Coup d’envoi décalé par la pluie, interruptions dans l’après-midi, fin du premier tour et début du deuxième : Londres a connu un nouvel embouteillage de matchs ce mercredi ! Protégés par les toits du Centre Court et du n°1, les favoris ont poursuivi leur chemin, avec plus ou moins de facilité.
Wimbledon – J3 : Sinner costaud, Gauff sans pitié
Opposé à Matteo Berrettini dans le choc de cette troisième journée, le n°1 mondial a dû sortir les muscles pour rallier le troisième tour.
Une grosse bagarre pour Sinner
Noté dans tous les agendas depuis le tirage au sort, le premier match pop-corn de cette quinzaine a tenu toutes ses promesses. Au cours d’un combat aux airs de night session, les frappes surpuissantes de Jannik Sinner et de Matteo Berrettini sous le toit fermé du Centre Court ont résonné jusqu’à un Murray Mount encore bien rempli malgré l’heure tardive. Une affiche digne d’un quart de finale finalement remportée non sans souffrir par le n°1 mondial, plus clinique que le finaliste de l’édition 2021 dans les moments importants (7/6(3), 7/6(4), 2/6, 7/6(4) en 3h42).
Le score final ne trompe pas : cette partie de haute volée ne s’est pas jouée à grand-chose. Très à l’aise aussi bien pour se faciliter la vie au service en raccourcissant les échanges que pour remporter de longs rallyes parsemés d’amorties et de frappes chirurgicales, les deux hommes ont souvent fait jeu égal. A la différence près que lors des deux premières manches, le protégé de Simone Vagnozzi et Darren Cahill a eu réponse à tout dans les instants clés, qu’il s’agisse des jeux décisifs ou bien de ce débreak immédiat en début de deuxième set. Difficile alors d’imaginer l’actuel 58e joueur mondial se relever d’un tel coup sur la carafe.
Et pourtant, celui qui a retrouvé son meilleur niveau après plusieurs blessures très handicapantes a profité d’une légère baisse de régime pour relancer le suspense. Son service (28 aces) et son coup droit marteau lui ont permis de multiplier les coups gagnants (65 au total sur la rencontre) pour envoyer son vis-à-vis dans les cordes au 3e set et en début de 4e. Mais puisque rien n’est plus dangereux qu’un animal blessé (et qui plus est en grande confiance), le plus jeune des deux Italiens est reparti à l’assaut en retour, tout en assurant de nouveau très bien son engagement (82% de points gagnés derrière sa première). S’il est parvenu à sauver une première balle de match d’un ace à 5-6, Berrettini n’a pas repoussé l’échéance plus loin que dans le troisième et ultime tie-break de la rencontre, maîtrisé à la perfection par Sinner.
"Tout d'abord, nous sommes de très bons amis, nous jouons la Coupe Davis ensemble, parfois nous nous entraînons ensemble, donc c'est très, très dur de s'affronter au deuxième tour d'un tournoi aussi important, a introduit le vainqueur dans son discours d’après-match. Aujourd'hui, c'était un match de haut niveau et nous avons tous les deux très bien joué. Il y a eu trois tie-breaks et j’ai parfois eu beaucoup de chance. J'ai parlé avec mon équipe et je savais que je devais élever mon niveau de jeu contre Matteo. Il a joué la finale ici et c’est un spécialiste du gazon. Je suis très content de la façon dont j'ai géré la situation et nous verrons ce qui nous attend au prochain tour…" Sur le papier, il s’agit d’une rencontre à sa portée puisque le patron du circuit ATP affrontera Miomir Kecmanovic vendredi.
