Rétro 2019 (VI) :  le jour où Cori Gauff a battu son idole

Le court n°1 du vénérable All England Lawn Tennis and Croquet Club est le théâtre dès le premier tour d’un de ces moments que l’on sait être fondateurs à la minute même où l’on y assiste.

Cori “Coco“ Gauff, 15 ans, plus jeune joueuse de l’histoire à s’être qualifiée pour le grand tableau de Wimbledon, est en train de détruire en règle Venus Williams, 39 ans, quintuple championne sur le gazon londonien et plus “vieille“ joueuse du tableau. L’un de ses modèles et source d’inspiration.

6/4, 6/4 en 1h19, à sa quatrième balle de match. La championne junior de Roland-Garros 2018 fond en larmes, de bonheur et d’incrédulité. Une telle victoire, pour son deuxième tournoi sur le circuit principal, c’est trop d’émotions en une seule fois.

“Il n'y a aucune limite à son potentiel"

“C’est la première fois que je pleure après avoir gagné un match, raconte-elle quelques minutes à peine après avoir vécu ce qui est alors le plus grand moment de sa (très) jeune carrière. Je n’aurais jamais pensé que cela puisse m’arriver. Je ne sais pas comment l’expliquer, mais… Je suis littéralement en train de vivre mon rêve et pas grand monde ne peut dire cela.“

Interrogée à son tour sur la jeune Américaine, son aînée a lancé un sincère : “je crois qu’il n’existe aucune limite à son potentiel. Vraiment.“

“Au filet, Venus m’a dit ‘félicitations et bonne chance’, a détaillé Coco Gauff, et aussi qu’elle était super fière de moi. Moi, à la fin, je l’ai remerciée pour tout ce qu’elle a fait.

L’aventure anglaise ne s'est pas arrêtée là pour celle qui était alors classée 313e mondiale : deuxième tour, troisième tour et une toute première qualification en deuxième semaine d’un Grand Chelem. Là, Simona Halep a mis fin à l’épopée, mais pas au rêve.

Teen Vogue et Michelle Obama

Une star est donc née au premier tour de Wimbledon. Une étoile qui n’entend pas être filante. Car malgré son jeune âge, Coco Gauff semble avoir la tête bien ancrée sur les épaules, aidée en cela par un entourage solide, au premier rang desquels Candi et Corey, ses parents.

Loin de n’être qu’un feu de paille de la mi-2019, Cori Gauff a continué à grimper à toute vitesse les échelons du circuit, sans jamais se croire déjà arrivée.

Et ce, en dépit des couvertures de magazine -dont Teen Vogue-, des accueils dignes d’une rock star de la part des plus grandes équipes de sport américain, des messages de soutien de célébrités en tout genre, comme l’ancienne First Lady Michelle Obama ou l’acteur Samuel L. Jackson : autant de marques d’attention qui feraient tourner la tête de plus d’un adulte.

À Flushing Meadows, Coco s’est hissée jusqu’au 3e tour, où la tenante du titre Naomi Osaka l’a battue. Mais surtout, la Japonaise est venue consoler après la balle de match sa tristesse; de petite fille, pour le coup. Une image forte, qui a marqué les esprits.

La plus jeune gagnante

Quelques semaines plus tard, à Linz, elle a fait mieux : après avoir échoué au dernier tour des qualifications et bénéficié d’un statut de lucky loser, elle a remporté le tournoi en battant en finale la championne 2017 de Roland-Garros Jelena Ostapenko. Et ainsi ouvert son palmarès à la WTA, à 15 ans, devenant la plus jeune championne à remporter un titre sur le circuit depuis Nicole Vaidisova en 2004.

Aucune boule de cristal ne peut évidemment prédire de façon certaine ce que l’avenir réserve à Cori Gauff.

Mais a priori, il lui appartient.