J3 : la carte postale de Roland

Anecdote, tranche de vie, moment fort... Chaque jour, Roland-Garros vous envoie sa carte postale.

 - Roland-Garros

Cher public,

Mon voyage se poursuit, j’arrive au bout de mon premier tour et il fait toujours ici un temps magnifique, ça me change de mon habituelle grisaille parisienne ! Bon, ok, j’exagère un peu. En vérité, ce n’est pas à toi que je vais l’apprendre, c’est assez compliqué côté météo cette année. Et ça l’a été particulièrement ce mardi avec des matchs qui ont été décalés de plusieurs heures sur les courts annexes, et qui ont ensuite été morcelés par les ondées.

Une partie de moi pourrait s’en satisfaire : cette année, comme tu l’as vu, j’ai inauguré un deuxième toit sur mon court Suzanne-Lenglen (il est beau, non ?), pile trente ans après la construction de celui-ci. On peut dire que ça valait l’investissement : depuis le début des qualifications - durant lesquelles il a été mis à contribution pour la première fois -, je l’ai fermé quasiment tous les jours. Cela permet d’avancer beaucoup plus de matchs qu’avant et de répondre ainsi à une bonne partie de tes attentes, ainsi qu’à celle des télévisions.

Suzanne-Lenglen, Richard Gasquet, first round, Roland-Garros 2024©️Corinne Dubreuil / FFT

Singing in the rain

Malgré tout, ce n’est pas idéal. Tu sais, quand il pleut, ça n’est pas facile pour moi, encore moins pour les joueurs. Mais le pire, je le sais bien, c’est pour toi. Et je voudrais quand même t'écrire tout ce que je ne peux pas te dire : face aux caprices du temps, tu as eu jusqu’à présent un comportement exemplaire, fantastique même, à faire pâlir de jalousie le public de Wimbledon, pourtant expert en la matière.

Roland-Garros 2024, 1er tour / pluie© Clément Mahoudeau / FFT

Ce mardi, j’ai pris mon ciré et je suis allé me balader dans les allées de mon stade, aux abords du court 14, où Giovanni Mpetshi Perricard était en train de défier David Goffin. Je pensais t’entendre râler, au moins un peu. Eh bien, pas du tout. Au contraire, je t’ai vu danser sous la pluie, ne pas quitter ton siège pendant l’averse, mettre une ambiance de dingue avec des chants de supporters dont certains m’ont bien fait rire, comme celui où tu t’enjoignais toi-même de ranger les parapluies. Un moment sympa, vraiment.

Alors bien sûr, je n’irai pas jusqu’à te dire que j’aime la pluie. Mais grâce à toi, j’y trouve désormais un certain charme. Surtout ce moment où le temps (sans jeu de mots) suspend son vol, quand on est un peu "entre-deux", quand il pleut mais pas complètement, quand le match est interrompu mais pas arrêté, quand les joueurs restent sur le court et toi dans les tribunes, en attendant que le nuage passe. Le ciel parisien se charge alors d’une luminosité particulière qui met, je trouve, mes formes particulièrement en valeur. Ton enthousiasme fait le reste et je deviens incandescent.

Toit court Suzanne-Lenglen / Roland-Garros 2024©Amélie Laurin / FFT