"Nous voulons un tournoi exemplaire et exceptionnel"

Alors que Roland-Garros vient de dévoiler son protocole sanitaire pour l’édition 2020 du tournoi, Jean-François Vilotte, Directeur général de la FFT, nous l’explique dans ses grandes lignes.

Jean-François Vilotte in the new Roland-Garros stadium©Frédéric Stevens/FFT
 - Myrtille Rambion

L’édition 2020 de Roland-Garros qui débutera le 21 septembre à la Porte-d’Auteuil sera particulière, forcément. De par sa position dans le calendrier : le Grand Chelem parisien se joue à l’automne, pour la première fois de son histoire.

De par la métamorphose achevée du court Philippe-Chatrier, désormais coiffé d’un toit. Et de par la situation sanitaire liée à la pandémie de COVID-19, qui implique la mise en place d’un protocole sanitaire extrêmement rigoureux pour l’ensemble des acteurs de l’événement.

Pour rolandgarros.com, Jean-François Vilotte, Directeur général de la Fédération Française de Tennis, en explique la philosophie et donne des détails concrets sur sa mise en place.

Sunny new Roland-Garros 2020©Christophe Guibbaud/FFT
Quelles sont les grandes lignes directrices du protocole sanitaire mis en place à Roland-Garros ?

L’objectif de ce protocole sanitaire est, en responsabilité, de concilier la protection des populations qui, à un titre ou à un autre, pourraient être présentes sur le stade pendant cette édition 2020 du tournoi, et l’organisation de cet événement tennistique international exceptionnel. La première des protections est de permettre à toutes et à tous de respecter les règles de distanciation physique et de gestes barrière : le protocole sanitaire prévoit donc en premier lieu l’obligation du port du masque, une gestion des flux permettant le respect de la distanciation physique et il permet, pour les mêmes raisons, que le public assis soit espacé. De même, toute une série de dispositifs passifs de protection sera installée dans le stade, comme des distributeurs de gel hydro-alcoolique. Mais au-delà de ces règles, nous avons réfléchi à une partition physique contrainte du stade pour éviter trop de croisements de flux.

 

La partition du stade était la solution qui garantissait les meilleures conditions d’accueil du public cette année ?

Cette partition va créer des contraintes, mais elle poursuit un objectif sanitaire tout à fait évident vis-à-vis des spectateurs. Les règles d’organisation et de gestion de l’espace du Stade Roland-Garros vont, certes, significativement différer de celles qui s’appliquent dans une édition traditionnelle. Mais on a la chance d’avoir un stade qui s’étend sur 12 hectares et, d’est en ouest, sur 1 kilomètre, avec différents lieux où la compétition se joue : à l’est, le court Simonne-Mathieu, puis le court Philippe-Chatrier, le court Suzanne-Lenglen et, à l’ouest, les terrains annexes. Et donc cette singularité qui fait que le stade Roland-Garros ne ressemble pas à un équipement sportif traditionnel. Cette particularité va nous permettre d’organiser au mieux ce tournoi, pour concilier le bon déroulement de l’épreuve et ce qui n’est pas négociable, évidemment : la protection sanitaire des différentes populations.

Panama in the stands at Roland-Garros 2019©Emilie Hautier/FFT
Parmi ces populations, il y a aussi les membres de l’organisation du tournoi au sens large. Pour elles, qu’est-il prévu ?

Concernant les populations qui sont présentes de façon récurrente dans le stade et notamment, en effet, les populations qui participent à l’organisation au sens large du tournoi, eh bien, nous avons envers elles une politique de tests qui conditionne l’accréditation qui va leur être remise. Et pour ces personnes accréditées qui sont présentes dans le stade sur une période longue, ces tests seront renouvelés pendant le déroulement du tournoi.

 

Pour les joueurs et leurs entourages, on imagine bien évidemment que le protocole sera là aussi très rigoureux.

Évidemment, nous portons une attention particulière à la population sportive qui, elle, par définition, va se trouver dans une proximité plus grande encore. Donc, là aussi, sur le modèle de ce que l’on a vu à l’œuvre ailleurs et de ce que nous avons nous-même mis en œuvre à l’occasion de l’organisation de tournois de bien moindre importance (comme le Challenge Elite FFT, ndlr), nous créons un environnement sanitairement très strict autour de la population sportive au sens large pour surveiller et détecter tout phénomène de contamination à la COVID-19. Ce protocole sanitaire est extrêmement exigeant, extrêmement responsable. Nous n’aurions jamais organisé le tournoi si nous n’étions pas, avec les autorités publiques, convaincus que ce protocole sanitaire est à la hauteur des défis sanitaires du moment.

Prise de température au Challenge Elite FFT.©Corinne Dubreuil/FFT
La décision d’organiser Roland-Garros dans ce contexte sanitaire si particulier a, on le voit, été mûrement réfléchie.

La FFT a la responsabilité de la protection sanitaire des populations, elle a une responsabilité du point de vue du tennis international en ce qui concerne l’organisation de ce tournoi majeur et elle a également une responsabilité sociétale. Ce que nous voulons donner à voir, c’est la possibilité d’une vie sportive, d’une vie sociale, d’interrelations, dans le strict respect des normes sanitaires. Nous voulons à tous points de vue que ce soit un tournoi exemplaire et exceptionnel. Cette exemplarité du tournoi vise également à démontrer que la vie économique peut reprendre, évidemment à certaines conditions et dans le respect de certaines contraintes.

 

Qu’entendez-vous par là ?

En tant qu’organisateurs de cet événement sportif qui est, avec le Tour de France, l’événement sportif de dimension internationale récurrent le plus important en France, nous avons une responsabilité en termes d’emplois, de vie économique, de rayonnement vis-à-vis de la Ville de Paris, de la Région Ile-de-France et plus généralement de l’économie événementielle. De ce point de vue, l’édition 2020 du tournoi n’est pas seulement un événement sportif, c’est aussi le témoignage que dans ce contexte sanitaire, nous avons les ressources humaines et le savoir-faire, dans le secteur de l’événementiel sportif, pour concilier l’organisation d’un événement de cette dimension et le strict respect de la protection de la santé de l’ensemble des populations impliquées dans le tournoi.