Zverev en 4X4

C'est la quatrième année consécutive que Sascha se hisse dans le dernier carré de Roland-Garros, une performance qu'il est le onzième joueur à réussir dans l'ère Open. Et dans cette prestigieuse liste qui va de Borg à Nadal en passant par Wilander, Lendl, Courier, Ferrero, Federer, Djokovic, Murray et Thiem, il est le seul à n'avoir pas encore joué de finale à Paris. Une anomalie qu'il tentera de réparer vendredi aux dépens de Casper Ruud, dans une affiche qui sera une captivante revanche de l'édition 2023.

Vu l'épaisseur de la tâche qui l'attend, le numéro 4 mondial savait qu'il ne pouvait se permettre d'enchaîner un troisième marathon en cinq sets, surtout face à un adversaire qui n'est pas le dernier à aimer cavaler vite et longtemps. Alors cette fois, il a pris les choses à bras-le-corps et fait ce qu'il fallait pour boucler l'affaire en trois sets. Plus entreprenant, moins passif que lors de ses deux matchs précédents, il s'est rapidement détaché d'un Australien vite à court de solutions tactiques et un peu rattrapé par son expertise moindre de la terre battue.

Inoxydable dans les moments chauds

Mais si l'Allemand a toujours mené au score, la durée de la rencontre (2h59), loin d'être à sens unique, trahit toutefois son âpreté. Et puis, Zverev ne serait pas tout à fait Zverev s'il ne connaissait pas quelques moments de creux, même au cours de ses prestations les plus abouties. Débreaké dans chacun des trois sets (à 2-1 dans le premier, 3-2 dans le deuxième et 5-3 dans le troisième), il a toutefois réussi, une fois de plus dans ce Roland-Garros, à démontrer une formidable capacité à ne plus rien rater aussitôt que les points comptaient double.

Les moments les plus chauds intervinrent principalement à la fin du deuxième set, là où se joua sans doute le sort du match. À 6-5 sur son service, Sascha, mis sur le gril par une paire d'erreurs, dut sauver une balle de set contre lui. Il le fit joliment, d'un smash autoritaire, avant de se retrouver également mené 4-0 dans le jeu décisif. Mais une fois de plus, il sortit le mode catenaccio et ne laissa plus rien passer, remportant sept des huit points suivants pour se détacher deux sets à rien.

Un record pour le tennis allemand

Malgré ce rédhibitoire retard, De Minaur, fidèle à lui-même, a continué de se battre jusqu'au bout, aidé aussi par le public qui en redemandait. Mené 5-2, l'Australien est parvenu à revenir à 5-4 en débreakant in extremis grâce à une superbe volée amortie de revers. C'était beau, mais pas suffisant pour ébranler ce Zverev-là, calme, serein, pragmatique et sûr de lui. Et qui parvint finalement à conclure au jeu suivant, sur service adverse.

Dans la foulée de son titre à Rome, l'Allemand aligne ainsi une 11e victoire consécutive et se qualifie pour sa huitième demi-finale en Grand Chelem, dont la moitié à Roland-Garros. Il devient d'ailleurs, du même coup, le joueur allemand ayant atteint le plus de fois le dernier carré Porte d'Auteuil, et ce dans toute l'histoire du jeu. Reste à passer ce cap, ce qu'il n'a encore jamais fait à Paris. Mais là, il lui faudra négocier dur face à Casper Ruud.