Des émotions, deux surprises et beaucoup de sourires dans le tableau féminin, des confirmations et un choc attendu à venir chez les hommes... Retour sur les premiers quarts de finale de cette édition 2023 de Wimbledon et les victoires d'Elina Svitolina, Marketa Vondrousova, Jannik Sinner et Novak Djokovic.
Wimbledon J9 : Incroyable Svitolina, Djokovic au rendez-vous
Elina Svitolina qui s'offre la reine du circuit, Novak Djokovic au rendez-vous pour une 46e demi-finale en Majeur face à Jannik Sinner... Voici ce qu'il faut retenir de ce mardi à Wimbledon.
Svitolina s’offre un thriller et la reine
Même la principale intéressée ne semblait pas y croire. Neuf mois seulement après avoir donné naissance à son premier enfant, Elina Svitolina est de retour en demi-finale d’un Grand Chelem ! Déjà quart de finaliste à Roland-Garros il y a quelques semaines, la joueuse bénéficiant d’une wild-card a donc fait encore plus fort en remportant une énorme bataille de 2h51 contre Iga Swiatek (7/5, 6/7(5), 6/2).
Déjà miraculée au tour précédent après deux balles de match sauvées face à Belinda Bencic, la numéro un mondiale s’est montrée beaucoup trop friable sur son service et son coup droit. Capable de breaker deux fois dans la première manche, elle a mené 2-0 puis 5-3 avant de voir Svitolina inscrire 11 points consécutifs pour prendre les commandes de la rencontre (7/5 en 57 minutes). Avec 8% de réussite sur sa deuxième balle (1/12), elle a grandement participé à la remontée de son adversaire. Ses échanges oraux avec Daria Abramowicz – sa préparatrice mentale – et les nombreuses notes prises sur son carnet Roland-Garros ne trompaient pas : la reine du circuit était déboussolée.
Dans une partie pleine de rebondissements, "Svito" a également connu quelques moments d’absence, à l’image d’une amortie complètement caviardée alors que le tableau des scores affichait 1-1, 40-0 dans la deuxième manche. Un coup du sort dont a pleinement profité Iga pour revenir dans le jeu, faire le break puis mener 3-1. La boss relancée ? En quelque sorte, même si son salut est finalement venu d’un tie-break où elle s’est révoltée après avoir été menée 4 points à 1.
On pouvait alors légitimement penser que ce quart de finale allait définitivement pencher du côté de la Polonaise. Mais c’était sans compter sur l’abnégation d’Elina Svitolina, plus constante, plus agressive et surtout quasiment imprenable sur sa ligne de fond de court. Toujours imprécise (41 fautes directes contre 25), "1ga" a semblé rendre les armes dans une dernière manche où elle s’est rapidement retrouvée menée 5-1 avant de forcer son adversaire à servir pour le gain de ce thriller.
Une formalité pour la jeune maman, les yeux embués de larmes au moment de saluer chaleureusement une joueuse qu’elle apprécie beaucoup. "C’est incroyable, je suis vraiment heureuse d’avoir la chance de jouer un match comme ça ici, avec cette superbe ambiance, a-t-elle lancé au public. J’ai dû me battre mais je suis tellement heureuse d’avoir réussi à m’imposer aujourd’hui ! Iga n’est pas seulement une grande championne, c’est une très belle personne. C’est l’une des premières à s’être manifestée pour soutenir le peuple ukrainien. Bien sûr ce n’est pas facile de jouer contre quelqu’un avec qui vous avez partagé beaucoup de bons moments mais je suis fière de ce que j’ai fait aujourd’hui. Je vais probablement prendre une petite bière pour fêter ça ! Je vais profiter de ce moment avec mon équipe parce que si quelqu’un m’avait dit que je serais en demi-finale en battant la numéro un mondiale, je l’aurais pris pour un fou !"
Une septième victoire en carrière face à une joueuse au sommet de la hiérarchie et un véritable accomplissement pour celle qui a déjà éliminé quatre championnes de Grand Chelem depuis le début de sa quinzaine (Venus Williams, Sofia Kenin, Victoria Azarenka et donc Iga Swiatek). Qualifiée pour sa troisième demi-finale après Wimbledon et l’US Open 2019, elle n’est que la 5e wild-card à réussir cet exploit dans l’ère Open. Ce jeudi, elle affrontera Marketa Vondrousova pour tenter de rallier la finale de cette édition 2023. Un match au goût de revanche face à celle qui l’avait battue au même stade lors des Jeux Olympiques de Tokyo.
Pegula n’y arrive toujours pas
Ce n’est pas faire offense à Marketa Vondrousova que de titrer sur son adversaire. Si la Tchèque est parvenue à effectuer une remontada exceptionnelle dans le set décisif, Jessica Pegula regrettera probablement longtemps ses nombreuses opportunités manquées pour s’offrir une première demi-finale en Grand Chelem. En six tentatives lors des huit derniers Majeurs, l’Américaine n’est donc toujours pas parvenue à briser ce plafond de verre.
Et pourtant, le dernier carré semblait cette fois lui tendre les bras. Après une première manche marquée par de cordiaux échanges de breaks et un nombre important de fautes directes (13 contre 7 pour son adversaire), "Jpeg" a parfaitement réglé la mire pour recoller au score 32 minutes plus tard. Sur sa lancée, elle a de nouveau pris l’engagement de sa vis-à-vis dans la troisième manche pour mener 3-1, avant que les organisateurs ne décident de fermer le toit en raison d’un risque trop important de précipitations sur le All England Club.
