J'aurais aimé, pourtant. Mais je suis sûrement un peu complexe, moi aussi. D'un côté, j'ai toujours été attiré par les grands attaquants et j'ai toujours voulu m'entendre avec eux. Et de l'autre, consciemment ou non, j'ai éconduit les plus grands. McEnroe, donc, mais aussi Becker, Edberg, Sampras et d'autres : je les ai tous laissés à ma porte.
McEnroe, le génie malpoli
Bon, il faut avouer aussi que "Big Mac" ne s'est pas toujours bien comporté avec moi. À l'époque, il avait même le comportement d'un bad boy, jurant sur le court, balançant ses raquettes, insultant les arbitres, méprisant les officiels et pestant à la moindre mouche qui volait. Un enfer… Et à côté de ça, un talent sublime, inclassable, hors normes, qui a marqué profondément toute une génération de fans aujourd'hui (au moins) quinquagénaires. Comment en vouloir à ce génie ultime, qui ne supportait ni l'à-peu-près, ni la médiocrité ? Au fond, je crois qu'il était incompris. Un hypersensible incompris.
Je sais qu'aujourd'hui encore, à chaque fois qu'il revient ici, John pense à ce match. Il en a même des nausées, paraît-il. Moi aussi, j'y pense encore. J'ai vu ce jeudi des réminiscences de son génie en l'admirant distiller des caresses comme à ses plus beaux jours, même si bien sûr, à 65 ans, le corps est moins fringant. J'ai vu en revanche un McEnroe beaucoup plus calme, posé, jamais énervé. Je pense même avoir décelé, à un moment donné, une lueur de nostalgie dans son regard. Oui, je suis sûr qu'il y pense encore. Moi aussi.