Peut-être alertés par les surprises de la veille, les favoris de cet US Open 2023 ont tous enfilé les tenues de gala et appuyé sur l’accélérateur pour poinçonner leur billet pour le 3e tour. Une journée également marquée par les adieux magnifiques d’une idole locale.
US Open J4 : Isner réussit ses adieux, Jabeur dans la douleur
Un jeune retraité en larmes sur le Grandstand, une finaliste passée proche de la sortie et les autres favoris pressés : le point sur la J4 de cet US Open 2023.
Le symbole du jour : Isner termine sur un (super) tie-break
Annoncée sur les réseaux sociaux quelques jours avant le début de cet US Open 2023, la retraite de John Isner avait ému l’Amérique du tennis. Personnage apprécié d’un circuit qu’il a fréquenté pendant 17 ans, l’ancien 8e joueur mondial a marqué l’histoire de son sport par la qualité de sa mise en jeu et son insatiable appétit pour le combat. Heureux protagoniste du match le plus long de l’histoire face à Nicolas Mahut au premier tour de l’édition 2010 de Wimbledon (6/4, 3/6, 6/7(7), 7/6(3) 70/68 en 11h05), il a remporté 16 titres dans sa carrière et disputé les demi-finales au All England Club en 2018 (seulement battu 26/24 au 5e set par Kevin Anderson).
Vainqueur facile de Facundo Diaz Acosta au premier tour, le géant de Greensboro (2m08) a réussi ses adieux en passant brillamment le témoin à son compatriote Michael Mmoh, au terme d’un match que l’on qualifiera d’Isnerien (6/3, 6/4, 7/6(3), 6/4, 7/6(7) en 3h57). Comme un symbole, celui qui a gagné le plus grand nombre de tie-breaks dans l’histoire (506), a conclu son aventure en simple par un dernier jeu décisif. Mieux, en inscrivant 48 aces dans la rencontre, il a porté son incroyable total à un compte rond : 14 450. De quoi recevoir un hommage appuyé de son adversaire, qui n’a pas célébré sa victoire afin que toute l’attention soit portée à son ainé. "Je veux féliciter John, il a eu une carrière formidable. C’est un moment spécial pour moi mais ça l’est encore plus pour lui. Tout ce qu’il a fait pendant 20 ans… C’est incroyable !"
En larmes au moment de prendre la parole, "Big John" a tenu à remercier son public, soutien inconditionnel durant son incroyable voyage dans le monde professionnel. "C’est évidemment difficile a-t-il confié. Si j'ai travaillé toute ma vie, c'est pour jouer dans des atmosphères comme celle d'aujourd'hui. Jouer et me battre devant ce public et avoir ce soutien est très spécial pour moi. Merci beaucoup."
Quelques heures plus tard, le Isner Day a pris fin en compagnie de son ami Jack Sock lors d’un dernier match en double perdu face à la paire Galloway / Olivetti.
Jabeur avec le cœur
Toujours souffrante, Ons Jabeur est passée tout près de la sortie ce jeudi sur le Grandstand, terre des exploits de Dominic Stricker et Zhizhen Zhang. Opposée à Linda Noskova, titrée en juniors à Roland-Garros 2021 et étoile montante du circuit pro (18 ans), la Tunisienne s’est retrouvée menée d’un break dans la manche décisive avant de finalement remporter au courage les quatre jeux suivants (7/6(7), 4/6, 6/3). Frustrée voire parfois résignée au terme d’échanges brillamment bouclés par la 41e joueuse mondiale, la finaliste de la précédente édition a fait la différence dans les moments importants (7 balles de break sauvées) et dans le sprint final, malgré d’inhabituelles erreurs (43 fautes directes).
Son cri de rage après la balle de match en disait long sur son abnégation et son soulagement d’enregistrer sa 13e victoire de l’année en Grand Chelem, son record personnel. "J’ai essayé de rester calme et le public m’a permis de ne pas lâcher, a-t-elle lancé avant de recevoir une nouvelle ovation méritée. Merci de m’avoir poussée. Ça m’a aidé de jouer la nuit, heureusement que j’ai un jour de repos car c’est difficile d’être malade pendant un tournoi."
