Depuis les abords des courts annexes jusqu’aux immenses gradins du Court Central, les heureux spectateurs de cette édition 2023 ont de nouveau assisté à de solides confirmations et à des surprises de taille ce mercredi.
US Open J3 : Zhang et Stricker ouvrent un boulevard à Djokovic
Le show des stars américaines, le come-back validé d’une double finaliste, Tsitsipas et Ruud qui désertent précocement le tableau du futur numéro un mondial : le point sur la J3 de cet US Open 2023.
Zhang et Stricker, performances majuscules
Au lendemain du tirage au sort, fans et observateurs considéraient à juste titre que le hasard s'était davantage rangé du côté de Novak Djokovic vis-à-vis de son nouveau grand rival, Carlos Alcaraz. Un sentiment lié à la forme du moment des différentes têtes de série, pleinement confirmé dès le deuxième tour. Mais qu'on ne s'y trompe pas, si Casper Ruud (n°4) et Stefanos Tsitsipas (n°7) ont quitté le dernier Majeur de la saison par la petite porte, le mérite en revient grandement à la qualité de leurs adversaires.
Alors qu'il avait la ferme intention de gâcher la fête programmée le 10 septembre entre les deux meilleurs joueurs du monde, le finaliste de l'édition 2022 s'est incliné au terme d'un match pour le moins décousu contre le 67e joueur mondial et n°1 chinois, Zhizhen Zhang (6/4, 5/7, 6/2, 0/6, 6/2 en 3h19). Une double revanche magnifique pour celui qui s'était incliné face au Norvégien au 3e tour de Roland-Garros et qui avait laissé filer sept balles de match ici même l'an passé avant de s'incliner au premier tour contre Tim van Rijthoven. "On peut dire que j'avais un mauvais souvenir de l'US Open mais cette année est un peu différente" a-t-il d'ailleurs souri lors de son interview d'après-match, avant de s'étonner du soutien et de la présence tardive des fans en tribunes. Sa mise en jeu (18 aces) et sa puissance (60 coups gagnants) ont souvent laissé sur place un Casper Ruud groggy et très loin de son meilleur niveau.
Malgré quelques inconstances qu'il faudra gommer au prochain match face à la wild-card australienne Rinky Hijikata, "ZZ" a signé ce mercredi la plus belle victoire de sa carrière, la première d'un joueur chinois sur un Top 5 mondial depuis l'existence du classement ATP.
Un peu plus tôt dans la journée, c'est Dominic Stricker qui a fait trembler les murs de ce même Grandstand, fournisseur officiel d'exploits majeurs. Opposé à un Stefanos Tsitsipas en manque total de repères et de confiance, le Suisse a livré une bataille épique (7/5, 6/7(2), 6/7(5), 7/6(6), 6/3 en 4h04) ponctuée par 79 coups gagnants (!). Au bord du gouffre dans la 4e manche, il a puisé dans ses ressources afin de rallier pour la première fois de sa carrière ce stade de la compétition en Grand Chelem. "C'était un combat difficile mais je suis très heureux. Je vais savourer toute la journée et récupérer avant mon prochain match, a-t-il lancé. J'étais au plus bas à 3-5 dans le quatrième set (son adversaire était à deux points du match) mais je ne sais pas comment, j'ai réussi à m'en sortir et à garder un niveau de tennis très élevé. Je ne trouve pas vraiment les mots mais c'est un très grand jour".
Une joie plus que légitime pour le vainqueur de Roland-Garros juniors en 2020 (simple et double) qui tranchait évidemment avec la déception voire la détresse de son adversaire, qui n'est encore jamais parvenu à atteindre la deuxième semaine à Flushing Meadows. Dans la foulée de ce nouveau revers, le Grec a annoncé la fin de sa collaboration avec Mark Philippoussis et le retour de son père Apostolos comme coach principal. Le mal semble profond.
Rendez-vous entre ami(e)s pour Iga et Novak
Le vol à destination du troisième tour s’est déroulé sans trop de turbulences pour Iga Swiatek et Novak Djokovic. Opposée à Daria Saville – qui espérait jouer libérée et ne pas repartir du Louis Armstrong avec deux bagels dans ses valises, selon ses dires – la numéro un mondiale a perdu son service à trois reprises lors d’une bataille d’1h34 (6/3, 6/4). Mais elle a globalement su se montrer patiente pour construire sa victoire et porter l’estocade au meilleur moment dans la deuxième manche. Agressée sur son engagement, l’Australienne a affiché seulement 6% de points gagnés sur sa deuxième balle (1/18).
Pour rallier les huitièmes de finale, "1ga" devra mettre ses sentiments de côté en entrant sur le court face à Kaja Juvan. "C’est ma meilleure amie sur le circuit, l’une des personnes les plus honnêtes et intelligentes de ce milieu, a-t-elle confié en conférence de presse. Je suis heureuse qu’elle soit mon amie mais on va jouer l’une contre l’autre. C’est une situation bizarre mais nous sommes toutes les deux professionnelles."
