L'Amérique entre elles

Stephens, Keys et Anisimova joueront les quarts de finale à Roland-Garros.

 - Rémi Bourrieres

Si ce Roland-Garros 2019 n'aura pas été un grand cru pour le tennis US masculin (aucun représentant au troisième tour), il l'est en revanche pour les Américaines : elles seront trois en quarts, une première ici depuis 2004 avec les sœurs Williams et Jennifer Capriati.

Lindsay Davenport et James Blake, présents à Roland-Garros pour, entre autres choses, disputer le Trophée des Légendes nous donnent leur avis sur Sloane Stephens, Madison Keys et Amanda Anisimova.

Sloane Stephens, l'habituée

26 ans
Adversaire en quarts de finale : Johanna Konta (n°26)

Ses résultats ne suivent pas toujours la constance de ses coups. Mais quand elle est en forme, Sloane Stephens est particulièrement difficile à arrêter. Et là, plus de doute, elle est en forme !

La finaliste sortante (face à Simona Halep) l'a prouvé au tour précédent en dominant en deux sets la championne de l'édition 2016, Garbiñe Muguruza : "Sur ce que j'avais vu lors des tours précédents, je donnais Muguruza favorite, mais Sloane a fait un super match, s'enthousiasme l'ancienne numéro un mondiale Lindsay Davenport. Elle m'a vraiment beaucoup impressionnée. Je crois maintenant qu'elle peut battre n'importe qui."



James Blake partage cet avis, d'autant que pour lui, dans ce trio, Sloane est la joueuse dont le tennis s'adapte le mieux à la terre : "Elle se déplace de manière exceptionnelle et surtout, elle est très forte dans la transition attaque/défense. Je crois que sur ce plan, elle n'a pas d'équivalent sur le circuit féminin. Et puis, elle a déjà gagné un Grand Chelem (l'US Open 2017). Grâce à ça, elle est plus relax, elle sait qu'elle peut le refaire."  

Sans titre à son actif depuis le début de la saison, celle qui s'est récemment fiancée avec le footballeur Jozy Altidore, un ami d'enfance, est montée en puissance à Madrid, où elle a atteint les demi-finales. Elle a ensuite perdu d'entrée à Rome face à Johanna Konta. Sa prochaine adversaire…

Roland-Garros 2019 - Stephens©Corinne Dubreuil / FFT

Madison Keys, la constante

24 ans
Adversaire en quarts de finale : Ashleigh Barty (n°8)

Quelque part, elle est un peu "l'anti-Sloane" : un tennis à priori plus à risques mais une plus grande régularité dans les tournois du Grand Chelem, où elle court pourtant toujours après un premier titre.

C'est peu dire que Madison est sur la bonne route. Depuis sa première demi-finale à l'Open d'Australie, en 2015 (à 19 ans), elle a atteint 13 fois sur 17 la deuxième semaine d'un Grand Chelem (dont six des sept derniers). L'an dernier, elle fut la seule joueuse (avec Kerber) à atteindre au moins trois quarts de finale en Grand Chelem. Dont les demi-finales ici face à Sloane Stephens, qui l'avait également battue en finale de l'US Open 2017.



Peut-elle gravir, ici, la dernière marche ? "J'ai peur que les conditions humides annoncées cette semaine ne lui soient pas très favorables, estime Davenport, qui entraînait Keys en 2014 et 2015. Mais tout peut arriver. Moi, quand j'affrontais des joueuses comme Sanchez ou Martinez sur terre, je ne m'en croyais pas capable. Madison, elle, y croit contre tout le monde, y compris sur terre."

La preuve, Keys a remporté en avril son premier tournoi sur terre battue, à Charleston. C'est aussi une question d'état d'esprit, comme le fait remarquer James Blake : "À l'inverse de nombreux Américains - comme moi ! – qui n'étaient pas très contents quand débutait la saison sur terre battue, Madison aime ça. Elle aime être là, elle aime Paris. Et c'est une joueuse qui sait très bien gérer la pression."

Amanda Anisimova, la "rookie"

17 ans
Adversaire en quarts de finale : Simona Halep (n°3)

Ceux qui suivent le circuit de loin seront peut-être étonnés de voir son nom en quarts de finale d'un Grand Chelem pour la première fois. Les autres, aucunement.

À l'Open d'Australie, en début d'année, elle était devenue la plus jeune joueuse à atteindre la deuxième semaine d'un tournoi majeur depuis la Tchèque Nicole Vaidisova en 2006. "Logiquement", elle est donc devenue la plus jeune joueuse à atteindre les quarts à Roland-Garros depuis cette même Vaidisova, en 2006.



Et elle l'a fait, s'il vous plaît, sans perdre un seul set, concédant seulement 23 jeux. Plus de doute : si elle n'est encore "que" 51e mondiale, Amanda Anisimova est d'ores et déjà à compter parmi les meilleures. "C'est une superstar en puissance, c'est clair, s'enthousiasme Lindsay Davenport. Elle a du talent, elle sait ce qu'elle veut, elle travaille dur. À mon avis, on va la voir pendant très longtemps…"

Car oui, rappelons-le, l'Américaine aux origines russes n'a pas encore 18 ans (elle les fêtera fin août). "Elle pourrait être ma fille, ça me donne un coup de vieux !, en sourit James Blake, avant d'abonder dans le sens de sa compatriote. Elle est à la fois solide et puissante, c'est très impressionnant. Mais le plus incroyable, c'est sa mentalité."

Et aussi cette capacité, comme Stephens ou Keys, à s'adapter facilement à la terre battue, surface sur laquelle elle a remporté son premier titre en avril à Bogota.

Le tennis féminin US à Roland-Garros, c'était aussi :

-       17 engagées dans le tableau final, soit la nation la plus représentée.

-       2 joueuses de 20 ans ou moins (Anisimova, Kenin) en deuxième semaine, une première à Roland-Garros depuis 1998 et les sœurs Williams.