Battu par un incroyable Frances Tiafoe, Rafael Nadal a dit adieu à son rêve de 23e Majeur en huitièmes de finale. Un stade de la compétition où s’arrête également Marin Cilic, emporté par la fougue de Carlos Alcaraz au bout de l’effort. Il y aura donc un nouveau vainqueur de Grand Chelem à l’issue de cet US Open !
US Open – J8 : l’exploit de Tiafoe, Alcaraz et Swiatek dans la douleur
Nouvelle énorme sensation à Flushing Meadows avec la victoire de Frances Tiafoe face à Rafael Nadal.
Irrésistible Tiafoe
Il n’en revient sans doute toujours pas. Dernier Américain encore en lice dans le tableau masculin, Frances Tiafoe a signé le plus bel exploit de sa carrière, chez lui, à l’US Open. Le 26e joueur mondial a fait tomber Rafael Nadal, "le meilleur joueur de l’histoire" selon ses propres mots, au terme d’une prestation magnifique. "Je suis un joueur différent, je joue beaucoup mieux et maintenant je pense que je peux le battre" avait-il déclaré la veille de son match. Ce qui pouvait alors passer pour de l’arrogance s’est finalement révélé être une réalité : "Big Foe" a bien déployé son plus bel arsenal pour venir à bout du Majorquin.
Pourtant, ses deux premiers essais sans glaner la moindre manche suscitaient un vrai doute quant à sa capacité à se sublimer pour signer un exploit majuscule. Des interrogations en partie effacées dès la première manche où son agressivité et sa seule balle de break convertie ont suffi à lui octroyer un avantage (6/4) malgré un pourcentage de premières famélique (44%). Mais prendre un set au joueur le plus titré en Majeur ne garantit jamais rien et le scénario inverse dans la deuxième manche a donné du crédit à l’hypothèse selon laquelle "Rafa" allait monter en puissance pour écraser son vis-à-vis (6/4). Un léger regain physique et une capacité à enfin faire jouer le fameux coup supplémentaire qui n’a pas bouleversé le natif de Hyattsville, bien au contraire. Serein, vif et toujours aussi entreprenant, il a reproduit à l’identique son schéma du début de match, breakant sur sa seule opportunité à 3-3 puis enchainant deux coups droits fulgurants et un ace dans le dernier jeu pour reprendre les devants (6/4).
Mais là où il a été indéniablement le plus fort, c’est lorsqu’il s’est retrouvé mené 3-1 dans le quatrième set et que tout le monde – ses supporters inclus – le voyait déjà embarqué dans un cinquième. Le moment choisi pour claquer des aces, couvrir le terrain de fond en comble et alterner coups de massue et petit jeu bien senti. Désabusé et à court de forme, Nadal n’a plus inscrit le moindre jeu et s’incline logiquement après 3h34 d’un combat dans lequel il n’a jamais pu imprimer son rythme (6/4, 4/6, 6/4, 6/3 en 3h34). "La différence est simple : j’ai joué un mauvais match et il a joué un bon match, a analysé le vainqueur de l’Open d’Australie et de Roland-Garros. J’ai joué un joueur qui était meilleur que moi et c’est pour cela que je rentre à la maison".
Déçu par son match et lâché par son physique, le Majorquin sait que tout le mérite de ce succès revient à Tiafoe, qualifié pour son premier quart de finale à l'US Open à l’issue de sa copie quasi-parfaite. "Je voyais des jeunes joueurs battre Rafa, Fed ou Novak et je me disais ‘Est-ce que je vais pouvoir dire un jour que j’ai battu un de ces gars ?’, a souri l’Américain face aux journalistes. Aujourd’hui je me suis dit que j’allais le faire et c’est quelque chose que je pourrai raconter à mes enfants et mes petits-enfants : oui, j’ai battu Rafa !".
Ovationné par tout un stade sous le regard ému de sa famille, Tiafoe a également été félicité par certains grands noms du sport, comme Lebron James : "J’étais comme un fou dans le vestiaire en voyant ça ! C’est mon gars sûr ! Je me suis demandé s’il fallait que je le retweete tout de suite ou s’il fallait faire le mec cool et agir comme si je n’avais rien vu pour le retweeter trois heures plus tard !". Une réaction qui en dit long sur le conte de fées vécu hier par Tiafoe. Une aventure qu’il tentera de poursuivre face à Andrey Rublev, très solide vainqueur de Cameron Norrie (6/4, 6/4, 6/4 en 2h26).
Alcaraz se sort du piège Cilic et retrouvera Sinner
Pour se remettre de la défaite de Nadal, les spectateurs du court Arthur Ashe ont terminé la soirée ou plutôt la nuit, en compagnie de Carlos Alcaraz, autre potentiel futur n°1 mondial et favori à la victoire finale. Une rencontre surprenante face à Marin Cilic au cours de laquelle les deux joueurs ont semblé sur courant alternatif, au point de reproduire un scénario quasi identique dans les quatre premières manches et s’embarquer dans un set décisif plus qu’indécis. Malgré une étonnante panne au service (13 double-fautes et 51% de premières sur l’ensemble de la rencontre), le champion de l’édition 2014 a tenu la distance en sauvant 12 balles de break sur 18 au total.
