Vainqueur de Rafael Nadal, Novak Djokovic puis Alexander Zverev, l’éblouissant Carlos Alcaraz a une nouvelle fois repoussé toutes les limites pour remporter son deuxième Masters 1000 de la saison. Une performance absolument exceptionnelle, au lendemain du titre historique de Ons Jabeur, première joueuse arabe couronnée dans cette catégorie.
Madrid : le roi Alcaraz, Jabeur enfin récompensée
A quelques jours de Roland-Garros, la folle semaine de tennis madrilène s’est achevée ce week-end par les sacres historiques de Carlos Alcaraz et Ons Jabeur.
Alcaraz, le "meilleur joueur du monde actuellement"
L’hommage est signé Alexander Zverev. Sèchement battu par Carlos Alcaraz en finale du Mutua Madrid Open (6/3, 6/1) le tenant du titre n’a pas tari d’éloges sur l’actuel bourreau du circuit. "Tu es le meilleur joueur du monde actuellement. Même si tu n'as encore que cinq ans, tu nous bats déjà tous ! Tu vas gagner plein de Grand Chelem et devenir numéro un mondial. Tu vas gagner ce tournoi encore de nombreuses fois. C'est génial pour le tennis d'avoir une nouvelle superstar" a analysé l’Allemand avec humour. S’il faut toujours rester prudent lors de l’éclosion d’un nouveau phénomène, difficile en effet de ne pas s’emballer devant les performances monumentales du protégé de Juan Carlos Ferrero.
Déjà impérial lors de son premier sacre en Masters 1000 du côté de Miami, Alcaraz a encore franchi un palier cette semaine à Madrid, par son jeu, son attitude et son incroyable parcours. Pour remporter son quatrième titre de l’année (le cinquième de sa carrière), le Murcien a en effet réussi ce que personne n’était parvenu à réaliser avant lui : battre Rafael Nadal et Novak Djokovic dans un même tournoi sur terre battue et coup sur coup, s’il vous plait ! Deux énormes combats tactiques et psychologiques face à des légendes de ce sport avant une finale à sens unique face au troisième joueur mondial : voilà un enchaînement capable de forger le destin d’un futur grand champion.
D’autant qu’au-delà de son endurance, de sa panoplie complète et de ses coups spectaculaires, le plus jeune vainqueur de l’histoire du tournoi a particulièrement brillé par sa capacité à s’adapter durant cette semaine. Bousculé à l’entraînement par le numéro un mondial et moins à l’aise qu’à l’accoutumée lors de ses deux premiers tours, il est petit à petit parvenu à maîtriser les conditions de jeu madrilènes et hausser son niveau. Mieux encore, il n’a pas paniqué lorsque sa cheville a tourné sur une mauvaise chute face à "Rafa" et a su serrer les dents durant les deux rencontres suivantes. "Je me suis levé avec la cheville droite enflée et une ampoule infectée au pied. J’avais un peu mal en marchant en début de journée mais je crois en moi : je dis toujours que je ne joue pas des finales, je les gagne" a-t-il analysé une fois le titre en poche. Des intentions confirmées par les faits : il reste sur cinq victoires en cinq finales disputées et compte déjà 28 succès pour seulement 3 défaites en 2022.
"Je crois que je suis prêt à gagner un Grand Chelem"
Son tennis, son mental et ses prestigieuses victoires continuent d’asseoir sa réputation d’ovni et nourrissent les pronostics les plus fous quant aux prochaines semaines de compétition. Et si l’Espagnol a d’ores et déjà annoncé son forfait à Rome pour soigner sa cheville et se remettre physiquement de ses récentes prestations, son ambition grandit en même temps que son palmarès. "Je crois que je suis prêt à gagner un Grand Chelem. L’an passé, Roland-Garros a été le premier Grand Chelem dans lequel je suis parvenu au troisième tour. Cette fois, je pense que les gens me voient comme un favori mais je ne prends pas ça comme une pression supplémentaire mais davantage comme une source de motivation. J’ai envie d’aller à Paris pour montrer que je peux également bien jouer en Majeur" a-t-il poursuivi.
Désormais sixième joueur mondial et capable de battre tout le monde, le vainqueur des tournois de Barcelone et Madrid ne se fixe aucune limite. "Il y a cinq joueurs devant au classement. Rafa et Novak ne stagnent pas, ils continuent de progresser. Il faut que je m'améliore encore, je peux progresser dans tous les secteurs et il n'y a pas de limites" conclut-il avec le sourire. Le rendez-vous est pris.
Ons Jabeur, une première historique
La veille du sacre de Carlos Alcaraz, une autre page d’histoire a été écrite dans la Caja Magica de Madrid. En finale après de convaincantes victoires face à Belinda Bencic, Simona Halep et Ekaterina Alexandrova notamment, Ons Jabeur est devenue la première joueuse arabe titrée en WTA 1000. Une consécration logique et méritée pour la Tunisienne de 27 ans, en constante progression et qui retrouve son meilleur classement ce lundi (7e mondiale). "Je n’arrive toujours pas à y croire, je suis passée par toutes les émotions ces derniers jours. Aujourd’hui, j’avais l’impression que mon cœur allait sortir de ma poitrine. J’étais vraiment stressée" a-t-elle confié après sa finale victorieuse face à Jessica Pegula (7/5, 0/6, 6/2).
Il faut dire que cette dernière rencontre n’a pas été de tout repos pour la favorite logique de cette confrontation inédite sur terre battue. Menée 4-1 dans la première manche avant d’inverser la tendance, elle a payé ses nombreux efforts au cours d’un deuxième set totalement dominé par l’Américaine. Difficile alors de ne pas faire resurgir les vieux démons nés de ses occasions manquées à Chicago en 2021 ou plus récemment à Charleston.
Mais la joueuse de 27 ans a su trouver les ressources physiques et mentales nécessaires pour s’adjuger le deuxième titre de sa carrière, sans aucun doute le plus prestigieux. "C'est fou parce que je savais que je jouais vraiment bien et que j'avais le niveau pour gagner n'importe quel tournoi. Mais parfois, il a manqué quelques petites choses. Ce tournoi n'était pas génial au début mais c’était vraiment bien ensuite. Pour la finale, j'ai dû me préparer mentalement […] A Chicago, j’ai feuilleté le livre 21 leçons sur le tennis, j’ai ouvert une page au hasard qui expliquait ce que le tennis pouvait vous apprendre. J’ai utilisé ça et je pense que ça a bien marché ici !" a analysé celle qui compte désormais le plus de victoires sur terre battue cette année.
Roland-Garros en ligne de mire
Evidemment, un tel succès en appelle d’autres. Engagée dès cette semaine du côté de Rome, Ons Jabeur n’a pas caché sa volonté de parvenir à enchaîner en conférence de presse ce matin : "J’aimerais réussir à gérer le back-to-back entre Madrid et Rome. Les grands joueurs, les champions et les légendes y parviennent. Être prêt physiquement et mentalement, c’est un vrai défi. Je veux comprendre comment cela fonctionne. Je suis encore en train d’apprendre et j’espère que ce tournoi va vraiment bien commencer pour moi".
Mais au-delà de la barrière des WTA 1000 qu’elle a franchi avec brio ce week-end, la Tunisienne n’a pas peur de viser encore plus haut. "Je sais dans ma tête que l'objectif principal est vraiment Roland-Garros, d’être prête pour ce Grand Chelem" a conclu la championne junior de l’édition 2011. Là encore, au vu de sa très belle semaine madrilène, ses futures adversaires sont prévenues.