Le challenge est immense. Opposés aux deux légendes Novak Djokovic et Rafael Nadal, Cameron Norrie et Nick Kyrgios vont tenter ce vendredi de se qualifier pour leur première finale en Majeur. Mais les deux rivaux historiques, qui ont remporté 14 des 16 dernières levées du Grand Chelem, ne l’entendent évidemment pas de cette oreille.
Wimbledon 2022 : Norrie et Kyrgios face aux montagnes
Novak Djokovic, Rafael Nadal, Nick Kyrgios et Cameron Norrie peuvent encore rêver du titre.
Djokovic – Norrie : le triple tenant face au héros local
Djokovic, l’insubmersible
Grand favori de cette édition 2022, Novak Djokovic continue match après match de faire honneur à son statut. Peu importe le scénario de la rencontre, l’ancien numéro un mondial (désormais 3e) gagne, laissant derrière lui cette formidable impression que rien ne peut lui arriver. Un sentiment totalement confirmé par sa nouvelle remontada face à Jannik Sinner en quarts de finale. "J’ai eu une petite discussion avec moi-même devant le miroir, a-t-il lancé avec le sourire aux spectateurs. Ce break au début du troisième set m’a vraiment redonné de la confiance et j’ai vu que ça instaurait un peu de doute dans son esprit. Gagner le combat intérieur est toujours le plus gros challenge sur un court et ça vous donne beaucoup plus de chances de l’emporter". Une recette simple, relevée par des coups démentiels et qui avait déjà marqué les esprits lors de l’édition 2021 de Roland-Garros face à Lorenzo Musetti puis Stefanos Tsitsipas, en finale.
Un succès renversant (5/7, 2/6, 6/3, 6/3, 6/2) synonyme de 26e victoire consécutive à Wimbledon pour le triple tenant du titre, qui n’a plus connu la défaite depuis son quart de finale face à Tomas Berdych en 2017. De quoi rêver d’une septième couronne au All England Club et d’arriver en pleine confiance avant de croiser le fer avec le héros de tout un peuple, Cameron Norrie. "Je sais à quoi m’attendre au niveau du soutien du public. Cameron n’a pas grand-chose à perdre, chaque victoire à partir de maintenant est un magnifique plus pour lui. Nous nous sommes entraînés plusieurs fois ensemble, je connais bien son jeu. Je vais faire mes devoirs et bien me préparer" a-t-il confié, toujours souriant, en conférence de presse.
Norrie, la reconnaissance qu’il mérite
Tout à gagner, c’est peut-être avec cet état d’esprit que Cameron Norrie abordera cette demi-finale, où il n’est évidemment pas favori. Novice à ce niveau de la compétition en Grand Chelem, le natif de Johannesburg pourra compter sur le soutien sans faille de tout un peuple, dont les encouragements nourris lui ont déjà permis de venir à bout de David Goffin en quarts de finale. Inusable mais en manque criant de sensation, il a eu besoin de ce supplément d’âme pour renverser le Belge (3/6, 7/5, 2/6, 6/3, 7/5) et devenir ainsi le quatrième Britannique à atteindre le dernier carré de Wimbledon depuis le début de l’ère Open (après Roger Taylor, Tim Henman et Andy Murray). "J’étais très ému, c’était un match fou, une journée folle… Faire ça ici, devant ma famille, mes amis et tous ces spectateurs après tout le travail et les sacrifices que j’ai faits, c’est fou" a-t-il lancé encore sous le choc aux journalistes présents en conférence de presse.
Ce vendredi, la marche sera encore plus haute pour le surprenant vainqueur de l’édition 2021 d’Indian Wells. Lors de sa seule et unique confrontation face au "Djoker", Norrie n’était parvenu qu’à inscrire trois petits jeux, s’inclinant sèchement 6/2, 6/1. Un précédent douloureux, pour sa première participation au Masters de fin d’année. Il voudra faire mieux pour sa première demie mais s’attend à disputer l’un des plus grands défis de sa carrière. "C’est un des challenges les plus compliqués à relever en tennis. Le gazon est la surface préférée de Novak et son palmarès ici à Wimbledon est exceptionnel. Je vais devoir améliorer beaucoup de choses". Peu importe le scénario et le score, Norrie a déjà gagné le respect et la reconnaissance de tous les observateurs.
Nadal – Kyrgios : l’ombre d’un doute
Quel Nadal en demi-finale ?