Battue par la 41e joueuse mondiale dans le dernier carré à Adélaïde en janvier, Ons a donc pris une belle revanche afin de s’offrir une place au troisième tour, pour la cinquième année consécutive à New York. Elle n’en a toutefois pas fini avec la génération dorée tchèque puisqu’elle affrontera Marie Bouzkova (25 ans) samedi, qu’elle avait battue l’an passé en quarts de finale à Wimbledon. "J’ai beaucoup de respect pour l’école tchèque, a-t-elle poursuivi en conférence de presse. Ils ont vraiment de très bonnes joueuses et joueurs. C’est un autre test face à Marie qui est une joueuse incroyable. Ça va être difficile de la jouer mais j’espère pouvoir bien préparer ce match et être prête."
Journée faste pour les favoris
Difficile de trouver des choses à redire sur la journée des favoris au Billie Jean King National Center, si ce n'est peut-être que le public n'a pas pu apprécier l'étendue de leur talent très longtemps. Dans le tableau dames, Marketa Vondrousova et Jessica Pegula n'ont lâché que quatre jeux contre Martina Trevisan et Patricia Maria Tig. L'Américaine a désormais rendez-vous avec Elina Svitolina pour LE match à ne pas manquer du troisième tour.
Un stade de la compétition qui aura un air de déjà-vu pour Aryna Sabalenka. En balade contre Jodie Burrage (6/3, 6/2 en 1h14), la championne de Melbourne retrouvera Clara Burel, comme en 2022. La Française a signé la perf' du jour en éliminant Karolina Pliskova (6/4, 6/2 en 1h08) de manière très autoritaire.
Dans le tableau masculin, Jannik Sinner a parfaitement ouvert la voie en prenant le meilleur sur son compatriote et ami Lorenzo Sonego (6/4, 6/2, 6/4). Quelques heures plus tard, Carlos Alcaraz n'a pas fait beaucoup plus dans le détail face à Lloyd Harris malgré une fin de rencontre plus accrochée (6/3, 6/1, 7/6(4)). La seule sensation du jour est finalement venue du court 12, sur lequel Jack Draper s'est offert la tête de série n°17 Hubert Hurkacz (6/2, 6/4, 7/5).
Le goût de trop peu : Dimitrov – Murray
Lancée en première rotation sur le court Arthur Ashe, l’alléchante affiche entre le Bulgare et le Britannique aurait pu avoir une vraie incidence sur la programmation. Il n’en a finalement rien été puisque la tête de série n°19 a marqué les esprits en s’imposant en trois manches (6/3, 6/4, 6/1). Un score sévère qui ne reflète pas la qualité du jeu produit par ces férus de batailles épiques. Pour vous donner une idée de l’intensité de la bagarre livrée par les deux hommes, sachez qu’après 45 minutes de jeu, le tableau des scores affichait seulement 3-2. Si seulement ça avait pu durer un peu plus, on aurait sans doute assisté à pléthore de shots of the day...
La journée du french corner
Outre l'impressionnante victoire de Clara Burel, Arthur Rinderknech est parvenu à rallier le troisième tour d'un Majeur pour la première fois de sa carrière. Opposé à Matteo Berrettini, le Français avait le match en main (6/4, 5/3, ab.) avant que l'Italien ne chute lourdement et se blesse à la cheville droite.
Dans ce qui pourrait devenir une affiche immanquable ces prochaines années, Arthur Fils s'est incliné dans le money time face à l'Italien Matteo Arnaldi (3/6, 7/5, 7/6(5), 5/7, 6/4). Une défaite forcément frustrante mais qui n'enlève rien à la très belle éclosion du natif de Bondoufle. "Je suis globalement assez content, j’ai bien compris comment fonctionnait un Grand Chelem. J’ai joué deux matchs de cinq sets à la suite, je sais que je peux tenir très longtemps sur le terrain. C’est une bonne expérience et je sais comment aborder le prochain Grand Chelem en Australie, j’en tire du positif" a-t-il confié à l'issue de la rencontre.
Enfin, le duel qui sentait bon la poudre et le spectacle entre Andrey Rublev et Gaël Monfils a tourné à l'avantage de la tête de série n°8 (6/4, 6/3, 3/6, 6/1).
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La stat' du jour : 250
S'il a lâché un set en chemin contre le valeureux Christopher O'Connell (6/2, 6/2, 6/7(6), 6/2), Daniil Medvedev a conclu la journée en grappillant la 250e victoire de sa carrière sur dur. Not too bad...