L’Autrichien a ouvert son palmarès en Grand Chelem lors de l’US Open 2020. Après des années à jouer les premiers rôles sans complètement renverser la table, il semble aujourd’hui le mieux armé pour mettre fin à l’omnipotence du « Big 3 ».
Thiem, taille futur patron ?
L’Autrichien a ouvert son palmarès en Grand Chelem lors de l’US Open 2020. Est-il le mieux armé pour succéder au "Big Three" ?
« S’il y en a un qui méritait de gagner un titre majeur, c’est bien lui ». L’hommage, lucide, est signé Rafael Nadal. Et même si le concept de mérite est toujours à manier avec précaution, difficile de ne pas donner raison à l’Espagnol sur ce point : en quelques années, Dominic Thiem a coché toutes les cases pour s’élever au firmament du tennis mondial.
L’Autrichien a débuté cette saison 2020 - que personne n’imaginait encore si particulière - par une nouvelle prestation de haut vol à l’Open d’Australie. Un parcours sérieux et sans fausses notes qui l’a vu atteindre la finale, avec à la clef sa première victoire contre Nadal en Grand Chelem.
Un échec austral dur à encaisser
Mais une fois encore, Thiem a buté sur la dernière marche. Car en terre australe, Novak Djokovic est quasi-insubmersible. Même dominé, le « survivor serbe » a fait parler sa résilience pour arracher la victoire en cinq manches, alors que son adversaire du jour connaissait sa 3e défaite de suite en finale de Grand Chelem (après Roland-Garros 2018 et 2019).
Sans doute sonné par cet échec, Thiem a enchaîné avec une apparition décevante à l’ATP 500 de Rio, concédant une défaite face à Gianluca Mager dès les quarts de finale. Avant le « black-out ».
Alors que le monde entier basculait dans le tourbillon du coronavirus, l’Autrichien s’est confiné dans sa bulle, entre parties de FIFA et entretien physique. « Je suis passé de sur la route chaque semaine à coincé à la maison, a-t-il expliqué. Mais cela ne me dérange pas. Je passe du temps avec ma famille et mon chien ».
Une délivrance au bout du suspense
L’élève de Nicolas Massu a patiemment attendu son heure, et sa sortie de route d’entrée au tournoi de Cincinnati, pour sa reprise, n’a finalement été qu’un accident de parcours.
Thiem a enfin vu les planètes s’aligner à l’US Open : Federer et Nadal absents, seul le paquebot Djokovic semblait encore obscurcir son horizon. Mais le Serbe s’est sabordé tout seul contre Carreno Busta.
L’opportunité était immense… encore fallait-il la saisir.
Et « Dominator » a cru vivre une des pires désillusions de sa carrière, rattrapé puis submergé par les émotions en finale face à un très solide Alexander Zverev. Mais l’Autrichien, admirable de volonté, a vaincu ses démons du jour pour retourner la situation et s’imposer au bout du suspense et des crampes. Un match qui n’aura jamais atteint des sommets de pureté tennistique mais à la poignante intensité émotionnelle.
Les efforts physiques - et sans doute encore plus psychologiques - pour conquérir ce titre ont malgré tout prélevé leur dîme. S’il a tenu son rang à Roland-Garros, Thiem y a moins brillé que les dernières années.
Passé tout près de la correctionnelle face aux merveilleuses amorties du trublion Hugo Gaston, il a ensuite subi la loi de Diego Schwartzman lors d’un superbe quart de finale.
Un gros bras… mais pas que
Après une salvatrice période de repos, l’Autrichien a bien failli conclure l’année 2020 de la plus belle des manières en frôlant la victoire lors des ATP Finals. Mais malgré deux succès de prestige aux dépens de Nadal et Djokovic, il a laissé le titre à l’homme en forme de la fin de saison, Daniil Medvedev.
Qu’à cela ne tienne. Le n°3 mondial n’est pas du genre à s’effondrer derrière un échec ; et si 2020 a été l’année de la consécration en Grand Chelem, 2021 pourrait être celle de la prise de pouvoir. Ou au moins d’une lutte « d’égal à égaux » face à un « Big 3 » toujours présent mais plus que jamais contesté.
Dominic Thiem semble avoir définitivement brisé le verrou, pas avec quelques coups d’éclats, mais en battant régulièrement les trois titans de la balle jaune. D’une régularité exemplaire (il n’a plus quitté le Top 10 depuis juin 2016), il a prouvé depuis longtemps qu’il était bien davantage qu’un simple « terrien ».
Sous la houlette de Nicolas Massu, il a fait évoluer sa panoplie pour devenir un joueur complet, toujours terriblement puissant, mais aussi plus patient dans l’échange.
A 27 ans, l’homme de Wiener Neustadt possède plus que jamais les armes pour continuer à jouer les gros bras sur le circuit ATP... voire pour en devenir le patron.
Les stats à retenir
1 : Un seul titre… c’est peu et énormément à la fois. Ce maigre bilan pour un joueur de cette trempe contentera pourtant sûrement l’Autrichien, qui, au terme d’une saison tronquée, a remporté sa toute première victoire en Grand Chelem.
2 : Après Andy Murray, Dominic Thiem est devenu le 2e homme à battre au moins 5 fois les trois membres du « Big 3 ». Depuis 2017, il mène d’ailleurs dans ses confrontations face à Federer, Nadal et Djokovic.
300 : En disposant de Djokovic en demi-finale du Masters, « Dominator » a connu sa 300e victoire sur le circuit ATP.