Programmée en session de soirée sur le court Arthur Ashe, Caroline Garcia a de nouveau livré une prestation majuscule pour s’offrir Coco Gauff et une place dans le dernier carré d’un Majeur. Une grande première également pour Karen Khachanov, tombeur surprise mais logique de Nick Kyrgios. Retour sur un mardi qui a une nouvelle fois tenu toutes ses promesses.
US Open – J9 : Garcia scintille, Khachanov s'offre Kyrgios
La Française s’est brillamment qualifiée pour la première demi-finale de sa carrière en Grand Chelem.
Garcia toujours en haute altitude
Si elle ne semblait pas vraiment en avoir besoin, comment ne pas considérer la victoire de Caroline Garcia contre Coco Gauff comme un match référence ? En night session, face à des tribunes prêtes à bondir sur chaque point inscrit par la nouvelle héroïne locale, le défi était immense. Mais la Française y a magnifiquement répondu grâce à un jeu toujours aussi brillant et une attitude irréprochable. "C’était un match très intense, tous les points et tous les jeux étaient vraiment difficile, a-t-elle confié après son succès. L’atmosphère était très ‘Américaine’, il y avait beaucoup d’énergie. Je suis très heureuse de ma performance et d’avoir réussi à gérer mes émotions. J’ai été capable de jouer ma partition et c’est très important pour moi".
Mise en orbite par une entame de match quasi parfaite (4-0) ponctuée de quelques coups merveilleux, la Lyonnaise s’est très rapidement débarrassée de la pression pour la mettre sur les épaules de sa jeune adversaire, qu’elle n’avait jamais battue en deux confrontations. Malgré une première tentative de rébellion de la finaliste de Roland-Garros, "Caro" a tenu bon pour conserver l’un de ses deux breaks d’avance et prendre logiquement les commandes de ce quart de finale (6/3 en 45 minutes).
De nouveau breakée d’entrée de seconde manche, l’Américaine est sortie de ses gonds puis a frôlé la déconvenue, parvenant finalement à éviter un double break. De quoi raviver la flamme dans les gradins et enfin tester la solidité et les nerfs de son adversaire. Et c’est dans cette adversité nouvelle que Garcia a prouvé qu’elle avait bel et bien changé de dimension. Davantage poussée dans ses retranchements et affichant un pourcentage de premières plus faible qu’à l’accoutumée (52% sur l’ensemble de la rencontre), la championne de Cincinnati a lâché ses plus belles frappes pour préserver son avantage.
Bien installée dans le terrain sur chaque mise en jeu adverse (seulement 27% de points inscrits par Gauff sur sa deuxième !) elle n’a pas desserré l’étau pour s’éviter une fin de rencontre plus incertaine. Impressionnante de sérénité au moment de servir pour une première demi-finale en Grand Chelem, elle a conclu sa démonstration de force sur deux nouvelles erreurs de Coco (ses 23e et 24e du match) pour finalement s’imposer 6/3, 6/4 en 1h37.
Avec ce succès retentissant – le 13e consécutif – Caroline Garcia devient la troisième joueuse française à atteindre les demi-finales à l’US Open (après Mary Pierce et Amélie Mauresm), la huitième en Grand Chelem. "Je suis super heureuse d’être en demi-finale, a-t-elle poursuivi devant les journalistes. Mais j’essaie simplement de me concentrer sur mon jeu, sur ce que j’aime faire et sur la meilleure manière de jouer au tennis. Les choses sont claires en ce moment, je sais ce que je dois faire, comment gérer le stress et la pression. C’est comme ça qu’on se prépare avec mon équipe, pour poursuivre dans cette direction".
Une aventure sans lâcher le moindre set déjà superbe, qu’elle tentera désormais de magnifier face à Ons Jabeur.
Jabeur sur sa lancée
S’il n’est jamais facile de se remettre d’une finale de Grand Chelem perdue, Ons Jabeur prouve match après match sa force de caractère et sa détermination. Auteure d’un meilleur départ dans son quart de finale, bien aidée par la faiblesse de son adversaire au service, la Tunisienne a surtout été solide dans le deuxième acte, alors que Alja Tomljanovic semblait en mesure de renverser le match. Une manche décousue voire hachée et parsemée de six breaks, qui s’est finalement terminée au jeu décisif. Si la tombeuse de Serena Williams regrettera sans doute d’être passée à côté d’une belle opportunité à 5-3, elle s’incline finalement logiquement face à une joueuse plus créative, réaliste mais aussi plus entreprenante (6/3, 7/6(4) en 1h41).
Après deux éliminations précoces et inquiétantes à Toronto et Cincinnati, Ons confirme à Flushing Meadows sa capacité à se sublimer dans les très grands rendez-vous. "Je pense que le fait d’avoir brisé la barrière des quarts de finale à Wimbledon m’a aidé à prendre confiance, a-t-elle analysé. Le fait de savoir que je suis capable d’aller loin en Grand Chelem est bénéfique pour mon jeu. Je suis arrivée ici après une saison difficile sur dur. J’essaie de construire mon jeu et de prendre confiance, et c’est sûr que mon parcours à Wimbledon m’a beaucoup aidé, c’est certain".
