De la même manière qu'on ne révise pas un examen la veille au soir, la dernière semaine avant un Grand Chelem n'est pas la plus propice à un travail de fond. Elle est néanmoins capitale. Comment la gérer au mieux ? Voici quatre pistes…
La "prépa" des champions
Comment gérer la dernière semaine d'entraînement avant un rendez-vous majeur ?
1/ Alléger la charge de travail
C'est la priorité commune de tous les joueurs et joueuses : accumuler de la fraîcheur physique. Faire du "jus", selon l'expression consacrée. Et c'est valable même pour ceux qui ont besoin malgré tout de se rassurer physiquement, comme Serena Williams, qui "aime faire monter le cardio" dans la dernière ligne droite, ainsi que le révèle son coach, Patrick Mouratoglou. Ou comme Lucas Pouille, "qui a ressenti le besoin de mettre un gros coup d'entraînement physique et tennistique ces deux dernières semaines", selon son co-entraîneur, Loïc Courteau. "C'est ce qu'on a fait en enchaînant des séances de plus de trois heures. Mais la dernière était fixée mercredi. À partir du jeudi, on redescend. Il s'agit de ne pas arriver 'cramé' non plus."
Les Français se préparent 🇫🇷@la_pouille s’entraîne sous le regard attentif d’@AmeMauresmo 👀#RG19 pic.twitter.com/UJj21pgqjS
— Roland-Garros (@rolandgarros) May 20, 2019
2/ Peaufiner ses sensations
Là encore, c'est un classique. Et il y a plusieurs écoles, selon l'état de ses sensations, comme le décrivait Rafael Nadal lors du "Media Day" à Roland-Garros, ce vendredi. "Si vous êtes dans une période où vous jouez mal, le but sera de chercher des solutions pour y remédier. Au contraire, si vous jouez bien, il faut trouver le moyen de préserver ces bonnes sensations, même s'il y a toujours des petites choses à travailler. C'est mon cas en ce moment. J'essaie de garder la même dynamique de travail que ces dernières semaines."
À l'inverse de Gaël Monfils, qui estime que ses sensations ne sont pas tout à fait aussi bonnes qu'en début d'année. "La Monf" a donc choisi de répéter ses gammes, tel un pianiste. "J'ai fait plus de panier que d'habitude pour retrouver un peu de mobilité, de précision dans mes coups, de justesse dans mes frappes, expliquait le Français. J'ai l'impression que je me sens de mieux en mieux et mon défaut, dans ces cas-là, est de tomber dans une filière un peu défensive. J'essaie de faire en sorte de 'casser' ça."
3/ Se détacher de l'évènement
"Animal" très anxieux par nature, le champion de tennis voit son taux de stress monter en flèche à l'approche d'un événement aussi capital. "Quand j'étais joueuse, la semaine avant un Grand Chelem, je m'engueulais avec tout le monde, j'étais invivable tellement j'étais stressée", nous rapporte la championne de Roland-Garros 1978, la Roumaine Virginia Ruzici, désormais agent de Simona Halep."Il faut donc faire en sorte de se détacher de l'événement, mais pas trop non plus car sinon, on perd sa concentration. C'est un équilibre subtil et vraiment pas facile à trouver."
"Le problème, c'est qu'il y a plein de paramètres extérieurs qui peuvent s'avérer très nocifs", abonde Sam Sumyk, l'entraîneur français de Garbiñe Muguruza. "Il faut s'en protéger, canaliser son énergie pour la mettre là où il faut, c'est-à-dire sur le terrain. Trop de joueurs perdent leur tournoi avant même de l'avoir commencé, car ils arrivent carbonisés."
4/ Disputer un tournoi... ou pas
C'était monnaie courante avant, notamment dans les années 70, où le tournoi ATP de Rome était accolé à Roland-Garros. Aujourd'hui, beaucoup de joueurs préfèrent "couper" la dernière semaine et s'entraîner sur place.
"D'une façon très générale, je trouve que ce n'est pas une bonne idée d'aller jouer un tournoi la semaine un Grand Chelem, mais cela dépend vraiment du profil du joueur, synthétise Patrick Mouratoglou. Quand on a le sentiment de manquer de matches ou de confiance, cela peut-être une très bonne chose d'aller grappiller quelques victoires."
Comme l'ont fait, par exemple, Alexander Zverev cette semaine à Genève, Benoît Paire à Lyon ou Caroline Garcia à Strasbourg. Peut-être aussi une manière pour eux de se détacher de la pression et des sollicitations qui montent inexorablement sur les lieux du Grand Chelem, ainsi qu'on l'évoquait plus haut.
Encore une fois, cela dépend du contexte. "Quand j'entraînais Amélie (Mauresmo), elle disputait rarement des tournois avant Roland-Garros car la plupart du temps, elle avait accumulé la confiance et les repères nécessaires lors des tournois précédents notamment à Berlin et Rome", se remémore Loïc Courteau.
"Ce n'était pas le cas lors des autres tournois du Grand Chelem, qui avaient un positionnement différent dans le calendrier, donc là il lui arrivait souvent de jouer. Elle en avait besoin." Le mot de la fin reviendra donc à Sam Sumyk : "En fait, il n'y pas de recette standard. C'est vraiment à la carte, selon son ressenti."