Victorieuse à Madrid et à Rome, Iga Swiatek arrive lancée et plus que jamais favorite à sa succession cette année à Roland-Garros, où elle essaiera de rejoindre Justine Henin dans la légende avec un quatrième titre, dont trois consécutifs. Avant le tournoi, la n°1 mondiale s'est confiée au Magazine de Roland-Garros pour une interview exclusive dans laquelle elle balaie, avec la sincérité et la pudeur qui la caractérisent, différents thèmes de sa vie privée, sportive et publique.
Iga Swiatek : "Roland-Garros est mon tournoi préféré"
Iga Swiatek a accordé une interview exclusive au magazine de Roland-Garros, où elle visera cette année un quatrième titre qui la ferait entrer encore un peu plus dans la légende du tournoi.
Que représente pour vous le tournoi de Roland-Garros ?
C’est tout simplement mon tournoi préféré et ma surface préférée. Ici, en tant que jeune joueuse, je me suis imaginée, pour la première fois, que je pouvais vraiment exceller dans ce que je faisais.
Lequel de vos trois titres à Roland-Garros est le plus mémorable à vos yeux ?
Je pense que c’est celui de l’an dernier. Mon dernier match, la finale contre Karolina Muchova, a été un match très difficile qui a conclu deux semaines très exigeantes pour moi, car tout le monde s’attendait à ce que je remporte le tournoi pour la deuxième année d’affilée. Avec de telles attentes, c’est toujours plus compliqué.
Vous avez dit ne pas être tombée immédiatement amoureuse du tennis. Qu’est-ce qui vous a aidée à persévérer ?
J’ai découvert que j’étais douée pour ce sport. Je suis tombée amoureuse de la discipline parce que j'ai réussi à m’améliorer chaque jour, à améliorer mon jeu, tout le processus en fait. En vieillissant, je me crée de plus en plus de souvenirs, de passions saines et d’ondes positives d’une manière ou d’une autre.
Aujourd’hui, quelle est la chose la plus compliquée à gérer dans votre vie de sportive de haut niveau ?
Mon travail est un immense privilège, j’ai une vie extraordinaire, mais il y a aussi des difficultés. Comme être loin de chez soi pendant si longtemps. Ma famille et ma maison me manquent. Il faut gérer la fatigue mentale et physique qui augmente progressivement chaque semaine sur le circuit, car le programme est très exigeant. Mais c’est une belle vie et je l’apprécie beaucoup.
Quels sont les aspects sur lesquels il est important de travailler tout au long de votre carrière ?
Devenir une meilleure joueuse de tennis, c’est certain. M’améliorer en tant qu’athlète mais aussi en tant que personne. Me développer, grandir chaque jour. Il est aussi important d’apprendre à gérer l’aspect commercial de ma carrière, les obligations des médias et des partenaires d’une manière qui n’influence pas négativement mon activité principale, qui se déroule sur le court. Je dois réussir à réduire mon champ de concentration afin de pouvoir être dans le "ici et maintenant".
Vous avez été désignée par Time Magazine comme l’une des 100 personnes les plus influentes du monde en 2023. Comment avez-vous réagi à cette nouvelle ?
C’est une chose à laquelle je ne m’attendais pas. J’ai été honorée et heureuse que mes actions, mes paroles, le fait que je parle ouvertement de sujets importants comme la guerre en Ukraine ou la santé mentale par exemple, soient reconnus par les gens et par un magazine aussi prestigieux que le Time Magazine. Je me souviens de la gentillesse des mots de Mikaela Shiffrin à mon égard (en octobre 2023, Mikaela Shiffrin, championne de ski alpin, a fait part de son admiration pour Iga, louant sa mentalité imbattable et s’attendant à ce qu’elle redevienne numéro 1 mondiale, ndlr). Cela a beaucoup compté pour moi aussi.
Vous n’hésitez pas à faire entendre votre voix dans le monde du tennis. Y a-t-il des sujets que vous aimeriez aborder ?
Pour l’instant, je me concentre sur l’amélioration du calendrier, celui-ci est vraiment très exigeant pour les joueuses... J’aimerais également contribuer à rendre le tennis féminin de plus en plus populaire dans le monde entier. Je voudrais aussi raconter toutes ces belles histoires de femmes extraordinaires et promouvoir davantage le tennis féminin. Il y a tellement de choses à faire que nous n’explorons pas assez.
Vous avez encore du temps devant vous, mais comment voyez-vous votre vie après le tennis ?
Pour être honnête, je n’y pense pas pour l’instant. Je me concentre sur mon prochain tournoi, mon prochain match. Je me permets de penser peut-être un peu à mes vacances d’intersaison, mais c’est tout.
Comment conciliez-vous vie professionnelle et vie privée ?
J’apprends et je progresse ! Chaque jour, j’essaie de faire quelque chose de bien pour moi, je prends du temps pour me faire du bien. C’est un excellent conseil que m’a donné ma psychologue Daria Abramowicz. Cette petite chose qui semble insignifiante peut être puissante. Et bien sûr, je lis beaucoup, j’écoute de la bonne musique, je regarde des séries télévisées. Toutes ces choses que les gens font pour se détendre.
Pourquoi soutenez-vous la santé mentale ?
Parce que je pense qu’il est essentiel de permettre aux gens d’être parfois vulnérables, de comprendre que ce n’est pas grave de ne pas aller bien et de demander de l’aide. Pour une raison ou une autre, certaines personnes ont encore peur ou honte de cela. Je veux leur montrer qu’il est normal de vivre ces combats.
En dehors de la lecture, que faites-vous pour vous détendre ?
J’aime passer du temps près de l’eau. Un lac, la mer, la plage... L’eau parvient à calmer mon esprit.
Que vous apporte le fait de jouer du ukulélé ?
Je n’étais pas la plus douée pour jouer de cet instrument (rires). En réalité, je n’ai pas de talent pour jouer d’un instrument en particulier, mais j’aimerais bien apprendre dans le futur.
Quel type de musique écoutez-vous ?
Avant les matchs, j’ai une playlist et j’écoute du rock : Red Hot Chili Peppers, Pearl Jam, Pink Floyd, Black Sabbath, AC/DC, Led Zeppelin, Lenny Kravitz, Guns N’ Roses... Mais en dehors du terrain, j’écoute de la pop, du blues. J’aime bien mélanger les genres et les artistes.
Avez-vous une série télévisée favorite ?
Mes séries préférées sont Friends, Parks and Recreation (un documentaire américain satirique sur la politique, ndlr) ou Ted Lasso (série américaine de comédie sportive, ndlr).
Qu’est-ce que le public ne sait pas sur vous ?
Probablement beaucoup de choses... J’aime garder ma vie privée, donc il y a encore beaucoup de choses que vous ne saurez pas sur moi !