US Open 2024 - J12 : promesses tenues

Le succès de sa vie, et maintenant ?

Le choc attendu n’a pas déçu. Un duel d’Américains pour une seule place en finale : Taylor Fritz et Frances Tiafoe se sont livrés à une bataille en cinq manches dont les locaux - qui n’avaient plus connu un duel entre compatriotes à ce stade d’un Majeur depuis 2005 - se souviendront longtemps. Un temps mené deux sets à un, Fritz n’a rien lâché pour sa première demi-finale en Grand Chelem. Parfois mené, quelques temps malmené par un adversaire qu’il connaît très bien, il s’en est tenu à ce qu’il sait faire de mieux, jusqu’à ce que le vent tourne pour s’offrir cette fois-ci la première finale en Majeur de sa carrière.

Face à la puissance et la détermination de "Big Foe" - qui s’était déjà hissé à ce niveau du tournoi en 2022 -, le Californien a opté pour la patience. Tenir et ne pas se laisser distancer, sans nécessairement jouer son meilleur tennis. "Je me suis dit que si je ne donnais pas tout ce que j’avais en attendant de voir si son niveau de jeu allait diminuer, je le regretterai pendant très longtemps" a-t-il déclaré. Ce vendredi soir, devant un court Arthur Ashe plein à craquer et bruyant entre chaque point, sa stratégie a été payante et c’est lui qui a pris le meilleur après 3h18, 4/6, 7/5, 4/6, 6/4, 6.1. "Je pense que dans ma carrière, on a jamais pu remettre en question le fait que je joue avec mon cœur, et je me bat, quoi qu’il arrive," a déclaré le vainqueur de la rencontre. "Je devais rester dans le match pendant certains de ces échanges très longs, et complètement fous, mais je voulais lui montrer que je n’allais partir nulle part et que je me sentais près à continuer à me battre sur chaque point. Ça a joué en ma faveur." Dans la fin du quatrième set, la tête de série n°20 a commencé à baisser de régime, enchaînant fautes directes et autres imprécisions. Le néo-demi-finaliste en a profité pour convertir cette domination soudaine en remportant huit des neuf derniers jeux de la partie. Et quand on a pensé que "Big Foe" pouvait encore y croire, revenant à 4-1 dans la cinquième manche sur le service de son adversaire, sa fébrilité l’a trahi et il a offert, sur un jeu blanc, l’occasion à son adversaire de servir pour le match.

Les deux joueurs avaient déjà écrit l’histoire après les quarts, en offrant à l’Amérique une chance de retrouver la finale de son tournoi à domicile depuis 2006. Taylor Fritz continue d’écrire la sienne, en devenant le douzième joueur US de l’ère Open à se hisser sur la dernière marche à New York. Ce dimanche, il pourrait ajouter encore une ligne à son palmarès en devenant le premier à remporter le trophée à la maison depuis Andy Roddick, en 2003.

En quête d’une deuxième couronne

Malgré toute la dimension émotionnelle de cette demi-finale contre son ami, Jannik Sinner ne s’est pas laissé emporter par l’événement, ce vendredi. Il faut dire qu’en tant que seul vainqueur de Grand Chelem encore en lice, c’est un habitué des matchs à enjeu et de haute intensité. En trois manches et un peu plus de trois heures, il a assuré sa place pour une première finale new-yorkaise (7/5, 7/6(3), 6/2). "Avec Jack, on se connaît très bien. C’était un match très physique et on a tout les deux juste fait de notre mieux pour rester dedans. Il est difficile à battre, donc c’est vraiment un moment spécial pour moi" a déclaré l’Italien.

Il faut dire que le premier set était vraiment accroché. Jusqu’à 5-5, Jack Draper a fait jeu égal avec le n°1 mondial, convertissant même sa première opportunité de break. Mais comme souvent - presque toujours, pourrait-on dire -, l’Italien est parvenu à jouer à son meilleur niveau dans les moments clés. En breakant par exemple dans le onzième jeu du premier set, pour servir pour le gain de la manche ou encore en prenant rapidement de l’avance dans le tie-break de la deuxième pour s’en assurer le gain. Malgré un deuxième set ponctué de soucis d’estomac pour le Britannique et d’un poignet douloureux pour l’Italien, qui s’est rattrapé dessus lors d’une chute, les deux hommes ont longtemps fait jeu égal. Un dernier set pour la route et Jannik Sinner était ensuite assurer de disputer le dernier match de cette quinzaine américaine. En attendant le nom de son adversaire, il a avoué ne pas être trop inquiet pour son poignet : "les douleurs sont parties quand j’ai repris le jeu, ce qui est plutôt bon signe. On verra demain, à froid, ce sera peut-être différent, mais j’espère que ce n’est rien de grave, j’ai plutôt confiance."

Une dixième victoire consécutive pour Sinner qui continue de faire tomber tous les records. Premier Italien a disputer la finale de l’US Open, il a également au moins atteint les quarts de finale de chaque Majeur cette année. Prochain objectif : décrocher le titre pour devenir le quatrième joueur à remporter l’Open d’Australie et l’US Open la même année, après Novak Djokovic, Roger Federer et Mats Wilander.