Medvedev a dû s’employer, Alcaraz sans forcer
Amoureux du Court n°1 où il est invaincu, c’est bien sur le Centre Court et sous les yeux de Maria Sharapova – victorieuse ici-même il y a 20 ans jour pour jour – que Daniil Medvedev a validé son accession au troisième tour. Une mission loin d’être de tout repos face à Alexandre Müller, coutumier des très gros challenges dans les plus grands stades du monde ces derniers temps. Pas impressionné pour un sou, le Français a tenu la dragée haute au demi-finaliste sortant grâce notamment à des passings puissants et un très beau toucher. Victorieux du premier jeu décisif de la rencontre et titulaire d’un break dans la foulée, il aurait même pu basculer largement en tête s’il était parvenu à convertir ses deux balles de set (à 5-4 puis 6-5) en fin de deuxième manche.
Mais en face, le protégé des deux Gilles ne s’est pas totalement désuni et a su retrouver de la sérénité après quelques habituelles joutes verbales avec son clan, à l’image de cette scène surréaliste durant laquelle il est allé se rasseoir sur son banc alors que le tie-break du premier set n’était pas terminé. "À la fin du premier set, mes pensées n'étaient vraiment pas claires, et à 3-6 dans le tie-break, je pensais que le set était perdu, a-t-il souri. Je suis allé m’asseoir et l'arbitre m'a donné le score. J'ai réussi à retrouver mon calme dans le deuxième set. Même quand j'ai perdu mon engagement, j'ai réussi à rester serein et à renverser la vapeur. Je suis assez content." Efficace au service (14 aces, 75% de points gagnés derrière sa première) et consistant sur sa ligne de fond de court, il s’est libéré après le gain du second jeu décisif pour enfin parvenir à faire de petites différences et s’imposer 6/7(3), 7/6(4), 6/4, 7/5 en 3h28. Au prochain tour, le n°5 mondial affrontera Jan-Lennard Struff.
Le suspense n’aura en revanche pas duré plus d’une manche dans la rencontre opposant Carlos Alcaraz à Aleksandar Vukic. Victorieux de leur seule et unique confrontation en qualif’ de Roland-Garros 2020, l’Australien a poussé son adversaire au tie-break après avoir été mené 5-2 dans le set inaugural. Une petite alerte finalement sans conséquence pour le tenant du titre, vainqueur 7/6(5), 6/2, 6/2 en 1h48. "Je pense que le premier set a été la clé, a-t-il analysé en bord de court. Il a servi pour le gain de la manche mais j’ai réussi à faire le break et ensuite, j'ai joué un très bon jeu décisif. J'ai évolué à un niveau très élevé dans les deuxième et troisième sets, je suis très heureux de ma performance."
Une 9e victoire consécutive à Wimbledon qui lui ouvre les portes d’un troisième tour très "show" face à Frances Tiafoe. "Nous avions joué un excellent match à l’US Open (2022, ndlr), s’est souvenu le Murcien. Je sais que c'est un joueur très talentueux, il a un bon service et une bonne volée. Ce sera un match difficile pour moi, surtout sur gazon, mais je suis prêt à relever le défi."
S’il n’y a pas eu de surprise majeure dans le tableau masculin, ce dernier a tout de même perdu sa tête de série n°8, Casper Ruud. Arrivé sans préparation et quelque peu allergique au gazon, il a subi la loi de Fabio Fognini malgré un spectaculaire retour dans la troisième manche (6/4, 7/5, 7/6(1), 6/3 en 3h18). L’Italien de 37 ans affrontera Roberto Bautista Agut pour une place en huitièmes au All England Vintage Club !
Gauff express, Raducanu enchante ses fans
"Je suis satisfaite de la façon dont j'ai joué. Je pense que j'aurais pu être plus propre à certains moments, mais dans l'ensemble, je suis contente d’être au troisième tour." Ambitieuse et perfectionniste dans l’âme, Coco Gauff s’est de nouveau montrée impitoyable à l’occasion de son deuxième match, copie conforme de son entrée en lice. Opposée à la qualifiée roumaine Anca Todoni – 141e joueuse mondiale qui disputait son premier Grand Chelem, son deuxième tournoi WTA – la dauphine d’Iga Swiatek n’a perdu que trois petits jeux, le tout en 1h06 (6/2, 6/1).
