Cette nuit, Caroline Garcia, Ons Jabeur, Iga Swiatek et Aryna Sabalenka vont tenter de rallier la finale de l’US Open pour la première fois de leur carrière. Focus sur des demies très attendues.
US Open – Demi-finales : quatre étoiles dans la nuit new-yorkaise
Place aux demi-finales dames de cette édition 2022 de l’US Open !
Ons Jabeur (n°5) – Caroline Garcia (n°17)
"Caro" a rarement volé aussi haut
Qualifiée pour sa première demi-finale en Grand Chelem à l’issue de sa performance majuscule face à Cori Gauff, Caroline Garcia produit un tennis majestueux et affiche un état d’esprit irréprochable à New York. Un véritable renouveau qui ne date d’ailleurs pas de cet US Open puisque depuis Roland-Garros, elle a engrangé 31 victoires (hors qualifications) et 3 titres. Elle reste ainsi sur 11 victoires consécutives voire 13 si on comptabilise ses deux rencontres pour intégrer le tableau principal à Cincinnati, son plus beau sacre depuis son doublé Wuhan / Pékin en 2017. Consciente qu’il n’est jamais simple d’enchaîner un Majeur en sortant d’une telle épopée, "Caro" est restée humble en posant ses valises à Flushing Meadows, refusant de se considérer comme une candidate crédible au titre.
Seulement ses cinq premiers matchs ont fini de convaincre les derniers sceptiques. Aucun set perdu, trois petits breaks concédés, une implication totale et une domination sans partage : la Lyonnaise est LA joueuse qui a fait la plus forte impression jusqu’ici. Bien aidée par une première balle de qualité, elle n’hésite pas à entrer sur le terrain pour agresser ses adversaires en retour, le tout en distillant çà et là des frappes puissantes dans des zones inatteignables. "Je suis super heureuse d’être en demi-finale, a-t-elle expliqué après sa victoire en quarts. Mais j’essaie simplement de me concentrer sur mon jeu, sur ce que j’aime faire et sur la meilleure manière de jouer au tennis. Les choses sont claires en ce moment, je sais ce que je dois faire, comment gérer le stress et la pression. C’est comme ça qu’on se prépare avec mon équipe, pour poursuivre dans cette direction".
Evidemment, il faudra encore davantage élever le niveau de jeu face à Ons Jabeur, une adversaire qu’elle n’a jamais battue sur le circuit pro en deux confrontations. Mais rappelons qu’elle n’avait pas non plus connu la victoire face à Alison Riske et Coco Gauff avant cet US. Pour préparer ce choc, nul doute qu’elle écoutera attentivement les conseils de son entraîneur Bertrand Perret, ancien coach de… Ons Jabeur !
Jabeur continue d’écrire l’histoire
Première joueuse arabe à remporter un tournoi WTA 1000 (à Madrid, début mai) puis à atteindre une demi-finale et une finale de Grand Chelem à Wimbledon, Ons Jabeur a également écrit une belle page de l’histoire à l’US Open en devenant la première à rallier le dernier carré. Des plafonds de verre brisés avec la manière pour la Tunisienne, passé par la 2e place mondiale et qui retrouvera les sommets du classement à l’issue de ce tournoi. "En venant de Tunisie, il n’est pas simple de s’imaginer un jour être ici mais heureusement, j’y suis arrivée a-t-elle confié durant cette quinzaine new-yorkaise. J’ai été beaucoup blessée après mon passage en juniors et ça a été difficile d’adapter mon jeu au changement de rythme et tout le reste. Mais je pense qu’il faut toujours connaître des difficultés pour s’améliorer, mériter sa place ici et affronter les meilleurs joueurs du monde".
Le résultat d’un énorme travail pour une joueuse humble, appréciée de tout le circuit et en constante progression ces derniers mois. Son jeu atypique et très varié lui a déjà permis de glaner 43 victoires cette année (seule Iga Swiatek a fait mieux) et deux titres. Mais le plus impressionnant chez la "Ministre du Bonheur", c’est probablement son mental et sa capacité à se relever de ses échecs. Après son élimination précoce et inattendue au premier tour de Roland-Garros face à Magda Linette, elle a tout de suite fait le point pour revenir plus forte et gagner à Berlin avant de disputer la finale de Wimbledon. Là encore, alors que son rêve lui a échappé de très peu, elle a remis les choses à l’endroit pour arriver à Flushing Meadows avec un nouvel état d’esprit. La voir performer sur dur et la retrouver en demi-finales est une heureuse sensation. Et Ons Jabeur n’a peut-être pas fini de nous surprendre.