Son break d’entrée dans la cinquième manche aurait même pu lui permettre de signer l’autre perf’ de la nuit dans le tableau masculin, mais c’était sans compter sur les ressources mentales et physiques de la pépite espagnole. Dans une rencontre émaillée de 107 fautes directes pour "seulement" 73 coups gagnants, le Murcien a placé une accélération décisive dans le spint final pour s’imposer 6/4, 3/6, 6/4, 4/6, 6/3 en 3h54 et ainsi rallier les quarts de finale pour la deuxième année consécutive.
Comme à Wimbledon où il avait été dominé en huitièmes, "Carlitos" a désormais rendez-vous avec Jannik Sinner. L’Italien a lui aussi eu besoin de cinq manches pour venir à bout du surprenant Ilya Ivashka (6/1, 5/7, 6/2, 4/6, 6/3 en 3h48). Un match où les serveurs n’ont pas été en réussite comme le prouvent les 40 balles de break obtenues au total par les deux hommes (12/26 pour Sinner, 8/14 pour Ivashka). Malgré un sursaut de son adversaire pour le pousser à disputer une cinquième manche, le vainqueur du tournoi d’Umag a validé son ticket pour son premier quart de finale à New York. A 21 ans, il est le plus jeune joueur à atteindre ce stade de la compétition dans les quatre tournois du Grand Chelem depuis Novak Djokovic en 2008.
Swiatek en deux temps, Pegula l’attend de pied ferme
Ce lundi, la numéro un mondiale Iga Swiatek a joué à se faire peur avant de finalement venir à bout de la toujours aussi surprenante Jule Niemeier, quart de finaliste du dernier Wimbledon (2/6, 6/4, 6/0 en 2h23). S’appuyant sur un service et un coup-droit puissants ainsi que sur de belles variations, elle est parvenue à priver une championne de Roland-Garros méconnaissable en début de match.
Ses 30 fautes directes lors des deux premiers sets auraient pu lui coûter plus cher mais après un petit jeu de breaks-débreaks qui a tourné à son avantage, elle a retrouvé son côté rouleau-compresseur qui fait d’elle une joueuse hors-norme. "Ce match va beaucoup m’apporter car c’est toujours agréable de revenir au score, de voir ce qu’on peut changer pour mieux jouer et réussir des ajustements pendant la partie, a-t-elle analysé face à la presse. Je me sens plus confiante à chaque rencontre mais j’essaie de ne pas avoir d’attentes trop élevées car je sais que tout peut arriver".
Plus de peur que de mal donc pour la patronne du circuit, qui disputera ce mercredi son 3e quart de finale de l’année en Grand Chelem, une statistique qu’elle partage avec sa future adversaire, Jessica Pegula. Battue à ce stade de la compétition par la Polonaise à Roland-Garros, nul doute que l’Américaine voudra prendre sa revanche. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle arrivera parfaitement armée pour livrer bataille. Sa dernière sortie face à Petra Kvitova a confirmé sa capacité à balayer ses adversaires en les faisant complètement déjouer.
Même le break confirmé en début de deuxième manche par la Tchèque n’a pas écarté l’Américaine de sa mission, enchaînant six jeux de suite pour boucler l’affaire en 1h13 (6/3, 6/2). "L’équilibre est assez difficile à trouver, surtout ici à New York où tout est si trépidant et fou, a-t-elle expliqué. On peut se sentir vraiment dépassée. Mais quand la deuxième semaine commence de cette manière, c’est un sentiment incroyable. C’est motivant de se dire qu’il ne reste plus beaucoup de joueuses".
Enfin, le dernier quart de finale du tableau féminin promet également beaucoup puisqu’il opposera Aryna Sabalenka à Karolina Pliskova. La demi-finaliste de la dernière édition a remporté une quatrième victoire en autant de rencontres face à Danielle Collins (3/6, 6/3, 6/2 en 2h29). Comme lors de son petit miracle face à Kaia Kanepi, elle est parvenue à inverser la tendance après un début de match manqué.
Un léger retard à l’allumage qu’elle devra corriger pour espérer battre Karolina Pliskova et ainsi retrouver le dernier carré. Dans un duel d’anciennes finalistes quelque peu décousu, cette dernière a remporté le combat mental contre Victoria Azarenka, désabusée au vu de son manque de réussite sur le service adverse (seulement 3 balles de break converties sur 14). Malgré la perte de la deuxième manche, la Tchèque n’a pas flanché pour finalement s’imposer en 3h02 (7/5, 6/7(5), 6/2).
Le programme de mardi
Le sommeil attendra pour les fans de tennis ! En ce jour de quarts de finale, les hostilités commenceront dès 18h sur le court Arthur Ashe avec un alléchant Casper Ruud – Matteo Berrettini. Un choc de régularité qui sera suivi par la rencontre entre Ons Jabeur et Alja Tomljanovic. Encore plus attendue, la session de soirée verra d’abord Caroline Garcia tenter de rallier les demies d’un Grand Chelem pour la première fois de sa carrière face à Coco Gauff avant d’être clôturée par un duel qui sent la poudre entre Nick Kyrgios et Karen Khachanov.