J9 : la carte postale

Anecdote, tranche de vie, moment fort... Chaque jour, Roland-Garros vous envoie sa carte postale.

 - Roland-Garros

Cher public,

Tout va très bien pour moi, le soleil est enfin revenu et ma dernière ligne droite s'annonce passionnante. Cela faisait longtemps que mon tableau féminin n'avait pas réuni un tel casting de reines. Iga Swiatek, Aryna Sabalenka, Coco Gauff, Elena Rybakina et Marketa Vondrousova, soit mes cinq premières têtes de série, se sont toutes qualifiées pour les quarts de finale (dont le reste du plateau n'est pas mal non plus...), ce qui n'était plus arrivé chez moi depuis 2013. C'est aussi la première fois que les tenantes des quatre tournois du Grand Chelem (Swiatek ici, Vondrousova à Wimbledon, Gauff à l'US Open et Sabalenka en Australie) se retrouvent en quarts d'un même Majeur depuis l'US Open 2012.

Depuis, le circuit féminin a été marqué par un turnover – moins vrai chez moi depuis quatre ans, cela dit – qui l'a rendu passionnant au niveau du suspense, mais moins lisible pour ceux qui, dans tes rangs, suivent de plus loin les choses du tennis. Et voilà que depuis quelques mois, je ne t'apprends rien, l'on ressent à nouveau un changement de tendance avec, notamment, une grosse rivalité qui s'est installée au sommet entre Swiatek et Sabalenka. Rivalité que d'autres joueuses pourraient venir arbitrer rapidement, parmi lesquelles cette petite Mirra Andreeva. Tu l'as vue battre ma dernière Française, Varvara Gracheva, pour devenir à 17 ans la plus jeune quart de finaliste dans mes murs depuis 2005.

Je me réjouis de tout cela car mon histoire s'est nourrie de ces rivalités entre immenses championnes, d'Evert-Navratilova à Henin-S.Williams en passant par Graf-Seles, et beaucoup d'autres. Ce sont ces chocs de reines, je le sais, qui laissent une trace indélébile sur ma terre et marquent durablement tes souvenirs. Et crois-moi, on devrait être servi cette année. On l'a déjà été, du reste, avec le match entre Iga Swiatek et Naomi Osaka, probablement le plus beau du tournoi féminin jusqu'à présent. Mais quelque chose me dit que l'on n'est pas au bout de nos émotions.

Un bel hommage à Suzanne Lenglen

Et c'est un beau symbole, je trouve, d'assister à ce magnifique tournoi féminin l'année où le court Suzanne-Lenglen est sous les feux de l'actualité, avec son nouveau toit au design inspiré des jupes plissées portées par La Divine. Elle est la plus grande championne de l'histoire du tennis français et mon existence lui doit beaucoup, car elle était la muse des Mousquetaires, ceux qui ont conquis la Coupe Davis pour laquelle j'ai été construit. Et pourtant, crois-le ou non, elle n'a jamais joué chez moi, du moins en match officiel. En 1928, mon année de naissance, elle était passée professionnelle et, en ce temps-là, les professionnels n'avaient pas le droit de participer aux principaux tournois. Près d'un siècle plus tard, les temps ont bien changé mais une chose demeure : les légendes et futures légendes du tennis féminin font toujours mes beaux jours.