Une pause bien malvenue pour la 4e joueuse mondiale, mais cette dernière n’a finalement pas gambergé pour mener 4-1 et obtenir une balle de 5-1 ! Une opportunité sauvée par la finaliste de Roland-Garros 2019 et un véritable point de bascule vers une conclusion inattendue et assez folle, il faut bien le dire. De nouveau puissante et déterminée, Vondrousova est parvenue à refaire son retard puis breaker au meilleur moment, alors que son adversaire a eu de nouveau trois possibilités pour mener 5-4…
Le sang-froid de l’actuelle 42e joueuse mondiale a fait la différence pour s’imposer 6/4, 2/6, 6/4 en 1h55. Une 4e victoire consécutive face à une joueuse tête de série après ses succès contre Veronika Kudermetova (n°12), Donna Vekic (n°20) et Marie Bouzkova (n°32). Un très beau parcours, qui lui donne donc le droit d’affronter Elina Svitolina et de rêver d’une deuxième finale en Grand Chelem après celle disputée Porte d’Auteuil.
Djokovic, évidemment
Oui il s’agissait d’un vrai test pour Novak Djokovic. Et oui, le Serbe a été bousculé par un Andrey Rublev toujours aussi combatif. Mais malgré un début de match le pied légèrement sur le frein, à la fin, c’est toujours le maître des lieux qui l’emporte (4/6, 6/1, 6/4, 6/3 en 2h48). L’histoire aurait toutefois pu être légèrement différente si le 7e joueur mondial était parvenu à réaliser ce fameux débreak à 5-4 dans le troisième set. Il a eu trois occasions de recoller dans ce jeu de 15 minutes mais comme toujours dans les moments importants, l’homme aux 23 titres du Grand Chelem a serré les dents et le poing pour prendre définitivement les commandes de son 56e quart de finale en Majeur.
Le moral dans des chaussettes de plus en plus lourdes à déplacer sur le court, Rublev a rapidement compris que le 4e set lui échapperait comme les deux précédents. Malgré des efforts incroyables, des frappes toujours plus puissantes et un avantage acquis après les 45 premières minutes de jeu – et ce malgré la fatigue liée à son tour précédent face à Alexander Bublik – il a de nouveau échoué aux portes des demi-finales, devenant ainsi le premier joueur de l’ère Open à manquer ces huit premières tentatives à ce niveau de la compétition.
Un échec à mettre toutefois largement au crédit de "Nole", imperturbable, impossible à déborder et toujours aussi conquérant derrière sa ligne. Chaque nouvelle victoire dans son jardin londonien lui permet d’affoler les compteurs et les records. Pour son 400e en Grand Chelem (le 101e ici), il s’est offert un 33e succès consécutif à Wimbledon, synonyme de 12e demi-finale au All England Club (à une unité de Roger Federer) et de 46e demi-finale en Majeur (record de Federer égalé). Celui qui vise un 8e titre (toujours pour égaler le "Maestro") – son 5e consécutif – n’est plus qu’à deux rencontres d’un 24e sacre en Grand Chelem. On en convient, ça fait beaucoup de chiffres et de parenthèses. Beaucoup, comme le nombre de pages que continue d’écrire l’actuel n°2 mondial dans le grand livre du tennis.
Désormais, le joueur masculin le plus titré de l’histoire dans la catégorie reine a rendez-vous avec Jannik Sinner pour un remake du quart de finale 2022. Souvenez-vous que le Djoker avait souffert mais évidemment, il l’avait emporté.
Sinner, une première pour une revanche
Contrairement à Andrey Rublev, Jannik Sinner n’a pas laissé passer l’occasion de rallier le dernier carré pour la première fois de sa carrière en Grand Chelem. Il faut dire qu'il n'affrontait pas un adversaire du calibre du septuple vainqueur de l'épreuve. Après quatre occasions manquées, l’Italien au parcours improbable dans cette édition 2023, s’est débarrassé de Roman Safiullin – l’une des belles histoires de la quinzaine – en quatre manches (6/4, 3/6, 6/2, 6/2 en 2h14). De quoi devenir le premier joueur depuis Pete Sampras et Boris Becker en 1995 à parvenir à ce stade de la compétition sur le gazon londonien sans avoir éliminé le moindre membre du Top 50 mondial.
Une victoire totalement logique pour le natif de San Candido, si l’on excepte une deuxième manche plus insipide au cours de laquelle son adversaire a pris le dessus, alors même qu’il était mené 3-1 et qu’il venait de concéder 12 points de suite. Plus précis et agressif, le 92e joueur mondial est alors devenu une vraie menace. Mais avec 90% de points gagnés derrière sa première et 36 coups gagnants pour seulement 20 fautes directes, Sinner a très rapidement repris le dessus, pour finalement faire cavalier seul dans les deux dernières manches.
Troisième Italien à rallier le Top 4 au All England Club après Nicola Pietrangeli en 1960 et Matteo Berrettini en 2021, il affrontera donc Novak Djokovic ce vendredi. L’an passé, en quarts, il était parvenu à prendre les deux premières manches, avant – comme souvent – d’être rattrapé au finish par l’indéboulonnable maître des lieux. Reste à savoir s’il parviendra à faire mieux, dans cette demi-finale cochée depuis le tirage au sort de ce Wimbledon 2023.