2020 : à quoi va ressembler cette nouvelle saison ?

Que peut-on attendre de la cuvée tennistique 2020 ? Éléments de réponse.

 - Romain Vinot

Annoncée comme la saison de transition tant attendue entre géants et héritiers, 2019 a davantage été le théâtre d’une nouvelle démonstration de force entre Rafael Nadal et Novak Djokovic dans le tableau masculin. Chez les dames, une nouvelle reine a été couronnée mais les quatre Grand Chelem ont une nouvelle fois été enlevés par quatre joueuses différentes. Alors l’année 2020 marquera-t-elle enfin un vrai changement dans les différentes hiérarchies ? Que peut-on attendre de cette nouvelle saison ?

Djoko – Nadal : objectif GOAT

Début 2019, nous avions – comme beaucoup – parié sur un duel entre Novak Djokovic et Rafael Nadal pour l’attribution des Majeurs et de la première place mondiale. Comment ne pas miser sur un schéma ressemblant pour 2020 ? La détermination et la hargne affichées par le Serbe à Wimbledon et par l’Espagnol à l’US Open ou encore durant la Coupe Davis ne vont pas disparaître en l’espace d’une très courte trêve hivernale. Alors certes, avec l’âge (32 et 33 ans), la fatigue accumulée et les blessures ont des répercussions de plus en plus importantes sur les corps. Mais fin 2018 ou encore en 2019 peu avant Roland-Garros, les observateurs s’inquiétaient de la condition physique de Rafa et prédisaient son déclin prochain… Autant dire qu’on en est loin.



Surtout, avec respectivement 16 et 19 titres en Grand Chelem, les deux hommes n’ont jamais été aussi proches du record de Roger (20). Si égaler le Suisse en 2020 serait un véritable exploit pour le Djoker, ce dernier veut encore se rapprocher et surtout ne pas laisser à ses deux rivaux la chance de s’échapper. Pour Rafa, beaucoup considèrent qu’il égalera le record « chez lui » Porte d’Auteuil avant éventuellement de le dépasser lors des deux derniers GC de la saison. Mais sans entrer dans ce type de spéculations, une chose est sûre, cette année 2020 s’annonce décisive dans la course au statut de GOAT (Greatest Of All Time).

Federer – Williams : même combat

S’ils sont d’ores et déjà considérés comme des légendes aux palmarès immenses, Serena Williams et Roger Federer courent toujours après un nouveau titre en Grand Chelem. Et au vu de la saison 2019, cet objectif semble loin d’être inaccessible ! Finaliste à Wimbledon et à l’US Open, l’Américaine est une nouvelle fois passée tout près de glaner un 24ème Majeur. Si elle planifie désormais sa carrière en fonction de sa famille et de sa condition physique, elle prouve chaque année sa motivation et sa capacité à performer dans les grands rendez-vous. Et puisqu’aucune autre joueuse n’impose réellement son leadership dans le tableau, les fans pourront encore compter sur elle l’année prochaine.

De son côté, le Suisse était encore plus proche d’enlever un 21ème Majeur à Wimbledon. Dans une finale électrique et étouffante, il a manqué deux balles de match avant de finalement s’incliner contre Novak Djokovic. Un échec difficile à surmonter ? Pas pour le recordman de titres en Grand Chelem qui a rapidement repris sa marche en avant, à l’image de son incroyable niveau de jeu en fin de saison. Et malgré la domination globale de Djokovic et Nadal et l’éclosion de nombreux prétendants, il ne compte pas s’arrêter maintenant. « Pour le moment, je ne vois aucune raison de prendre ma retraite. Je ne pensais pas que je jouerais au-delà de 35, 36 ans, mais aujourd'hui, je suis là et je me sens bien physiquement. Je ne peux prédire quand sera venu le moment de dire stop » a déclaré le Suisse à l’issue d’une tournée d’exhibition en fin d’année.

Une couronne très enviée

Si le tableau masculin est dominé par les mêmes joueurs depuis de nombreuses années, la hiérarchie se dessine plus difficilement chez les dames. Nouvelle reine du tennis mondial, Ashleigh Barty parviendra-t-elle à conserver sa couronne ? Difficile de se prononcer tant les prétendantes sont nombreuses. Mais à 23 ans, l’Australienne a toutes les cartes en main pour faire durer son règne. Titrée à Roland-Garros et au Masters, elle a enfin acquis la confiance qui lui manquait peut-être depuis son retour sur le circuit en 2016 : « J’ai le sentiment de jouer du très bon tennis et je sais que quand j’évolue à mon top, je peux me mesurer aux meilleures mondiales ». Avec 2000 points d’avance au classement, elle a une petite marge de manœuvre qu’elle compte bien accroître en réalisant de meilleurs parcours durant les autres tournois du Grand Chelem (1/4 de finale à Melbourne, 1/8 de finale à Wimbledon et l’US Open).



