Déjà prolifique en renversements de situation dans le tableau féminin durant l’après-midi avec les victoires en trois manches de Coco Gauff et Caroline Wozniacki, ce vendredi a atteint son pic de tension au cours de la soirée, durant laquelle le tournoi a perdu Elena Rybakina et retrouvé son guerrier Novak Djokovic.
US Open J5 : Djokovic renversant, Rybakina tombe de haut
Comme le veut la tradition, la nuit new-yorkaise a réservé son lot de belles émotions aux heureux détenteurs de billets pour cette J5 de l’US Open 2023.
Le retour du Djoker
En balade lors de ses deux premiers tours, Novak Djokovic s’est fait une grosse frayeur ce vendredi en clôture de night session sur le court Arthur Ashe. Dominé dans les longs rallyes voire dépassé par la puissance et la précision chirurgicale entrevues de l’autre côté du filet, il s’est retrouvé mené deux sets à rien (6/4, 6/4) par son compatriote Laslo Djere. Parfaitement capable de dicter l’échange depuis sa ligne de fond, le 38e joueur mondial a impressionné la galerie par sa résistance, son jeu complet et quelques coups venus d’ailleurs.
Mais s’il y a bien un spécialiste du retournement de situation – et de cerveau – en Grand Chelem (son 8e ce soir), c’est "Nole". Après une pause de sept minutes pour se changer et faire le point sur la situation devant le miroir, le futur numéro un mondial est revenu avec les mêmes intentions que lors des deux premiers sets. Mais il y a ajouté une pointe d’autorité, de vélocité et de puissance pour relever sa recette, devenue immangeable pour son ami, plus vraiment convié à partager le dîner. Mais qu’on ne s’y trompe pas, le score affiché dans les trois dernières manches ne reflète pas la qualité et la résistance proposées par son cadet (4/6, 4/6, 6/1, 6/1, 6/3 en 3h45).
Un 12e succès en 13 rencontres face à ses compatriotes qui lui ouvre les portes des huitièmes de finale pour la 15e fois consécutive (il a manqué les éditions 2017 et 2022). Il y retrouvera le Croate Borna Gojo, issu des qualifications et tombeur de Jiri Vesely. "C’est incroyable, il est presque 2h du matin et vous êtes tous restés, a-t-il lancé sous les applaudissements de la foule. Merci de nous supporter autant, j’espère que vous avez aimé le spectacle. Moi, peut-être un peu moins ! C’était dur aujourd’hui, c’est l’un des matchs les plus difficiles que j’ai joués ici depuis longtemps. Laslo a joué un magnifique tennis et il faut le féliciter. J’ai parlé devant le miroir après le deuxième set parce que j’étais énervé, frustré par le résultat et par mon jeu. Je devais m’efforcer d’élever mon niveau dans cette rencontre. Je ne mens pas, je me suis vraiment parlé et cette fois, ça a fonctionné. Quand j’ai fait le break dans le troisième, j’ai commencé à être plus agressif, à lire son jeu et ça a fini par payer. Je suis heureux de cette victoire et l’identité de mon futur adversaire m’importe peu, je veux juste me reposer et faire récupérer ce corps de 36 ans !"
Le point du jour : Laslo Djere
Quand on vous disait qu’il y avait eu des échanges exceptionnels et quelques points magnifiquement conclus dans ce match… Malgré la défaite, Laslo Djere repart avec le point du jour.
Le choc du jour : Cirstea sort Rybakina
Pendant que Novak Djokovic était en plein doute sur le Central, Elena Rybakina tentait désespérément de rester en vie dans cette édition 2023 sur le Louis Armstrong. Bousculée tout au long de ce troisième tour par une Sorana Cirstea sans complexe, agressive et très mobile en fond de court, la championne de Wimbledon 2022 a maintenu l’espoir en remportant un tie-break étouffant en fin de deuxième manche. Régulièrement dominée à l’échange, elle a eu le mérite de s’accrocher dans le set décisif alors qu'elle était menée 4-1.
Mais il était écrit que la balance pencherait pour la joueuse roumaine (6/3,6/7(6),6/4 en 2h48), très heureuse de se qualifier pour la première fois de sa carrière en huitièmes de finale à l’US Open (elle avait déjà disputé un quart à Roland-Garros 2009). "Tout d’abord, je dois vous dire que joue depuis de nombreuses années et que c’est le meilleur public devant lequel j’ai pu évoluer, a-t-elle lancé émue. Merci pour votre soutien, je sais qu’il est tard mais merci d’être resté pour nous. Elena est une joueuse incroyable… Je suis tellement contente d’avoir réussi, c’est une énorme victoire pour moi ! Je prends match après match parce qu’à ce stade de la compétition, tout le monde joue très bien. Je n’ai jamais cessé de croire en ce que je fais. Si vous mettez du cœur et de l’énergie, les choses finissent toujours par tourner en votre faveur."
