Quand Eduardo Arroyo dessinait Arthur Ashe

L'artiste avait choisi de représenter Arthur Ashe au-delà du champion.

 - Lauriane Labes
J’ai toujours été optimiste et d’ailleurs la vie est trop courte pour qu’en plus on soit pessimiste.“ - Arthur Ashe

Un sourcil rouge, un nez bleu, une masse de cheveux sombres, le traitement choisi par l’artiste Eduardo Arroyo*, s’accorde avec la personnalité d’Arthur Ashe, représenté ici à l’aquarelle.

Dans un espace pictural aplani, les touches de couleurs proposent au spectateur de comprendre toute la diversité du joueur américain.

Celle d’abord, d’un homme de couleur qui a réussi à s’imposer sur le circuit international malgré les conflits raciaux qui sévissent dans les années 1960. Puis celle d’un homme engagé autant dans les instances du sport que dans les combats politiques et sociaux qu’il choisit de mener.

Arthur Ashe est le premier joueur noir à remporter l’US Open. C’était en 1968. Il gagne ensuite l’Australian Open en 1970 et en 1975, à la surprise générale, il triomphe à Wimbledon de son compatriote et tenant du titre, Jimmy Connors. Malgré ses 3 titres en Grand Chelem, Arthur Ashe n’a jamais gagné Roland-Garros, son jeu adapté aux surfaces rapides ne le lui permettait pas.

Ashe, au-delà du champion


Avec ce portrait frontal, Eduardo Arroyo choisit de représenter Arthur Ashe au-delà du champion. Apprécié de tous, le natif du sud des Etats-Unis était cultivé, élégant et usait de l’humour avec une grande finesse. Grand humaniste, militant activiste, il s’engage en faisant campagne contre l’apartheid en Afrique du Sud et pour tant d’autres causes humanistes.

Ces combats, il les mène au début des années 1980, alors que des problèmes au cœur le forcent à arrêter sa carrière sportive. C’est aussi Arthur Ashe, qui au cours d’une tournée en Afrique, découvre le jeune Yannick Noah et le fait venir en France.

Charisme intemporel


Les contrastes forts du dessin et les aplats de couleur évoquent la technique du collage. L’artiste espagnol ne pense qu’au pouvoir de l’image: “C’est cet aspect sériel, fragmentaire, morcelé, ces différences stylistiques, ces mélanges… toute cette incohérence, qui font la cohérence de mon œuvre.“

En 1994, un an après sa disparition, Arroyo offre là un dernier hommage à un homme au charisme intemporel.

*Eduardo Arroyo est l’artiste choisi en 1981 pour réaliser l’affiche du tournoi

Arthur Ashe by Arroyo drawing