Les 5 choses à savoir sur Stefanos Tsitsipas

Mais qui est l'épatant tombeur de Thiem, Carreno, Schwartzman et Ramos à Barcelone ?

Stefanos Tsitsipas Barcelone 2018.©Alex Caparros /AFP
 - Guillaume Willecoq

Bien sûr, il a comme tout le monde fini par subir la loi de Rafael Nadal. Mais l’accession de Stefanos Tsitsipas à la finale de l’ATP 500 de Barcelone, avec à la clé des victoires sur Diego Schwartzman, Albert Ramos, Dominic Thiem et Pablo Carreno Busta, a été "LA" sensation de la semaine sur terre battue. Ce qu’il faut savoir sur ce Grec de 19 ans, deuxième plus jeune joueur du Top 50, derrière Denis Shapovalov.

Le sport de haut niveau, une affaire de famille

Stefanos incarne la troisième génération de sportifs de haut niveau dans sa famille. Son grand-père maternel, Sergueï Salnikov, est une légende du football soviétique, notamment champion olympique en 1956.

Sa mère, Julia Salnikova, a joué au tennis à l’échelon international. Et ne vous fiez pas à son modeste dossard de 194e mondiale obtenu en 1990, après la chute du mur de Berlin : elle valait sans doute mieux que ce classement dix ans plus tôt quand, interdite de professionnalisme, elle n’en battait pas moins en Fed Cup des joueuses du calibre de Virginia Wade (triple gagnante en Grand chelem en simple) et Renata Tomanova, finaliste de Roland-Garros en 1976.

Quant à son père, Apostolos Tsitsipas, il est entraîneur de tennis et c’est tout naturellement qu’il a intégré son jeune fils à ses élèves du club de Glyfada (banlieue chic d’Athènes) quand il était petit. Quinze années plus tard, il est toujours son entraîneur.



Toujours dans le peloton de tête en juniors

Sans être "le" patron de sa génération, Stefanos Tsitsipas a toujours fait partie des meilleurs de sa catégorie d’âge (ce qui a son importance, en particulier pour la recherche de sponsors, comme on le verra plus bas) : finaliste de l’Orange Bowl en 2014 et 2015, il a été champion d’Europe en 2016 (battant lors des deux derniers tours les deux meilleurs Français, Geoffrey Blancaneaux et Corentin Moutet).

Cette année-là, il accède à la place de n°1 mondial junior grâce à sa régularité en simple (quarts en Australie et Roland-Garros, demies à Wimbledon et à l’US Open) et à son titre à Wimbledon en double. Ses condisciples ont pour nom Denis Shapovalov, Casper Ruud, Alex De Minaur… tous noms dont on commence à parler depuis un an.



Un point faible ?

C’est plutôt bon signe : lorsque les journalistes arrivent à la traditionnelle question "points forts / points faibles" posée à tout nouveau visage du circuit, les réponses du clan Tsitsipas varient. Si pour Stefanos ses points forts sont "le coup droit et le service", son père insiste plus sur son revers, développé à une main. "Il a essayé les deux puis, vers dix ans, a opté pour le revers à une main."

Avec son physique élancé et athlétique (1,93m pour 83kg), tout cela porte le jeune homme à regarder du côté de "Roger Federer, Stan Wawrinka et Juan Martin del Potro" quant aux joueurs qui lui servent de modèles.



2017, l’éclosion

La transition juniors / seniors a été parfaitement négociée du côté de Stefanos. Le grand public a pu le découvrir lors du dernier Roland-Garros, où, alors classé 205e mondial, il est sorti des qualifications avant d’accrocher Ivo Karlovic au premier tour, sur le court n°3.

Auteur ensuite d’une grosse tournée estivale de terre battue sur le circuit Challenger, on l’a retrouvé au premier plan en fin d’année, du côté d’Anvers, où il a signé sa première demi-finale sur le circuit principal à la faveur de sa première victoire à Top 10 sur David Goffin (10e).

Avec cette finale à Barcelone et sa deuxième victoire à Top 10 (Dominic Thiem, 7e), il franchit encore un cap puisqu’il pointe 44e mondial ce lundi. 205e à Roland-Garros l’an passé, il n’est plus si loin d’y revenir en 2018 en tant que tête de série…



Le champion que la Grèce attend ?

Si la diaspora grecque a eu ses hérauts (Petros "Pete" Sampras et Mark Philippoussis hier, Nick Kyrgios et Thanasi Kokkinakis aujourd'hui), la Grèce n’a guère connu d’émois tennistiques, à l’exception d’Eleni Daniilidou et sa 14e place mondiale en 2003. Côté masculin, Stefanos Tsitsipas est le premier Grec à "craquer" le Top 100 – et a fortiori le Top 50.

"La Grèce n’a pas une énorme culture tennis, juge le jeune homme, très attaché à ses couleurs nationales. Nous sommes plus portés sur le foot et le basket. Et la crise économique n’a rien arrangé. Quand j’ai commencé à jouer au tennis, le meilleur joueur grec était Constantinos Economidis (112e mondial à son meilleur, ndlr). J'étais au premier plan pour le voir : c'était un joueur talentueux, discipliné et déterminé, mais il n’avait pas la structure pour suivre. Reste qu’il est un exemple pour moi : ce qu’il a pu accomplir avec ses moyens limités, sans coach, est tout simplement remarquable." Avec aussi Maria Sakkari côté WTA, le tennis grec vient peut-être d’ouvrir un chapitre autrement plus faste…