Un parfum de juniors
Si les deux futures adversaires ne se sont affrontées que deux fois sur le circuit pro – pour deux victoires de Ons Jabeur à l’US Open 2019 et à l’Open d’Australie 2020 – elles se sont surtout beaucoup côtoyées en juniors. Invaincue en quatre confrontations sur ce circuit, la Tunisienne a peut-être privé la Française de titres en l’éliminant en quarts de finale de l’US Open 2010 et en demi-finale de Roland-Garros 2011. Des face-à-face dont se souvient très bien Caroline Garcia : "On a plusieurs fois joué l’une contre l’autre et elle a toujours gagné ! C'était surprenant à l'époque de se retrouver face à quelqu'un qui faisait autant d'amorties, de variations, d'effets et de trajectoires. C’était assez rare en juniors, elle était très difficile à jouer. C'est très sympa de se retrouver pour une telle affiche, une demi-finale à l'US Open, alors qu’on a en quelque sorte grandi ensemble dans le tennis. C’est génial de se retrouver à ce niveau".
La Tunisienne se rappelle aussi de cette période mais elle sait également à quel point la Lyonnaise a changé, surtout depuis quelques semaines. "Je suis heureuse pour elle qu’elle soit de retour ! Elle travaille avec Bertrand, mon ancien coach, et je suis contente pour eux. Elle joue de manière très agressive, c’est un jeu difficile à dompter. Je vais essayer de rester moi-même et j’espère que ce sera un grand match pour nous".
Iga Swiatek (n°1) – Aryna Sabalenka (n°6)
Moins impériale que lors de sa formidable série de 37 victoires consécutives, Iga Swiatek est bel et bien au rendez-vous des demi-finales, pour la troisième fois cette saison en Grand Chelem après l’Open d’Australie et Roland-Garros. A Melbourne, la Polonaise avait cédé face à une puissante Danielle Collins, dont le jeu se rapproche de celui de sa future adversaire. Mais depuis, la numéro un mondiale a changé de dimension et d’approche, laissant parler son agressivité quitte à commettre plus d’erreurs, sans se frustrer. Un renouveau qui a payé quasiment partout cette année et qui semble également porter ses fruits à Flushing Meadows.
Car si elle a connu un envol plus poussif qu’à l’accoutumée, la joueuse aux six titres en 2022 n’a finalement concédé qu’un seul set pour rallier le dernier carré. Une petite frayeur face à Jule Niemeier aussitôt effacée par son 19e 6/0 de la saison. Propulser en quarts sans vraiment briller, elle a parfaitement su éviter le piège tendu par Jessica Pegula, dans une rencontre pourtant décousue. "J’ai l’impression qu’un déclic s’est produit, a-t-elle expliqué face aux journalistes. Je me suis appuyée sur mon intuition, je ne me suis pas forcée à tout faire correctement, tous ces trucs techniques sur lesquels j’ai travaillé. C’était plus naturel dans ce match".
C’est peut-être donc encore une nouvelle Iga qui se présentera cette nuit face à Aryna Sabalenka. Miraculée au deuxième tour (elle était menée 6/2, 5/1 et a sauvé deux balles de match face à Kaia Kanepi), la 6e mondiale semble enfin avoir retrouvé de la justesse au service. Une arme, qui lorsqu’elle est intelligemment combinée avec ses coups droits dévastateurs, fait d’elle l’une des joueuses les plus impressionnantes du circuit.
Concentrée pour venir à bout d’une Karolina Pliskova sur courant alternatif, elle n’a clairement pas volé sa place dans le dernier carré. Une troisième demi-finale après celles perdues à Wimbledon 2021 et ici même à New York l’an passé. "Après une saison où j’ai lutté contre beaucoup de choses et durant laquelle je n’ai pas joué à mon meilleur niveau, je me suis battue et je suis à nouveau en demi-finale ici, a-t-elle analysé. Mais je ne me mets pas de pression, ça va être dur et je vais beaucoup travailler pour essayer de gagner. Je vais me battre sur chaque point". Swiatek est prévenue.
Pour rappel, la numéro un mondiale mène 3-1 dans leurs face-à-face. Trois victoires obtenues cette saison sans lâcher la moindre manche, à Doha, Stuttgart et Rome.