Tenir la dragée haute à ses concurrentes ne sera toutefois pas chose aisée. Titrée à 4 reprises en 2019 et actuelle numéro 2 mondiale, Karolina Pliskova veut enfin inscrire son nom au palmarès d’un Majeur. Même constat pour Elina Svitolina, récente demi-finaliste à Wimbledon et à l’US Open. Deux tournois finalement remportés par Simona Halep et Bianca Andreescu, qu’il ne faudra pas sous-estimer en 2020. Quant à Naomi Osaka, sacrée en Australie, elle aura à cœur de retrouver de la régularité en compagnie de Wim Fissette pour de nouveau atteindre les sommets. Une saison que les fans de Kim Clijsters et Tatiana Golovin suivront également avec attention puisque les deux joueuses ont annoncé leur come-back. Enfin, les yeux du monde entier seront encore rivés sur Cori Gauff, qui a enchanté la planète tennis par ses performances et sa personnalité attachante en 2019.

Stefanos Tsitsipas and Dominic Thiem posing with their trophies at the ATP Finals 2019©Julien Finney/AFP

Des Héritiers à maturité

A chaque début de saison son lot d’attentes et de prédictions concernant les Héritiers. Seulement si en 2019 ils n’ont pas été capables de bouleverser la hiérarchie en Grand Chelem, plusieurs joueurs ont marqué les esprits et ont fait mieux que tenir tête aux « dinosaures » dans les rendez-vous prestigieux. Le plus âgé d’entre eux, Dominic Thiem (26 ans) s’est une nouvelle fois hissé en finale de Roland-Garros, glanant même un set contre le maître des lieux. Longtemps considéré comme un terrien, il a surpris les observateurs en remportant le Masters 1000 d’Indian Wells ainsi que les tournois de Pékin et de Vienne. Ses magnifiques victoires au Masters de Londres contre Djokovic et Federer ont même fait de lui le favori numéro un pour enlever un Majeur en 2020.

Le constat est quasiment le même pour Daniil Medvedev. Le Russe, indomptable en fin de saison (59 victoires au total sur l’année) est passé à quelques jeux de bouleverser la hiérarchie à l’US Open. Quant à Stefanos Tsitsipas, il a déjà inscrit son nom au palmarès du Masters mais à l’image d’Alexander Zverev, le plus dur est de confirmer. Il ne faut pas non plus oublier Khachanov, Berrettini, Shapovalov ou encore De Minaur, auteurs d’une bonne fin de saison. Mais si ces joueurs semblent être arrivés à maturité, la mission GC ne s’annonce pas plus simple pour autant en 2020. Entre les légendes pas tout à fait rassasiées, les trentenaires à la recherche de la meilleure saison de leur carrière ou encore les (très) jeunes qui n’ont pas l’intention d’attendre sagement que les places se libèrent, la concurrence n’a jamais été aussi rude.

Ciel Bleu ?

En 2019, le bilan des Bleus en simple n’a pas comblé toutes les attentes mais cela n’empêche pas d’avoir de très bons motifs d’espoir pour cette nouvelle saison, grâce notamment à l’émergence de la nouvelle génération. Si Benoit Paire, Gaël Monfils ou encore Jo-Wilfried Tsonga ont réalisé quelques belles performances et seront de nouveau attendus au tournant, les noms d’Antoine Hoang, Corentin Moutet et Ugo Humbert pourraient revenir avec insistance. Ce dernier a notamment participé aux Next Gen ATP Finals de Milan. Finaliste du Masters juniors, Harold Mayot a quant à lui hâte de pleinement intégrer le circuit professionnel.



Les attentes sont également nombreuses dans le tableau féminin puisque les Bleues, victorieuses en Fed Cup, voudront capitaliser sur ce succès dès janvier. Caroline Garcia, titrée à Nottingham en juin, aura à cœur de se montrer davantage lors des tournois du Grand Chelem. En simple comme en double, Kristina Mladenovic a impressionné tout le monde à Perth et tentera de maintenir ce niveau de jeu le plus longtemps possible. Chez les jeunes, le public attend beaucoup de Clara Burel mais également de Diane Parry, titrée au Masters juniors et qui a succédé à sa compatriote en tant que numéro 1 mondiale juniors. Elle voudra faire encore mieux que son deuxième tour à RG en 2019.