chelem mais je ne pensais pas que ça arriverait si tôt. Etre en finale d’un Majeur à ce stade de ma carrière, je n’ai pas les mots" a-t-elle déclaré en conférence de presse.
Un engagement, une détermination, une maîtrise et un sang-froid dont la dernière victime en date se nomme Maria Sakkari. Bousculée d’entrée sur sa mise en jeu et incapable de convertir ses opportunités en retour, la demi-finaliste de Roland-Garros a trop rapidement été menée 5/0 puis 6/1 en 36 minutes. Malgré des occasions pour refaire surface, elle s’est heurtée à la solidité de son adversaire au fond du court mais aussi au filet.
Elle n’a pas pour autant paniqué et a même eu un peu de répit en début de deuxième set mais si le score de cette manche est plus flatteur (6/4), c’est aussi parce que Raducanu n’a converti qu’une seule de ses neuf balles de break. La joueuse de 18 ans a dominé dans tous les compartiments du jeu et n’a absolument pas tremblé avant de conclure, sur sa première opportunité. Bluffant. "Je pense avoir joué mon meilleur tennis aujourd'hui, surtout ici à New York. Je savais que j'allais devoir être très agressive et j’ai réussi à le faire. Je suis juste très heureuse de ma performance aujourd'hui" a-t-elle sobrement commenté.
Sur les traces de Serena Williams
Cette finale de teenagers, la première disputée depuis celle de l’US Open 1999 entre Serena Williams et Martina Hingis, s’annonce des plus passionnantes. Qui deviendra la nouvelle reine de New York ? Difficile de se prononcer. Si Emma Raducanu impressionne par sa capacité à prendre le jeu à son compte et à balader ses adversaires, Leylah Fernandez affiche quant à elle une résistance et une incroyable capacité à renverser n’importe quelle situation.
Vainqueur de l’unique confrontation entre les deux joueuses lors de Wimbledon juniors en 2018, la plus jeune des deux joueuses (à quelques jours près !) sait que leur deuxième affrontement ne sera pas comparable. "Depuis, nous avons beaucoup évolué en tant que joueuses et en tant que personnes. Ce sera évidemment extrêmement différent par rapport à notre dernière rencontre. Ce sera un match difficile. Elle joue un excellent tennis mais je pense que je joue aussi à un très bon niveau. J’ai hâte d’y être et je suis sûre que l’ambiance sera bonne pour nous deux" a expliqué la Britannique. Nous aussi, on a hâte.