Roland-Garros 2019 : Wawrinka peut-il le (re)faire ?

Miné par les blessures l'an passé, le Suisse est bel et bien de retour.

 - Guillaume Baraise

Opéré du genou droit il y a presque deux ans, Stan Wawrinka a peiné à revenir au sommet en 2018. Mais l'homme aux trois titres du Grand Chelem, qui fête ses 34 ans ce jeudi, s'en rapproche désormais…

Trois titres du Grand Chelem. Un seul ATP Masters 1000, certes, mais trois titres du Grand Chelem. Derrière les monstres du jeu que sont Roger Federer, Rafael Nadal, Novak Djokovic et Andy Murray, Stan Wawrinka est le cinquième élément. Le Suisse a longtemps été le protagoniste le plus sous-évalué du circuit. Aujourd'hui, tout le monde le sait, tout le monde le dit, Stan the Man est un joueur immense. Trois Grand Chelem à l'ère du "Big Four", c'est tout simplement colossal…

Mais le colosse de Lausanne, justement, a un genou droit en argile. Trahi par son physique, doublement opéré en août 2017, éloigné des circuits pendant six mois, il a peiné à retrouver son meilleur niveau. Plus longtemps qu'il ne l'espérait, sans doute. Des larmes parfois lâchées en conférence de presse, des défaites qui font mal comme celle à Roland-Garros face à Guillermo Garcia-Lopez : la saison 2018 de Stan Wawrinka a ressemblé à une pénitence. Il y a eu aussi le genou gauche qui a couiné puis le dos qui a grincé en fin de saison…

Rotterdam, la lumière

Après avoir reculé jusqu'au 263e rang mondial en juin dernier, le vainqueur de Roland-Garros 2015, finaliste en 2017, s’est accroché avec les moyens du bord pour finir l'année à la 66e place. Mais aucun signe d'un véritable renouveau n'est intervenu avant une finale à Rotterdam en février, perdue face à Gaël Monfils au terme d'un beau combat. Vainqueur notamment de Kei Nishikori et Milos Raonic aux Pays-Bas, le Suisse a rejoué à un niveau qu'il n'avait plus tutoyé depuis Roland-Garros 2017.

"C'était bon de retrouver le goût d'une finale, je me suis beaucoup battu pour ça, reconnaissait l'intéressé. Je sais d'où je viens. Bien jouer pendant une semaine entière, ça fait longtemps que ça ne m'était pas arrivé. Je dois continuer dans ce sens : travailler dur, sur et en dehors du court, gagner des matchs pour reconstruire ma confiance."



Sur le plan du jeu, il y a donc du mieux. Mais de là à retrouver le grand Wawrinka, celui qui a étouffé Nadal en finale de l'Open d'Australie 2014, qui a écœuré Djokovic à Roland-Garros en 2015 puis à l'US Open en 2016, il reste un pas. Franchira-t-il la dernière marche, celle d'un nouvel exploit en Grand Chelem ?

Patrick Mouratoglou fait partie de ceux qui y croient. Fermement. "Après son opération, s'il n'est pas revenu très vite au top, c'est qu'il souffrait encore de son genou. Ajoutée à la douleur, il y avait aussi de l'appréhension. Cela a duré je crois toute la saison 2018. Désormais, on l'a vu à Rotterdam mais aussi à Melbourne (défaites en quatre tie-breaks face à Milos Raonic), il est prêt."

Roland-Garros, le bon timing ?

La terre battue et les rencontres en cinq sets peuvent-elles être un frein pour le voir performer dès Roland-Garros 2019 ? "Je ne le crois pas, estime le coach de Stefanos Tsitsipas. À partir du moment où il n'a plus mal au genou, le physique n'est pas un problème chez Stan. Ce n'est pas pour rien qu'il s'est décrit lui-même comme un "bison". D'ici le début de 'Roland', il aura l'occasion de remonter encore au classement, mais c'est sûr que si les meilleurs doivent l'affronter en début du tournoi, ce ne sera pas un cadeau…"

Qu'en pense l'intéressé ? Stan ne veut évidemment pas se projeter trop vite sur Roland-Garros mais à Indian Wells, il a confirmé que tout allait déjà mieux qu'en 2018 : "Rotterdam m'a permis de m'enlever de la pression, celle que j'avais en sachant que je jouais bien, mais que les victoires ne venaient pas. Semaine après semaine, mon objectif est de progresser. Chaque tournoi est différent, il réclame comme un nouveau départ. Mais je suis sur la bonne voie."

Stan Wawrinka vainqueur de Roland-Garros 2015 / Stan Wawrinka Roland-Garros 2015 champion.
Monfils : "Ce sera l'un des favoris à Paris"

Gaël Monfils, ami de Stan, le voit comme un candidat de premier plan pour ce Roland-Garros 2019. "Ce n'est pas seulement sur la finale de Rotterdam que je me base. J'ai tapé la balle très souvent avec lui cette saison. C'est du lourd. Je peux vous dire que sa balle fait de nouveau très, très mal. Aucun des 'gros' ne voudra croiser sa route en première semaine. Ce sera l'un des favoris pour moi."

Coach de Milos Raonic et de Pierre-Hugues Herbert, Fabrice Santoro apporte un bémol à ce concert de louanges. "Pour moi, ce Roland-Garros-là arrivera encore un peu tôt pour lui. Il va de mieux en mieux, mais la reconstruction après une telle opération est longue. On l'a vu souffrir en 2018. C'est mieux en 2019, mais je pense que ce ne sera pas encore le grand Wawrinka à Paris. Et puis pour ce tournoi, il y a aura un favori et demi, ou plutôt deux favoris qui vont se dégager (Nadal, puis Djokovic). Les autres seront plus loin sur la ligne de départ. Stan y compris."

Au jeu des pronostics, Wawrinka n'a de toute façon pas souvent figuré en première position. Cela ne l'a pas empêché de décrocher la Une. Une fois, deux fois, trois fois. Genou d'argile ou pas, ce champion est fait d'un bois solide. Les Grand Chelem venus, on compte sur lui pour se mettre en quatre…