Wimbledon – J1 : Alcaraz et Sinner en patrons, Sabalenka se retire

Le champion en titre et le n°1 mondial ont fait preuve d’autorité à l’occasion de leur entrée en lice.

©Corinne Dubreuil / FFT
 - Romain Vinot

Les lignes parfaitement tracées, l’herbe impeccablement taillée et le ciel bleu en bonus : cette édition 2024 de Wimbledon a démarré sous les meilleurs auspices ce lundi. Des conditions parfaites dont ont pleinement profité les principaux favoris et outsiders à la victoire finale, à l’exception de la n°3 mondiale Aryna Sabalenka, contrainte de déclarer forfait sur blessure avant son premier tour.

Entame sérieuse pour les favoris

Comme le veut la tradition, le champion en titre a mené la première danse sur un Centre Court particulièrement bien garni. Et si Carlos Alcaraz a fait honneur à son statut et à son audience en s’imposant en trois manches (7/6(3), 7/5, 6/2 en 2h23), l’excellent niveau de cette rencontre est également à mettre au crédit de son jeune et encore méconnu adversaire, Mark Lajal (21 ans, 269e mondial). Issu des qualifications en ne concédant qu’une seule fois sa mise en jeu, l’Estonien n’a souffert d’aucun complexe et ce dès les premiers coups de raquette de cette partie. Mais face à un client de la trempe du récent champion de Roland-Garros, mener au score ne suffit pas toujours, loin de là.

Sérieux, appliqué (44 coups gagnants, 84% de points gagnés derrière sa première et 79% au filet) et souvent spectaculaire – à l’image de ce chip génial pour obtenir une balle de break en fin de deuxième manche et ainsi s’envoler vers une victoire sans accroc –, le Murcien a débreaké immédiatement à chaque perte d’engagement, en enchaînant les séries de points (10 dans le premier set, 9 dans le deuxième).

Une très belle copie donc, parsemée d’amorties géniales et de coups droits dévastateurs dont il a le secret. "Il m'a un peu surpris parce que je ne l'avais pas beaucoup vu jouer, a expliqué le vainqueur. Il est très jeune, il a mon âge. Je suis sûr que je vais le voir sur le circuit et que je vais l'affronter plus souvent. Je suis vraiment heureux de m'en être sorti et de remporter ma première victoire sur le Centre Court cette année !"

©Corinne Dubreuil / FFT

Sérieux, son grand rival dans cette partie haute du tableau masculin l’a également été. Et il le fallait pour réussir à se défaire d’un Yannick Hanfmann très accrocheur, au point de prendre la troisième manche à Jannik Sinner, qui a notamment réclamé la fermeture du toit du court n°1 pour éviter que l’humidité de la fin de journée ne perturbe les débats. Offensif aussi bien sur sa mise en jeu que sur celle de son adversaire, l’Allemand s’est procuré la bagatelle de 11 balles de break mais n’en a converti que deux. Et c’est bien sur ces fameux points importants que le patron du circuit a fait la différence, avant de prendre définitivement le large dans le quatrième et dernier set (6/3, 6/4, 3/6, 6/3 en 2h58), sous le toit.

Seul Italien de l’histoire à être tête de série n°1 au All England Club, il se verrait bien également être le premier à soulever le célèbre trophée orné d’un ananas. Mais avant de se projeter aussi loin, il aura fort à faire au 2e tour face à Matteo Berrettini, unique Transalpin à avoir atteint la dernière marche ici-même en 2021. Titré à deux reprises au Queen’s (2021 et 2022), celui qui a fêté son retour sur herbe par une finale à Stuttgart (perdue contre Jack Draper) s’est défait dans un format similaire de Marton Fucsovics (7/6(3), 6/2, 3/6, 6/1 en 2h57).

À noter également les qualifications pour le deuxième tour des meilleures têtes de série : Daniil Medvedev (n°5), Casper Ruud (n°8), Grigor Dimitrov (n°10) et Tommy Paul (n°12). C’est en revanche déjà terminé pour Nicolas Jarry (n°19), battu par Denis Shapovalov, ancien demi-finaliste (2021) et toujours en quête de confiance et de son meilleur niveau.

➡️ Le tableau complet du simple messieurs

L’info du jour : Sabalenka forfait

Demi-finaliste des deux dernières éditions de Wimbledon, Aryna Sabalenka ne défendra finalement pas ses chances cette année. Déjà contrainte à l’abandon lors de son quart de finale à Berlin face à Anna Kalinskaya, elle souffre d’une blessure à l’épaule qui l’empêche de servir. "C’est une blessure très spécifique et très rare, a-t-elle confié à l’occasion du Media Day. Je ne suis probablement que la deuxième ou la troisième joueuse de tennis qui se blesse à ce muscle. C’est très frustrant parce que je peux tout faire, m’entraîner, frapper mes coups en fond de court mais je suis gênée au service. On n'a pas l'impression d'être blessé, si vous me donnez des poids, je vais les soulever mais si vous me demandez de servir, je vais souffrir."

La championne de l’Open d’Australie, qui a également expliqué avoir passé des examens et essayé plusieurs traitements, sera au repos forcé pendant plusieurs semaines puisqu’elle a d’ores et déjà décidé de ne pas s’aligner aux Jeux Olympiques de Paris.