Iga ne fait pas de cadeau
Opposée à la qualifiée slovène Kaja Juvan – sa meilleure amie sur le circuit – Iga Swiatek ne s’est absolument pas laissée envahir par les sentiments. Très agressive d’entrée et impériale sur sa mise en jeu (89% de points gagnés derrière sa première), la numéro un mondiale a tout réussi ou presque (21 coups gagnants pour 5 fautes directes), ne lâchant que 15 points et un jeu en 49 minutes (6/0, 6/1). Une supériorité totale matérialisée par un nouveau bagel donc, son 20e de la saison.
"Je suis contente de ma performance, j’ai fait très peu de fautes directes dans ce match. J’ai essayé de rester concentrée sur moi-même tout le match mais c’était plus difficile parce que c’est ma meilleure amie. Je suis heureuse d’avoir réussi."
L'immanquable : Wozniacki se mesurera à Gauff
Sur le papier, une rencontre entre les 433e et 623e joueuses mondiales n’a pas pour ambition de faire se lever la foule du plus grand stade de tennis du monde. Mais il se trouve que ce vendredi après-midi, les protagonistes n’étaient autres que Caroline Wozniacki et Jennifer Brady. Déjà tombeuse de Petra Kvitova mercredi, la championne de l’Open d’Australie 2018 a encore réhaussé le curseur d’émotions en renversant l’Américaine au terme d’une rencontre enthousiasmante et qui aurait pu basculer d’un côté comme de l’autre (4/6, 6/3, 6/1). Tout juste sortie de sa retraite, elle affiche une forme et une puissance qui lui ont permis de glaner 10 des 11 derniers jeux de cette rencontre.
"En tant que sportive de haut niveau et compétitrice, on veut toujours gagner. Je l’ai déjà dit après mon deuxième tour mais être ici, jouer sur le Arthur Ashe, c’est un rêve qui devient réalité. Bien sûr je l’avais déjà fait mais quand j’ai pris ma retraite et que j’ai eu mes deux enfants, je pensais regarder ça depuis ma TV, pas depuis le court ! Je suis tellement heureuse."
De quoi s’ouvrir les portes d’un véritable choc générationnel face à Coco Gauff. Comme lors de son entrée en lice, la joueuse-star ultime à l’applaudimètre en tribunes et dans les allées, a été très sérieusement bousculée par Elise Mertens. Mais après avoir concédé la première manche, elle s’est totalement débloquée et relâchée en remportant un jeu à rallonge pour recoller à 1-1 dans le deuxième set. Un déclic et une montée en puissance impressionnantes pour la 6e joueuse mondiale, qui a déjà hâte de disputer sa prochaine rencontre. "Je ne pensais pas un jour avoir l’occasion de jouer contre Caroline, a-t-elle précisé. Quand elle a pris sa retraite, je me souviens m’être dit que c’était dommage parce que j’aurais voulu l’affronter. Mon souhait a été exaucé et je ne suis pas sûr qu’on assiste à une bataille de générations au vu de sa forme sur le court !"
Made in USA
Si le tableau féminin a perdu Jennifer Brady et Taylor Townsend – battue en ouverture de session sur le Louis Armstrong par la finaliste de Roland-Garros, Karolina Muchova – les hommes ont quant à eux signé un 100% de réussite et trustent fièrement quatre des huit places disponibles dans cette partie basse du tableau. En bon chef de file de cette nouvelle génération dorée, le demi-finaliste sortant Frances Tiafoe s’est sorti du piège tendu par Adrian Mannarino (4/6, 6/2, 6/3, 7/6(6) en 2h55). "Vous êtes incroyables, vous êtes tellement derrière moi, j’adore ce court Louis Armstrong ! Je regardais ce tournoi quand j’étais petit, je voulais y être, les courts et les fans sont incroyables ici. C’est pour ça que je joue mon meilleur tennis." "Big Foe" disputera les huitièmes de finale pour la quatrième année consécutive, une première depuis André Agassi (2002-2005).
Le n°1 américain Taylor Fritz n’a quant à lui fait aucun cadeau d’anniversaire au jeune Jakub Mensik, qui fêtait ses 18 ans et qui est reparti avec un sévère 6/1, 6/2, 6/0, en 1h30. On souhaite beaucoup de courage à l'héroïque Dominic Stricker (face à Taylor Fritz) et au surprenant Rinky Hijikata (contre Frances Tiafoe), qui disputeront un premier huitième de finale en simple en Grand Chelem dans une ambiance festive mais quelque peu hostile.
Enfin, les supporters de la bannière étoilée devraient être tiraillés lorsque Tommy Paul et Ben Shelton entreront sur le court dimanche pour accéder à un premier quart de finale à domicile. Les deux hommes ont eu besoin de quatre sets pour se défaire d’Alejandro Davidovich Fokina et Aslan Karatsev.
La stat’ du jour : 4, bientôt 5 ?
Définitivement à la fête à l’occasion de cet US Open, le tennis masculin américain n’avait plus compté 4 représentants en huitièmes de finale à New York depuis 2011. Si Michael Mmoh parvient à prendre le meilleur sur Jack Draper ce samedi, ils seront même 5, ce qui n’est plus arrivé depuis 1995…