Nadal bat Thiem : que faut-il en retenir ?

“Rafa“ s’est imposé dans la douleur face à “Domi“. Quels enseignements en tirer ?

Warm embrace at the net between Rafael Nadal and Dominic Thiem US Open 2018.©Corinne Dubreuil/FFT

C’était un match très attendu. Il a tenu ses promesses. Le “remake“ de la finale de Roland-Garros n’a pas tourné au cavalier seul, bien au contraire. Cette fois, sur le dur new-yorkais, en quarts de finale de l’US Open, Dominic Thiem a fait trembler Rafael Nadal.

Pendant pratiquement cinq heures ( !), avant de s’incliner sur le fil, sur une dernière faute directe pas franchement méritée, vu le panache de l’Autrichien jusque-là. Comme à Paris, “Rafa“ a donc gagné, mais sur un score bien moins facile : 0/6, 6/4, 7/5, 6/7, 7/6 en 4h49.

Que faut-il retenir de ce duel qui a atteint des sommets, en dépit de la chaleur, de l’heure tardive -le dernier point a été disputé à 2h04 du matin- et de la fatigue inhérente à la durée du match ?

1 – Il faut toujours compter avec Rafa

Première constatation : Rafael Nadal a gagné. Une fois cette porte enfoncée, penchons-nous plus en détail sur ce que cela signifie. Le n°1 mondial a plié, s’est raté à plusieurs occasions (à l’image de cette volée haute de coup droit à 6-5, 30A dans le 4e set qu’il suffisait de déposer et qui a fini sa course dans le bas du filet) mais a tenu bon.

D’accord, le Rafa version 2018 n’est peut-être plus aussi tranchant sur les points sous pression (tie-breaks, avantages…) que le Rafa en mode 2008, mais à la fin, jusqu’ici, il gagne. Et ce, en dépit de la qualité incontestable de l’adversaire. Malmené, chahuté, mais pas balayé le Roi de Roland !

D’autant que, à 32 ans, le Majorquin continue sa mutation de joueur : contre Dominic Thiem, il est monté au filet… 56 fois ! Avec au final, une réussite de 64% dans ce domaine. Ce qui en dit long. Tout comme sa constance au service : 66% de premières balles en moyenne en près de 5h de jeu, ce n’est pas mal…

Rafael Nadal's victory against Dominic Thiem US Open 2018©Corinne Dubreuil/FFT
2- Domi a encore franchi un palier

Dominic Thiem a tout dans son jeu pour parvenir à battre Rafa. La preuve, il l’a déjà réussi par trois fois, sur terre battue. Et pour leur tout premier affrontement sur dur, l’Autrichien a bien failli rééditer l’exploit. Avec son énorme service (191 km/h de moyenne avec une pointe à 221), son coup droit aussi lourd que supersonique et son revers à une main qu’il sait frapper de toutes les positions du court et avec tous les effets possibles, “Domi“ a réussi à mettre une pression de chaque instant sur Rafael Nadal.

Dès la première balle, alors que l’on sait que “Rafa“ est un habitué des entames de match diesel. Bilan : sept points seulement marqués par l’Espagnol dans un premier set remporté 6-0 par l’Autrichien. Lift, longueur de balle, amorties, vitesse de déplacement et (sur)puissance : il fallait parfois se pincer pour ne pas prendre l’un pour l’autre sur le court et inversement.

Dominic Thiem fist pumping against Rafael Nadal US Open 2018©Corinne Dubreuil/FFT

Une des questions à l’orée de ce quart de finale concernait la capacité de Dominic Thiem à tenir (ou pas) physiquement sur cinq sets, face à la cadence de Rafa, dans la touffeur new-yorkaise. La réponse est sans appel : il en est plus que capable. Domi l’a tout simplement fait. Le physique a tenu, permettant un spectacle exceptionnel jusqu’à la fin.



C’est un match qui restera dans ma mémoire pour toujours, a commenté Dominic Thiem. Le tennis est parfois cruel. Dans un tel match, personne ne méritait vraiment de perdre, mais il fallait un perdant. Je dirais que si l’on fait exception du premier set, ç’a été un match très ouvert, du début à la fin. La manière dont cela s’est fini, dans un tie-break montre bien que c’était du 50/50.“

“Je lui ai dit au filet : ‘je suis vraiment désolé pour toi, tu es bon, continue comme ça’, a expliqué Rafa. Il est jeune, il a tout le temps devant lui. Il a tout ce qu’il faut. Il se bat, il a une super attitude et c’est le plus important. C’est un garçon très bien éduqué, un super gars. Je suis désolé pour lui mais je suis sûr qu’il aura sa chance dans le futur, cela ne fait aucun doute.“

Rafael Nadal sweating US Open 2018©Corinne Dubreuil/FFT
3- Rafa va (peut-être) être fatigué

Jouer 4h49 à un tel niveau d’intensité, dans une telle chaleur humide et terminer à 2h04 du matin, voilà qui devrait laisser des traces dans l’organisme, tout Taureau de Manacor soit Rafa. La récupération va être un facteur essentiel dans la perspective de sa demi-finale contre Juan Martin del Potro. Elle se jouera vendredi, ce qui lui laisse deux journées pleines pour se reposer et recharger les batteries.

En tout cas en théorie : car une fois la routine d’après-match accomplie, du bain froid à l’incontournable conférence de presse, le temps de rentrer à l’hôtel et de s’offrir une collation, l’heure du coucher pour “Rafa“ après son morceau de bravoure face à Dominic Thiem risque fort de dépasser celle du réveil des oiseaux de Central Park.



Cela pourrait peser au moment d’affronter un Juan Martin del Potro qui a, lui, certes disputé aux heures les plus chaudes de la journée de mardi son quart de finale, mais qui aura eu un précieux temps de récupération supplémentaire. Qui aura l’avantage dans cet autre match au sommet ? Cela, c’est une autre histoire…