Depuis son élimination prématurée lors de l’édition 2023, son bilan en Grand Chelem est de 19 victoires pour 2 défaites, le tout sans perdre la moindre manche en première semaine. Des chiffres et un tableau plus dégagé que prévu qui poussent à l’enthousiasme, bien que l’Américaine n’ait jamais dépassé le stade des huitièmes de finale à Londres. Elle aura l’occasion d’y retourner vendredi face à une autre joueuse issue des qualifications, la Britannique Sonay Kartal.
Trois jeux, c’est également ce qu’Emma Raducanu a laissé en route face à une Elise Mertens sonnée par les frappes et la couverture de terrain de sa jeune adversaire (6/1, 6/2 en 1h15). Bruyamment soutenue par tout le peuple britannique, celle qui en début de tournoi disait ne pas avoir d’attentes mais vouloir se battre pour ne pas être frustrée a rallié le troisième tour avec brio (où elle retrouvera Maria Sakkari), pour la première fois en Majeur depuis son incroyable sacre à l’US Open 2021. "Il y a beaucoup d’émotions et de nervosité mais aussi énormément de soutien, a-t-elle expliqué. A certains moments cruciaux aujourd’hui, c’était vraiment bénéfique et utile qu’il y ait autant de gens pour m’encourager et me soutenir. Lorsque j’ai réussi ma dernière amortie dans le dernier jeu, j’ai senti le public exploser. Ce sentiment m’a énormément manqué l’an passé."
Et puisqu’une bonne nouvelle ne vient jamais seule, la star a officiellement reçu aujourd’hui une wild-card pour disputer l’épreuve du double mixte en compagnie… d’Andy Murray ! Wimbledon n’a pas fini de se réjouir.
Le miraculé du jour : Thomas Machac
Interrompu mardi en raison de la pluie, le duel du premier tour entre David Goffin et Thomas Machac (6/3, 4-2 pour le Belge) a connu un dénouement inimaginable ce mercredi. Lucky loser en lieu et place d’Andy Murray, le Belge pensait pleinement saisir sa chance en menant deux manches à rien puis 5-0 dans le set final après avoir laissé revenir son vis-à-vis à hauteur. Mais au bord du précipice, le Tchèque – qui n’a concédé aucune balle de match ! – n’a rien lâché et a finalement remporté la rencontre la plus improbable de cette édition 2024 (3/6, 3/6, 6/4, 6/1, 7/6(5) en 3h17). "J’ai essayé de continuer à jouer en me disant que je pouvais le débreaker au moins une fois et qu’ensuite, on verrait bien ce qui pouvait se passer, a confié l’heureux vainqueur. J’ai eu une autre occasion dans la foulée et j’ai saisi cette chance, ce qui a totalement fait basculer le match en ma faveur."
Pour la petite histoire, il affrontera Roman Safiullin, auteur lui aussi d’une spectaculaire remontada face à Francisco Cerundolo (6/7(5), 3/6, 7/5, 6/3, 6/4 en 3h26) ! De son côté, Thanasi Kokkinakis, le nouveau roi du cinq sets boulevard, a renversé Félix Auger-Aliassime, toujours sur deux jours (4/6, 5/7, 7/6(9), 6/4, 6/4 en 4h38).
Le "french corner" : Humbert en chef de file
Le n°1 français montre l’exemple dans la capitale anglaise ! Au coude-à-coude dans la première manche face à Botic van de Zandschulp, Ugo Humbert a sauvé cinq balles de set avant de prendre le large (7/6(9), 6/1, 6/3 en 2h14) et ainsi rallier le troisième tour. Il a emmené dans sa roue Quentin Halys, Lucas Pouille et Arthur Rinderknech, qui ont quant à eux poinçonné leur ticket pour le deuxième tour. Quant à Gaël Monfils, son spectaculaire et très plaisant match entre amis avec Stan Wawrinka a été arrêté alors qu’il menait 7/6(5), 6/4, 5-5.