Alors qu'elle n'avait que 16 ans, Donna Vekic a atteint sa première finale WTA lors d'un tournoi à Tashkent. Plus jeune finaliste sur le circuit depuis six ans, elle a attiré l'attention avec ses coups puissants et son talent brut. À 17 ans, elle a remporté son premier titre WTA à Kuala Lumpur (en 2014), devenant la première joueuse de moins de 18 ans à glaner une telle récompense depuis 2006.
Interview Vekic : "Je crois en mes chances"
L'été magique de la Croate n'est pas encore terminé !
Une décennie plus tard, la Croate connaît un été de premières, elle qui a atteint sa première demi-finale de Grand Chelem à Wimbledon avant de décrocher une médaille d'argent rêvée aux Jeux olympiques de Paris 2024. Gravir de nouveaux échelons à 28 ans a une signification bien différente pour Vekic, comparé à ses accomplissements d'adolescente.
"Je suis probablement beaucoup plus détendue, et je garde les pieds sur terre. Même les défaites, je ne les prends plus aussi durement qu'avant" a-t-elle expliqué dans une interview accordée à rolandgarros.com vendredi, après s'être qualifiée pour les huitièmes de finale de l'US Open.
En 2021, une opération du genou menaçant sa carrière l'a poussée à envisager la retraite, mais elle en est définitivement ressortie plus forte, armée de nouvelles perspectives et d'une grande confiance.
"Bien sûr, je suis plus âgée, apparemment plus sage aussi, a t-elle souri. En fin de compte, quand on replace les choses dans leur contexte, ce n'est qu'un match de plus, il y a des choses bien plus importantes qui se passent."
Un remake très attendu
Cette approche pragmatique pourrait lui être utile au moment d’affronter la tête de série n°7 Qinwen Zheng ce dimanche, dans une rencontre qui sera la revanche de leur affrontement pour la médaille d'or olympique il y a un mois.
Elle aborde ce choc sans avoir perdu le moindre set en quatre parties disputées au Billie Jean King National Tennis Center et en ayant remporté 16 de ses 20 derniers matchs, une série qui a commencé sur le gazon de Bad Homburg, où elle a atteint la finale.
Arrivée à New York avec sa médaille d’argent dans ses valises, elle ne compte pas s'en servir comme une source de motivation supplémentaire au moment d’affronter celle qui l’a privée de l’or. "C'est du passé. Je l'ai emportée avec moi uniquement pour me rappeler que j'ai une médaille. C'est un nouveau match et peu importe ce qu'il s'est passé, je lui laisse la médaille d'or, ça me va" s'est amusée celle qui vise un deuxième quart de finale consécutif en Grand Chelem, le quatrième de sa carrière.
Le rêve d'un Grand Chelem se rapproche
En conférence de presse vendredi, Vekic a déclaré qu'elle était "plus motivée que jamais" en ce moment, ce qu’elle n’espérait pas forcément après avoir atteint son objectif ultime de la saison : remporter une médaille olympique.
Elle est tout simplement portée par une grande confiance en elle, conséquence directe de ses excellents parcours récents. "Est-ce que je dirais que j'ai débarqué à New York en pensant gagner l'US Open ? Non, mais une fois que vous passez les premiers tours, tout est possible... De nos jours, je pense que tout le monde a une chance de gagner. C'est juste une question de feeling pendant la quinzaine. Mais bien sûr, c'est difficile de gagner un Grand Chelem, c'est la chose la plus compliquée à réaliser dans le tennis, mais je crois en mes chances."
L'effet Shriver
Autre facteur qui contribue à la renaissance de la Croate : l'arrivée dans son équipe il y a près de deux ans de Pam Shriver en tant que coach adjointe et mentor. Finaliste de l'US Open en 1978 et titrée à 21 reprises en Grand Chelem (en double dames), l'Américaine est devenue un élément clé, aux côtés de l'entraîneur Nick Horvat.
"Je pense que Donna a gagné en maturité en tant qu'athlète et c'est extrêmement satisfaisant de voir qu'elle obtient ces résultats", a expliqué celle qui officie également en tant que consultante pour ESPN, à rolandgarros.com.
"Je sais que Donna est mieux préparée que jamais. Elle est capable de maintenir ce niveau et de comprendre ce qu'il faut pour réaliser un tournoi de qualité. Il ne s'agit pas de le faire une fois tous les trois ou six mois mais bien de les enchaîner. Et peu importe l’époque, ce n'est pas facile à faire mais c'est particulièrement le cas en ce moment en raison de la forte concurrence. Aujourd'hui, plus que par le passé, il n’y a pas de match facile, c’est très rare. Vous devez être capable de vous battre et d’être résilient à chaque rencontre. C’est sans doute le point sur lequel elle a particulièrement progressé."
L'une des choses sur lesquelles l'Américaine insiste le plus, c’est ce qu'elle appelle le "hold-serve mindset". Elle souhaite que Vekic prenne conscience qu'elle peut être "l'une des quatre meilleures serveuses du circuit."
Durant cet US Open, l'actuelle 24e joueuse mondiale détient le plus haut pourcentage de points gagnés derrière sa première balle (80 %). Elle est également la sixième joueuse ex-aequo à avoir réalisé le plus grand nombre d’aces (16 en trois tours).
"A Chaque fois que je regarde les statistiques au service, je suis toujours dans le top 10, donc je dois pousser un peu plus pour être dans le top 5", a analysé Vekic. Mais je pense qu'ici, et plus globalement depuis quelques mois, je sers très bien et cela fait certainement la différence."
Concernant la rencontre de dimanche, Pam Shriver est heureuse de voir les deux joueuses s’affronter de nouveau, si peu de temps après les Jeux olympiques. "Croyez-moi, dans cette situation, cela ne peut être que positif pour Donna. C'est enthousiasmant que cela arrive maintenant. Tous les fans de tennis veulent voir des remakes de grands matchs. Bien sûr, je me souviens du score, mais c'était un 6/2, 6/3 aussi serré qu’il puisse l’être, il y a eu beaucoup de très bonnes choses dans ce match olympique."
Shriver et Vekic savent toutes les deux que jouer Zheng sur dur plutôt que sur la terre battue parisienne, pourrait être un atout pour la Croate.
"Tout est réuni pour Donna. Elle sait qu’elle occupe une nouvelle place sur le circuit. Je pense qu’elle a toutes les qualités pour intégrer le top 10 et désormais, elle croit en elle et on ne sait jamais ce qui peut arriver", a ajouté Shriver.
Vekic et Zheng comptent une victoire chacune lors de leurs deux derniers affrontements sur cette surface et savent exactement à quoi s’attendre.
"Elle a un énorme service et elle est très agressive. Mon objectif sera de la faire bouger et d'essayer d'être la première à m'ouvrir le court. Ce sera complètement différent, c'est sûr, puisque ce n’est qu’un huitième de finale et pas un match pour une médaille d'or", a conclu la Croate.