Sur le court Arthur Ashe, le "suspense" n'aura duré qu'un set entre le futur numéro un mondial et Bernabe Zapata Miralles (6/4, 6/1, 6/1 en 2h00). Très solide lorsque le danger pointait le bout de sa raquette (6/6 balles de break sauvées), le "Djoker" a déroulé son tennis, confirmant ainsi qu'il était actuellement la meilleure version de lui-même. D'ailleurs, avant de constater l'échec de ses rivaux les mieux classés depuis son canapé, il a affirmé que le Djokovic d'aujourd'hui battrait celui d'il y a 10 ans. "Oui, facilement, une victoire en 3 sets pour le Novak d'aujourd'hui, s'est-il amusé. Le Novak d’aujourd’hui pourrait battre celui du passé mais je n’aimerais pas me jouer ! La vérité, c’est que je joue chaque match contre moi-même et si je gagne, alors je bats mon adversaire."
Le prochain courageux à tenter l'ascension de la montagne serbe n'est autre que son ami, Laslo Djere.
Gauff montre la voie à ses compatriotes
Après un savoureux troisième tour à Roland-Garros, Coco Gauff et Mirra Andreeva avaient de nouveau rendez-vous pour une affiche de prodiges sur un très grand court. Mais contrairement à leur bataille parisienne durant laquelle elle avait concédé la première manche, l’Américaine n’a cette fois-ci pas laissé place au doute. Le break concédé dès le premier jeu a vite été oublié tant la championne du WTA 1000 de Cincinnati est montée en puissance et au filet (15/18), réussissant pratiquement tout ce qu’il était possible d’entreprendre (24 coups gagnants, 4/5 balles de break converties). "C'était difficile d'être agressive contre Mirra parce qu'elle peut sortir un revers long de ligne à tout moment, a-t-elle justement analysé. J’ai fait tout mon possible pour toucher les extrémités du court et ne surtout pas la laisser avoir le contrôle".
Triste et agacée de ne pas réussir à développer son jeu, la joueuse coachée par Jean-René Lisnard poursuit son apprentissage au plus haut niveau et aura sans aucun doute l’occasion de confirmer son éclosion lors des prochaines grosses échéances. De son côté, la tête de série n°6 s’est pleinement rassurée après une entrée en matière laborieuse face à Laura Siegemund. Au prochain tour, elle affrontera sa première tête de série de la quinzaine puisque Elise Mertens (n°32) a renversé la situation face à Danielle Collins, sauvant au passage deux balles de match dans le tie-break de la deuxième manche (3/6, 7/6(7), 6/1 en 2h45).
Si Mackenzie McDonald, Christopher Eubanks et Lauren Davis ont également quitté l’impressionnant contingent américain de ce dernier Grand Chelem de la saison, les sourires sont rapidement revenus sur le visage des bruyants fans de Flushing Meadows. Chez les dames, Taylor Townsend et Jennifer Brady ont écarté Beatriz Haddad Maia et Magda Linette, toutes deux têtes de série. Dans le tableau masculin, Ben Shelton a profité de l’abandon de Dominic Thiem (7/6(1), 1-0, ab.) et Tommy Paul a signé l’une des remontadas du jour face à Roman Safiullin (3/6, 2/6, 6/2, 6/4, 6/3).
Quant à Frances Tiafoe (n°10) et Taylor Fritz (n°9), ils ont enflammé la nuit new-yorkaise en dominant largement Sebastian Ofner et Juan Pablo Varillas, sous les hourras nourris de la foule. Les deux joueurs sont désormais les mieux classés de la partie de tableau de Novak Djokovic.
Come-back validé : Caroline Wozniacki remonte le temps
Finaliste à New York en 2009 et 2014, Caroline Wozniacki ne doit pas regretter d'être sortie de sa retraite prise à l'issue de l'Open d'Australie 2020. Après un premier match remporté à Montréal, l'ancienne numéro un mondiale se présentait au Billie Jean King National Center sans grandes certitudes mais avec un énorme appétit. Et Petra Kvitova, tête de série n°11, l'a constaté à ses dépens en clôture de cette folle journée (7/5, 7/6(5) en 2h08). "C'est incroyable de battre une championne de la trempe de Petra, s'est-elle extasié après la rencontre. Bien sûr, je crois en moi et je savais que j'avais une chance de gagner mais en même temps, elle sortait d'une très belle année. C'est la 11e joueuse mondiale et elle adore jouer sur dur. Je savais que ce serait très difficile et que je devais jouer mon meilleur tennis."
Portée par une détermination intacte et un public acquis à sa cause, la Danoise a frappé un grand coup pour son retour en Grand Chelem. Elle a désormais rendez-vous avec Jennifer Brady pour un troisième tour de revenantes comblées.
Le point du jour : Adrian Mannarino
Très souvent critique vis-à-vis de son jeu et du plaisir que les gens peuvent prendre à l'observer, Adrian Mannarino n'en reste pas moins un formidable joueur de tennis. Et le Français de 35 ans, actuellement dans la forme de sa vie, l'a encore prouvé lors de sa victoire face à Fabian Marozsan (3/6, 6/3, 6/4, 6/1 en 2h13) avec cet échange venu d'ailleurs.
Retrouvez la journée des Français à l'US Open sur FFT.fr
La stat’ du jour : 23 ans
Vainqueur d'un duel qui sentait bon la très grande opportunité face au Français Titouan Droguet, le Serbe Jakub Mensik est devenu le plus jeune joueur à rallier le troisième tour à l'US Open depuis Fabrice Santoro en 1990. Il fêtera ses 18 ans sur le court ce 1er septembre face à Taylor Fritz. On vous laisse deviner ce qui lui ferait plaisir pour son anniversaire...