Rolandgarros.com vous propose de vivre le tournoi 2020 aux dates initiales à travers des matchs du passé, tour par tour. Ce samedi 30 mai, retour sur la naissance du phénomène Gustavo Kuerten, opposé à Thomas Muster au troisième tour de l’édition 1997.
Un tour, un match de légende : Kuerten - Muster (3e tour 1997)
Revivez la naissance du phénomène Kuerten face à Thomas Muster lors de l'édition 1997 de Roland-Garros.
Le contexte
A son arrivée à Paris en 1997, Thomas Muster n’est pas totalement en confiance. S’il a atteint le dernier carré à Melbourne puis à Indian Wells avant de s’adjuger le titre à Miami, l’Autrichien de 29 ans est complètement passé à côté de sa saison sur terre battue. Il aborde donc ce troisième tour à Roland-Garros sans match référence et en ayant souffert lors de son entrée en lice face à Goellner. Mais le 5ème mondial, sacré ici-même deux ans auparavant, n’en reste pas moins le grand favori de cette rencontre face à Gustavo Kuerten, encore inconnu du grand public.
Le Brésilien, éliminé au premier tour en 1996 et en manque total de réussite lors de la tournée européenne, s’est refait une santé en remportant le Challenger de Curitiba au Brésil. Classé 66e mondial, "Guga" a remporté avec la manière ses deux premiers tours contre Dosedel puis Björkman. Mais il fait désormais face à une montagne.
Le match
Sous une chaleur de plomb, le public du court n°1 accueille cette opposition de styles et de caractères avec curiosité. Ce jeune joueur très souriant aux cheveux bouclés et à la tenue colorée peut-il faire dérailler la machine Muster ? Les premiers jeux sont à l’avantage de l’Autrichien mais à 5-2 contre lui, Kuerten se rebiffe et pousse son adversaire au tie-break. Il perd la manche mais gagne le soutien des spectateurs qui apprécient son attitude, son envie et surtout son jeu. Au fur et à mesure du match, l'homme de Florianopolis monte en puissance et assène sans discontinuer des coups droits long de ligne, des revers acérés ou encore des amorties parfaitement touchées. Les jeux défilent et le public est presque abasourdi de voir l’un des meilleurs terriens de la décennie être dépassé par la fougue d’un gamin de 20 ans.
Désormais mené deux sets à un, Muster est dos au mur et doit s’employer pour sauver quatre balles de break dès le début de la quatrième manche. Mais l’homme aux 40 titres sur terre battue est un dur au mal capable de hausser son niveau de jeu dans les moments importants. Il sauve brillamment son service et profite d’un léger temps faible de son adversaire pour porter l’estocade et revenir à deux manches partout. Malgré les nombreux « Guga, Guga » qui tombent des tribunes, le Brésilien n’y arrive plus, peste beaucoup et lâche même sa raquette de dépit au moment de s’asseoir sur son banc, à 3-0 dans le dernier set. « Musterminator » semble avoir une nouvelle fois réussi à faire craquer son adversaire.
Mais sous les encouragements de son frère et les vivats de la foule, le miracle se produit. Kuerten lâche des coups incroyables, revient à 3-3 avant de définitivement écœurer Muster en faisant le break à 4-4. Il conclut sa magnifique partition par un jeu blanc et en enchaînant une volée amortie puis une volée lobée réflexe sur balle de match (6/7, 6/1, 6/3, 3/6, 6/4). De quoi faire lever le « bullring » pour une ovation méritée. Son frère descend l'embrasser, puis il étreint son coach, Larri Passos. L’histoire d’amour ne fait que commencer…
Déclaration
Gustavo Kuerten : « Je suis entré sur le court avec l’envie de jouer et non pas de le regarder [...] Dans le 5ème set, il menait 3-0, je n’en pouvais plus, je râlais, je voulais partir, je n’étais plus là. Mon frère m’a remonté le moral et je suis revenu au score. Muster n’en revenait pas car quelques minutes avant, il croyait que j’étais mort. »
Statistiques
14. Le nombre d’aces servis par « Guga » mais également le nombre de balles de break sauvées par le Brésilien (14/19).
La suite
La suite de cette édition est évidemment entrée dans la légende de Roland-Garros. Au tour suivant, Gustavo Kuerten s’offre Andrei Medvedev au meilleur des cinq sets et sur deux jours. En quart de finale, il affronte et bat Kafelnikov alors numéro 3 mondial et tenant du titre, toujours en cinq sets. En demi-finale – seul match qu’il débute dans la peau du favori – il ne lui faut que quatre manches pour éteindre le Belge Filip Dewulf, l’autre sensation de ce tournoi venue des qualifications.
Et que dire de son niveau de jeu exceptionnel lors de sa finale expéditive face au double-vainqueur Bruguera ? Troisième joueur non tête de série de l’histoire à gagner RG, il devient également le premier représentant du Brésil à soulever un Grand Chelem. Guga entrera encore un peu plus dans le cœur du public parisien grâce à ses deux autres titres glanés en 2000 et en 2001. Il sera aussi n°1 mondial.