J14 : la carte postale

Anecdote, tranche de vie, moment fort... Chaque jour, Roland-Garros vous envoie sa carte postale.

 - Roland-Garros

Cher public,

À l'heure où je t'écris ces lignes, il est 21h, samedi soir, et ça y est, mon périple touche à sa fin. La finale dames est terminée depuis déjà plusieurs heures, sur un quatrième triomphe de ma reine, Iga Swiatek, qui est en train de prendre une place grandissante dans ma légende. Légende qui accueillera dimanche un nouveau roi, Carlos Alcaraz ou Alexander Zverev, pour un bouquet final que je pressens grandiose. Et après, ce sera la fin…

Je vais garder mon émotion pour la dernière carte, que je ne manquerai pas de t'envoyer après cette finale messieurs. En attendant, j'ai encore un job à finir et ça n'est surtout pas le moment de flancher. Alors, pour cette dernière soirée avant de nous quitter, j'ai ressenti le besoin de faire une promenade dans mon stade, comme un dernier tour du propriétaire afin de vérifier que tout va toujours bien. Et ma foi, je crois que c'est le cas.

Je rentre à l'instant de ma petite balade digestive (je me suis délecté d'une petite focaccia tomate - mozzarella, comme souvent) et même si je suis habitué, j'ai été, comme toujours, agréablement surpris par le monde présent dans mes allées à une heure aussi avancée de la soirée. C'est vrai qu'outre la finale dames, ce samedi était une journée ultra chargée chez moi, avec également, au programme, les finales des juniors, du tennis-fauteuil, du quad et encore du double messieurs. Mais tous ces matchs étaient finis depuis longtemps, néanmoins, quand la vie continuait de battre son plein chez moi.

Au fil de mon périple, j'ai croisé ça et là deux ramasseurs se photographiant devant la statue de Rafael Nadal ; un couple prenant un verre au stand Moët et Chandon ; un orchestre en plein air au Club des Loges ; un groupe de copains s'essayant au beach tennis implanté sur le court 8 ; une famille en train de déguster une gaufre sur un banc ; des joueurs en fauteuil terminant leur supplément d'entraînement ; des journalistes en train d'enregistrer leur podcast quotidien ; Fabrice Santoro quittant le stade après sa virevoltante journée de consultant-intervieweur. Et j'en passe. On ne s'imagine pas toujours à quel point je ressemble à un gros village.

Et moi, forcément, cela m'émeut quand je vois ça. Je repense au stade Roland-Garros de mon enfance, qui était tout petit, avec son unique Central et ses abords étriqués. Puis il a grandi, petit à petit. Une croissance qui s'est accélérée à la fin des années 70, jusqu'à l'apothéose cette année avec la fin d'un vaste projet de modernisation, dont la dernière touche symbolique a été, en quelque sorte, la pose du toit au-dessus du court Suzanne-Lenglen. Franchement, tout cela est magnifique, non ? Et ce qui est génial, c'est que j'ai pu grandir et évoluer au diapason de ce stade.

Du tournoi de tennis pur et dur que j'étais à mes débuts, je suis devenu aujourd'hui un véritable lieu de vie, dont le tennis reste le poumon mais dont le cœur continue de battre bien après les matchs. Là, en humant le parfum de cette ambiance décontractée dans une fin de journée printanière, je me suis cru en vacances. Mais non, pas encore : on est tout simplement un samedi soir sur la terre (battue) de Roland-Garros.

Roland-Garros 2024, terre battue, cœur©Cédric Lecocq / FFT