10 choses à savoir sur Denis Shapovalov

Le Canadien a eu droit aux honneurs du "Lenglen" pour son premier match à "Roland". Et il a gagné.

Denis Shapovalov Roland-Garros©Philippe Montigny / FFT
 - Julien Pichené

Classé 193e mondial et inconnu du grand public il y a encore un an, Denis Shapovalov, 19 ans, a eu droit aux honneurs du court Suzanne-Lenglen pour son premier match à Roland-Garros. Et il a gagné, face à John Millman (7/5 6/4 6/2). Dix choses à savoir sur le prodige canadien.

C'est déjà une vedette

Comment ça, vous ne l’avez encore vu jouer ? Même pour qui n’est pas un expert en tennis, l’énergie que dégage raquette en main Denis Shapovalov – vous pouvez l’appeler "Shapo" - est assez unique. Même s'il s'estime encore très perfectible, le gaucher a un côté artiste indéniable, quand il tente le revers croisé gagnant en sautant, ou quand il surprend son adversaire d’un retour-volée. Roger Federer himself, qu’il n’a d’ailleurs encore jamais affronté, adore déjà :"Il a un beau futur devant lui. Je suis déjà un grand fan de son service." Pour un autre ancien vainqueur de Roland-Garros, Mats Wilander, le Canadien a "la fougue et la vitesse de Nadal, et la grâce de Federer." Le mix parfait, non ?

Seulement 19 ans, mais déjà auteur de plusieurs "perfs" notables

Depuis son titre chez les juniors à Wimbledon en 2016, le Canadien né à Tel Aviv de parents russes enchaîne les tubes et les gros succès publics, et ce à une vitesse grand V. En août 2017, à seulement 18 ans et 4 mois, il fait un carton au Masters 1000 de Montréal en dominant Rafael Nadal en huitièmes de finale. Jamais un joueur aussi jeune n’avait battu un joueur du Top 2 depuis… Rafael Nadal lui-même en 2004. Autre hit, ses six matchs gagnés deux semaines plus tard à l’US Open, des "qualifs" aux huitièmes de finale, avec au passage une victoire sur Jo-Wilfried Tsonga devant les 22 000 spectateurs du court Arthur-Ashe. Même pas peur.



Il commence à se faire à la terre battue

Le 7 mai, Shapovalov n'avait encore jamais remporté le moindre match ATP sur terre battue. Demi-finaliste à Madrid, le Canadien a ensuite enchaîné sur un huitième de finale à Rome : au passage, des victoires sur Tomas Berdych, Milos Raonic ou Benoît Paire. Son succès aujourd'hui au premier tour de Roland-Garros sur le court Suzanne-Lenglen face à John Millman (7/5 6/4 6/2) est déjà son septième sur terre battue. Pas mal donc pour quelqu'un dont le compteur était encore vierge au début du mois. "C'est un objectif pour moi de m'améliorer sur terre battue. Remporter Roland-Garros est un rêve depuis toujours. Je veux m'améliorer sur cette surface et me dire que je peux briguer ce trophée."

Denis Shapovalov©Philippe Montigny / FFT
Maman joueuse et papa sportif

Tessa, la maman de Denis, est professeur de tennis (c’est pratique) dans une académie nommée Tessa Academy (facile à retenir). C’est naturellement avec elle que Denis a commencé le tennis. "Je lui demandais toujours de jouer. Elle a fini par céder à ne s’occuper essentiellement que de moi entre mes 5 et 13 ans. Elle m’aide encore beaucoup. Mon père aussi a géré une partie." Mais Viktor Shapovalov, lui, n’était pas tennisman, mais volleyeur.

Mieux que Murray, Djokovic et Federer au même âge

On parle ici de classement. Denis Shapovalov a fait son entrée dans le Top 30 le 14 mai dernier après avoir atteint les demi-finales du Masters 1000 de Madrid. A 19 ans et 1 mois, Roger Federer, Andy Murray et Novak Djokovic n’y étaient pas encore.

Sa carrière aurait pu se terminer avant même de commencer

… Car en voulant envoyer une balle dans le public pour exprimer sa frustration dans un match mal embarqué -au premier tour de la Coupe Davis 2017, il a malencontreusement lancé le projectile dans l’œil de l’arbitre de chaise Arnaud Gabas. "Je suis sorti du court avec la tête de Rocky Balboa", a raconté Arnaud Gabas, contraint de disqualifier le joueur sur le champ. Si la blessure avait été plus grave, même si ce n’était pas intentionnel, pas sûr qu’on aurait revu Shapovalov sur un court. "C’est immature ce que j’ai fait. Mais ça m’a fait grandir et apprendre. J’en suis déjà à un nouveau chapitre", confiait-il en août dernier.

Soutenu par un businessman depuis ses 13 ans

Son nom : Andrzej Kepinski, d’origine polonaise, et arrivé dans le tennis à la fin des années 80 en organisant des exhibitions avec John McEnroe. Ces 30 dernières années, Kepinski, qui a fait fortune également dans les casinos, a aidé plusieurs jeunes Canadiens mais aucun ne lui a fait autant d’effet que "Shapo". "Denis a accepté les contraintes de son métier. L’éloignement de sa famille, de la maison. Il met tout en œuvre pour atteindre ses rêves. Pour un jeune comme ça, le circuit est très difficile, très exigeant. Mais Denis a une maturité nettement supérieure à son âge réel et ça a toujours été le cas."

Il est le nouveau numéro 1 canadien

Et il n’est pas dit que Milos Raonic, qui occupait ce poste sans discontinuer depuis 2010, récupère rapidement son bien. D’une part parce que Raonic est souvent blessé ces derniers temps. Et d’autre part parce qu’un autre jeune Canadien pourrait très prochainement faire son entrée dans l’élite à son tour, Felix Auger-Aliassime.

Les deux adolescents canadiens lors de l'épreuve du double juniors de Roland-Garros 2016.

Denis Shapovalov Felix Auger Aliassime Roland-Garros junior 2016© FFT
Il ne veut plus dormir dans une chambre où il y a des posters de joueurs

A l’avenir, nous assisterons peut-être à une grande rivalité au sommet entre Denis Shapovalov (de Toronto) et Félix Auger-Aliassime (de Montréal). En attendant, les deux Canadiens sont amis et le second a même hébergé le premier l’an dernier lors du Masters 1000 de Montréal. Seul hic, quand "Shapo" a vu un poster de Nadal dans la chambre de Félix, il lui aurait demandé de l’enlever… quelques heures avant de le battre.

Casquette à l’envers

Avec sa démarche "cool" de surfeur et ses cheveux longs ramenés derrière les oreilles, la casquette à l’envers fait partie du style Shapovalov. Un problème cependant, aucun joueur n’a jamais réussi à remporter Roland-Garros avec une casquette vissée à l’envers (véridique !) Et c’est là que nous pouvons sortir la blague de la quinzaine : faut-il alors lui conseiller au plus vite de préférer le "shapo" à la casquette ?