Gauff, la voie royale ?

Dans une partie basse moins relevée sur le papier, ce désistement de dernière minute pourrait bien faire les affaires de Coco Gauff. Dauphine d’Iga Swiatek depuis son très beau parcours Porte d’Auteuil, l’Américaine a parfaitement tenu son rang face à sa compatriote Caroline Dolehide (6/1, 6/2 en 1h05). Si elle a concédé sa mise en jeu sur la seule opportunité de break de son adversaire, elle s’est montrée très efficace dans ce domaine (86% de points gagnés derrière sa première) ainsi qu’au filet 9/10.

Surtout, elle a constamment eu la volonté de prendre le jeu à son compte comme le montrent ses statistiques en termes de coups gagnants (15) comme de fautes directes (15). Le meilleur moyen de définitivement mettre au placard le fantôme de son élimination au premier tour l’an passé. "Il y a un an, après ma défaite, j’aurais aimé me voir aujourd’hui, souriait-elle la semaine dernière. Ça a été un moment très difficile pour moi et les deux-trois semaines qui ont suivi étaient vraiment sombres."

Et si on ose désormais parler de voie dégagée, c’est aussi parce que la journée a été marquée par deux surprises chez les dames. Dans un duel portant le sceau de la jeunesse, Brenda Fruhvirtova a renversé la situation face à Mirra Andreeva (n°24), demi-finaliste de Roland-Garros et quart de finaliste ici en 2023 (1/6, 6/3, 6/2 en 2h06). Plus surprenant encore, la finaliste de l’Open d’Australie Qinwen Zheng (n°8) s’est inclinée face à la qualifiée Lulu Sun (4/6, 6/2, 6/4 en 1h57), qui dispute son premier tableau principal en Grand Chelem ! Ça passe en revanche pour Jasmine Paolini (n°7), Madison Keys (n°12) ou les très attendues wild-cards Naomi Osaka et Emma Raducanu.

➡️ Le tableau complet du simple dames

La remontada du jour : Tiafoe, première !

En difficulté depuis plusieurs mois malgré une finale perdue à Houston contre Ben Shelton, Frances Tiafoe a glané une victoire aussi belle qu’inespérée face au très talentueux Matteo Arnaldi. Mené deux manches à rien, le showman s’est remobilisé pour faire le spectacle et renverser la vapeur (6/7(5), 2/6, 6/1, 6/1, 6/3 en 3h09). Une première en carrière pour l’Américain qui restait sur un bilan de 0/15 dans cette situation avant cette rencontre. Un succès bon pour la confiance et le moral à l’heure de retrouver Borna Coric, qu’il avait battu au premier tour de l’Open d’Australie en janvier.

La balle de match du jour : Harris, c’est fou !

Au terme d’un match aussi dingue que décousu face au talentueux Alex Michelsen, le renversant Lloyd Harris a remporté l’une des plus belles victoires de sa carrière au super tie-break (3/6, 4/6, 7/6(5), 6/2, 7/6(9) en 3h29). Un match bouclé sur une balle de match complètement folle dont on vous laisse profiter…

Le "french corner" : la "Monf" s’offre "Manna"

Un super tie-break qui a également profité à Arthur Cazaux. Dominateur en début de rencontre, le huitième de finaliste à Melbourne a vu son adversaire Zizou Bergs revenir petit à petit, au point de le contraindre à disputer un cinquième set puis un jeu décisif de tous les dangers. Après une toute dernière frayeur (il menait 7-0 avant d’être rejoint à 8-8 !) il a finalement eu le dernier mot pour s’imposer 6/1, 6/4, 6/7(2), 6/7(4), 7/6(8) en 4h34 !

Récent demi-finaliste à Majorque, Gaël Monfils a quant à lui plus que confirmé ses très bonnes sensations en s’imposant en quatre sets face à Adrian Mannarino (6/3, 3/6, 7/5, 6/4). Impérial sur sa mise en jeu si l’on excepte ce petit accident dans la deuxième manche, le Parisien a exercé une pression constante sur la tête de série n°22, en raccourcissant les échanges et en faisant parler sa puissance. Au deuxième tour, il disputera un duel vintage immanquable face à Stan Wawrinka, tombeur en trois sets de l’invité britannique Charles Broom.

Autre tête de série française du tableau masculin, Ugo Humbert (n°16) a réussi tant bien que mal à faire respecter la hiérarchie en s’imposant au meilleur des cinq manches face à Alexander Shevchenko (6/1, 4/6, 7/6(2), 6/7(3), 6/1 en 3h18). Vainqueur de son compatriote Hugo Gaston (6/4, 7/6(2), 7/6(2) en 2h19), Alexandre Müller s'est lui offert le droit d’affronter Daniil Medvedev.

Chez les dames, après avoir illuminé Paris de son grand sourire, Varvara Gracheva a fait de même lors de son entrée en lice à Londres. Elle a totalement pris la mesure de Lesia Tsurenko (6/3, 6/1 en 1h02) et affrontera une autre joueuse ukrainienne en la personne de Dayana Yastremska au prochain tour. Succès tout aussi convaincant pour Clara Burel, tombeuse de l’Allemande Eva Lys (6/2, 6/4 en 1h02).

➡️ Le train Bleu est lancé