Qualifié pour la deuxième semaine de Roland-Garros pour la première fois de sa carrière, Hugo Gaston, 239e mondial, s’amuse sur le court. Et ça se voit.
Hugo Gaston, joueur dans l’âme
A la découverte de Hugo Gaston, meilleur Français de cette édition 2020. Le Toulousain affronte dimanche Dominic Thiem pour une place en quarts de finale.
Né dans une famille de passionnés, avec un père président du TC Fonsorbes, en Haute-Garonne, depuis près de 20 ans, une mère juge-arbitre et un frère aîné arbitre, Hugo a frappé ses premières balles dès qu’il a su marcher et n’a plus jamais arrêté.
Créatif et malin
D’un naturel discret et calme, dans la vie comme sur le terrain, toujours de bonne humeur selon ses proches, le Toulousain (1,73 m) adore cuisiner ses adversaires. Jusqu'à les rendre fous...
Frappes molles et bombées, slices de revers, amorties à foison, accélérations fulgurantes et variations en tout genre : il compense son manque de puissance relatif en ne frappant jamais deux fois la même balle. De quoi décontenancer n’importe quel adversaire. A Paris, Maxime Janvier et Yoshihito Nishioka et donc Stan Wawrinka en ont déjà fait les frais. Prochain sommet à franchir pour Hugo : Dominic Thiem, le vainqueur de l'US Open, avec à la la clef, la découverte probable du court Philippe-Chatrier.
Le Japonais, 52e mondial, pourtant peu réputé pour son impétuosité, en a même brisé sa raquette.
Hugo aime bien jouer avec son adversaire, analyse son entraineur Marc Barbier. Son challenge maintenant, c’est que le jeu soit au service de l’efficacité. Par le passé, ça a pu lui jouer des tours. Il a perdu pas mal de matchs parce qu’il avait oublié de gagner. Là, il progresse car il gagne en efficacité et garde sa capacité à déstabiliser l’adversaire, qui ne sait jamais quel coup il va recevoir."
Progrès constants
Depuis l’Open d’Australie, où, bénéficiaire d'une wild-card, il avait fait forte impression contre Jaume Munar pendant deux sets avant de faiblir, le gaucher a encore progressé.
"L’expérience de Melbourne lui a servi. Tout comme ses deux premiers Roland-Garros en qualifications. C’est un joueur qui avance à son rythme mais à une allure soutenue. Il est très travailleur et ne rechigne jamais. D’ailleurs, on a fait une préparation de dix jours très intense, avec double dose de tennis et de physique juste avant d’arriver à Paris. Et ça paye", se réjouit son mentor.
Celui qui a formé Hugo de 6 à 13 ans, puis depuis ses 17 ans, après ses passages de trois ans au Pôle Espoirs de Poitiers et de deux ans à l’INSEP, n'est pas surpris de le voir évoluer à ce niveau.
"Je sais de quoi il est capable mais là où il m’a impressionné aujourd’hui, c’est dans sa capacité à maintenir ce niveau de jeu sur la durée du match. Contre Nishioka par exemple, il a passé une étape en se prouvant qu’il était capable de garder de la constance sur toute la durée d’un match au meilleur des cinq sets. Il y a eu une belle gestion de l’ensemble de la partie."
Après sa victoire contre Yoshihito Nishioka, la deuxième de sa carrière face à un 52e mondial après celle contre Londero au premier tour des qualifications au Rolex Paris Masters en 2019, Hugo est resté longtemps assis sur sa chaise, sourire jusqu’aux oreilles. Comme pour mieux savourer pleinement cette première qualification pour un troisième tour en Grand Chelem.
Des JO de la jeunesse au Suzanne-Lenglen contre Wawrinka
"A la fin du match, il y a eu beaucoup de joie et d'émotions parce que je ne m’y attendais pas forcément. Même pendant le match, c’était fort, parce qu'il y avait quand même pas mal de personnes qui m'encourageaient. C'était vraiment super, une belle ambiance", raconte celui qui a fêté ses 20 ans le 26 septembre.
Une atmosphère chaleureuse que le médaillé d'or aux Jeux Olympiques de la Jeunesse de Buenos Aires en 2018 a retrouvé sur le court Suzanne-Lenglen lors de ses cinq manches électriques contre Stan Wawrinka. Un vrai rêve éveillé.
Hugo n’avait que 15 ans lors de la victoire du Suisse à Roland-Garros. Une finale qu’il avait regardée, évidemment. "Bien sûr que je me souviens de sa victoire ici. Je suis fan de tennis donc forcément, cette finale, je l'ai regardée, et c'était très inspirant. Stan est un très grand joueur, un grand champion. J'ai beaucoup de respect pour lui."
Ne rien regretter
"Tout donner pour ne pas avoir de regrets !" Ce mantra sera de mise à l'heure d'affronter Dominic Thiem. "Je veux qu’il se nourrisse au maximum de chaque instant qu’il passera sur le terrain. Qu’il prenne du plaisir, qu’il s’engage à fond dans toutes ses frappes, qu’il donne son maximum et surtout, qu’il vive pleinement ce moment magique." Qui, on lui souhaite, en appellera d’autres. Avec une patte gauche pareille, c'est plus que probable...