Au courage et au caractère, Rafael Nadal a renversé Taylor Fritz en quarts de finale malgré une blessure aux abdominaux handicapante dès la première manche. Alors que son clan lui a conseillé d’abandonner pour ne pas aggraver son état de santé, le Majorquin a préféré aller au bout de lui-même pour signer sa 19e victoire consécutive en Grand Chelem en 2022. "Ils m’ont dit d’abandonner. C’était dur pour moi de faire ça au milieu du match sur le Centre Court de Wimbledon en quarts de finale, même si j’y pensais depuis un moment. Il fallait décider si ça méritait de souffrir jusqu’au bout du match. Il y avait pas mal de choses dans ma tête. C’est difficile d’abandonner, je l’ai fait quelques fois dans ma carrière et je déteste ça. Et je me sentais bien au niveau du jeu alors j’ai continué à essayer" a-t-il confirmé après son combat de 4h21 (3/6, 7/5, 3/6, 7/5, 7/6(4)).
Le quotidien espagnol Marca a révélé que le Majorquin souffre d’une déchirure de 7mm mais qu’il souhaite malgré tout disputer sa huitième demi-finale au All England Club, comme le prouve son retour à l’entraînement ce jeudi. Une situation qui rappelle l’US Open 2009, tournoi au cours duquel il avait contracté une blessure similaire avant d’être sèchement éliminé dans le dernier carré par Juan Martin Del Potro. Toujours en quête d’un incroyable Grand Chelem calendaire, celui qui avait beaucoup souffert face à Denis Shapovalov à l’Open d’Australie et qui a joué avec un pied anesthésié à Roland-Garros espère sans doute réaliser un nouvel exploit. "Malheureusement ou heureusement, je suis capable de gérer, de m’améliorer de m’adapter aux exigences de mon corps pour continuer à être compétitif en toutes circonstances". Une adaptation dont il aura nécessairement besoin face à son futur vis-à-vis.
Kyrgios au sommet de son art
Un adversaire capable de tout et surtout du meilleur depuis le début de la quinzaine londonienne. Après une entrée en lice difficile face à Paul Jubb, Nick Kyrgios a tenu à rappeler à ses détracteurs que derrière le personnage facétieux et parfois colérique, se cachait avant tout un formidable joueur de tennis. De sa victoire express face à Filip Krajinovic à son succès en cinq manches face à Brandon Nakashima – malgré une gêne à l’épaule – en passant par sa confrontation très tendue avec Stefanos Tsitsipas, l’Australien a totalement mérité de participer pour la première fois de sa carrière à une demi-finale de Grand Chelem.
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Un accomplissement qu’il ne croyait pas possible, huit ans après son dernier quart de finale à Wimbledon. "Être demi-finaliste ici, c’est spécial pour tout le monde mais particulièrement pour moi. Personne n’aurait pu l’imaginer. Si vous aviez demandé à quelqu’un si j’en étais capable, au vu de mes deux dernières années, il aurait répondu que je n’avais pas les capacités physiques et mentales ni la discipline pour le faire […] Il y a tellement de gens que je veux remercier. Maintenant, je sens que je ne veux pas m’arrêter là" a-t-il analysé en conférence de presse.
Au sortir de sa dernière victoire en trois manches face à Cristian Garin, NK a été interrogé sur la possibilité de rencontrer Rafael Nadal (qui n’avait pas encore bouclé son match marathon face à Taylor Fritz). "Evidemment, ce serait spécial de jouer contre Rafa ici. Nous avons eu de belles batailles sur le Centre Court, il en a gagné une et moi aussi. Nous savons que nous avons deux personnalités complètement différentes. Mais on l’un comme l’autre, j’ai l’impression qu’on se respecte énormément. C’est une rencontre qui mettrait l’eau à la bouche de tout le monde, probablement le match le plus regardé de tous les temps". Du Kyrgios dans le texte, même si tous les regards seront effectivement tournés vers cette rencontre vendredi.
Des précédents de haut niveau
Comme il l’a justement rappelé, Nick Kyrgios et Rafael Nadal ont déjà disputé quelques affrontements mémorables. L’Espagnol mène 6-3 dans leurs confrontations et a notamment remporté leurs deux derniers face-à-face en Grand Chelem (Wimbledon 2019 et Open d’Australie 2020). Pour l’anecdote, ces rencontres se sont terminées sur le même score (6/3, 3/6, 7/6, 7/6), l’Australien parvenant à chaque fois à prendre un set à son adversaire. A l’occasion de leur 10e duel, un air de Wimbledon 2014 pourrait toutefois flotter dans l’air, campagne au cours de laquelle Nick marchait sur l’eau et avait éliminé Rafa en huitièmes de finale (7/6(5), 5/7, 7/6(5), 6/3) alors qu’il n’avait que 19 ans.