Pour ressentir à nouveau les émotions d’une finale de Grand Chelem, la 5e joueuse mondiale devra encore un peu plus élever son niveau de jeu, face à une adversaire en feu. Si elle n’a jamais connu la défaite face à Garcia, elle sait que c’est une toute nouvelle joueuse qui se présentera face à elle. "Je suis heureuse pour elle qu’elle soit de retour ! Elle travaille avec Bertrand (Perret), mon ancien coach et je suis contente pour eux. Elle joue de manière très agressive, c’est un jeu difficile à dompter. Je vais essayer de rester moi-même et j’espère que ce sera un grand match pour nous" a-t-elle conclu.
Khachanov, quelle première !
Le combat était prévisible, son issue beaucoup moins. Sérieux, constant et appliqué pendant 3h49 d’un duel intense, Karen Khachanov s’est qualifié pour sa première demi-finale en Grand Chelem au bout de l’effort face au favori Nick Kyrgios (7/5, 4/6, 7/5, 6/7(3), 6/4). Si son tournoi parle pour lui, c’est tout de même une belle surprise de retrouver le vainqueur du Rolex Paris Masters 2018 dans le dernier carré.
D’autant que face à lui se présentait l’un des hommes très en forme de l’été, tombeur au tour précédent de Daniil Medvedev, tenant du titre et n°1 mondial. Peut-être émoussé physiquement par son huitième de finale et son aventure en double avec Kokkinakis, l’Australien a connu une mise en route difficile ainsi que des baisses de tension qui ne pardonnent pas à ce stade de la compétition. Mais qu’on ne s’y trompe pas, il n’a pas donné la victoire à Khachanov, c’est bel et bien le 31e joueur mondial qui est allé la chercher. "Je suis dévasté mais tout le mérite revient à Karen. C’est un combattant, un guerrier et probablement le meilleur serveur que j’ai joué dans ce tournoi. Même sous pression, il a très bien joué. Il n’y avait rien à faire, j’ai l’impression d’avoir échoué" a d’ailleurs rappelé Kyrgios en conférence de presse. Très sérieux et ambitieux, il s’était mis une énorme pression avant cet événement, à l’image de ses deux raquettes brisées après le match.
Capable de breaker au meilleur moment pour s’adjuger la première et la troisième manche, Karen a donc également réussi à garder la tête froide sous pression, même quand son vis-à-vis a égalisé au terme d’un superbe tie-break. Un possible renversement de tendance annihilé d’entrée de cinquième set par un break, tenu jusqu’au bout malgré trois nouvelles opportunités de revenir pour le finaliste de Wimbledon. Contrairement à leur précédent combat au troisième tour de l’Open d’Australie 2020, Khachanov n’a pas craqué dans le sprint final pour décrocher l’un des succès les plus prestigieux de sa carrière. "C’est une belle performance, du début à la fin. J’ai été patient, j’ai attendu les bons moments et je me suis créé des opportunités, a-t-il expliqué au terme de son combat. Je suis fier d’avoir pu boucler la rencontre, ce n’est jamais facile de servir pour le gain du match […] Ça a été une partie difficile mais c’est une étape de plus. Je suis très heureux d’être en demi-finale !".
Ruud n’a pas tremblé
Au prochain tour, il affrontera Casper Ruud dans une demi-finale inattendue. Le Norvégien a pris le meilleur sur un Matteo Berrettini qui a eu besoin de deux manches pour se mettre en route (il était mené 6/0, 5/1 !). Plus en jambes dans le troisième set, l’Italien a mené 5-2 et obtenu deux opportunités de conclure sur le service de son adversaire.
Mais ce dernier, d’une efficacité redoutable, n’a pas tremblé face à ce début de tempête pour finalement conclure au tie-break et s’éviter une rencontre à rallonge (6/1, 6/4, 7/6(4) en 2h36). Un quart de finale qui n’a pas atteint les sommets espérés mais qui a au moins eu le mérite de confirmer les bonnes dispositions du finaliste de Roland-Garros, surpris lui-même d’intégrer le dernier carré de cet US Open. "Honnêtement, je suis un peu surpris d’être en demi-finale ici mais j’ai beaucoup développé mon jeu sur dur ces deux dernières années, a-t-il avoué en conférence de presse. Je pense que Miami m’a prouvé que je pouvais aller plus loin dans les grands tournois […] A Paris, j’ai aussi eu un déclic et je sais désormais comment jouer du mieux possible en cinq sets".
Alors qu’il y aura forcément un nouveau vainqueur en Grand Chelem à l’issue de cet US Open, le Norvégien – qui peut toujours prétendre à la place de n°1 mondial – a sans doute une belle carte à jouer.
Le programme de mercredi
Ce mercredi sera marqué par la fin des quarts de finale à Flushing Meadows. Demi-finaliste l’an passé, Aryna Sabalenka tentera de récidiver en ouverture face à Karolina Pliskova. Une rencontre suivie par le choc entre Andrey Rublev et Frances Tiafoe, tombeur de Rafael Nadal au tour précédent. En session de nuit, Jessica Pegula jouera une revanche de son quart perdu à Roland-Garros face à Iga Swiatek. Enfin, le duel de la nouvelle génération entre Carlos Alcaraz et Jannik Sinner clôturera en beauté la nuit new-yorkaise.