Toutes impatientes de revoir Kim

Le retour de Kim Clijsters ne laisse personne indifférent. Réactions des stars de la WTA depuis Wuhan.

Smiling Kim Clijsters at Roland-Garros 2017©Cédric Lecocq/FFT
 - Reem Abulleil

Comme tous les fans de tennis, les joueuses de la WTA ont tout d’abord été prises de court par la nouvelle du retour de Kim Clijsters. Mais la majorité se sont ensuite dites impatientes de voir comment la Belge s’en sortira dans le circuit.

Membre du Hall of Fame, ex n°1 mondiale, quatre fois sacrée en Grand Chelem, Clijsters a récemment annoncé son intention de revenir à la compétition, sept ans après avoir raccroché les raquettes pour la deuxième fois.

À 36 ans, elle entend renouer le fil de sa carrière au début de la saison 2020, bien déterminée à prouver qu’on peut être mère de trois enfants et tenniswoman professionnelle.

Martina Navratilova and Kim Clijsters Trophée des Légendes Roland-Garros©Philippe Montigny/FFT

Ashleigh Barty et Li Na ont hâte

“C’est arrivé d’un coup. Je prenais mon petit déjeuner chez moi, en Australie, quand j’ai appris la nouvelle. C’est génial ! Kim est une joueuse contre qui j’aurais adoré pouvoir jouer“, a expliqué cette semaine la n°1 mondiale, Ashleigh Barty, en marge du tournoi de Wuhan.

“Je connais plein de filles qui sont ravies de ce retour. J’espère maintenant que son corps va la laisser aller au bout de ses intentions, qu’elle évitera les blessures et qu’elle pourra revenir.“

La Chinoise Li Na, ancienne n°1 mondiale et première Asiatique à remporter un tournoi du Grand Chelem en simple (Roland-Garros 2011), mesure d’autant mieux la difficulté du défi qu’elle est mère de deux enfants.

“C’est très courageux ce que fait Kim. Elle adore le tennis et c’est pour ça qu’elle cherche à revenir. Quelle que soit l’issue, je lui souhaite de réussir“, a déclaré Li Na, qui avait pris sa retraite à 32 ans, après avoir ajouté un second majeur à son palmarès (Open Australie 2014).

Caroline Wozniacki and Kim Clijsters Australian Open©Corinne Dubreuil/FFT

Halep veut sa revanche

Barty n’est pas l’unique joueuse à rêver d’affronter Clijsters, pas plus que Li Na ne s’émerveille seule du défi que s’est lancé la Belge. Simona Halep abonde volontiers dans les deux sens.

“J’avoue que je suis restée sans voix ! C’était un vrai choc pour moi“, a confié la Roumaine, sacrée à Roland-Garros en 2018.

“Vouloir revenir au plus haut niveau avec trois enfants, c’est très fort. C’est vraiment très impressionnant.“

“Maintenant, j’aimerais vraiment avoir la chance de rejouer contre elle, parce qu’elle m’avait battue une fois à Brisbane. Ce match, il m’est resté en travers de la gorge. Si j’ai la chance de l’affronter, ce serait génial. Elle a toujours été très gentille avec moi après les finales que j’ai perdues en Grand Chelem.“

Pourquoi ce match à Brisbane l’a-t-elle autant marquée ?

“Parce qu’elle m’avait collé un 6-0 au premier set“, a expliqué Halep dans un grand sourire.

“Les 6-0 que j’ai encaissés, je ne les oublie jamais. En plus, elle frappait tellement bien dans la balle. Elle est toujours très agressive, campée sur la ligne de fond. Et puis ça sortait tellement bien de la raquette. J’ai vraiment plein de choses à apprendre d’elle. Je suis ravie de son retour. C’est vraiment bien pour le tennis.“

Une nouvelle ère

Le tennis a beaucoup changé depuis le deuxième départ en retraite de Clijsters, il y a sept ans. C’est un circuit féminin radicalement différent qu’elle risque de découvrir.

Aujourd’hui, l’écart entre les vétéranes et les jeunes pousses est du jamais vu auparavant. D’un côté, il y a une Serena Williams qui, à 38 ans, parvient encore à disputer des finales de Grand Chelem et à pointer dans le top 10. De l’autre, des gamines de moins de 21 ans telles que Bianca Andreescu ou Naomi Osaka qui empochent des majeurs. Sans parler du phénomène Cori Gauff, qui s’est invitée à 15 ans en deuxième semaine de Wimbledon.

“Beaucoup de choses ont changé au cours de ces sept ou huit dernières saisons“, souligne ainsi la double championne de Wimbledon Petra Kvitova, qui avait dû s’arrêter pendant six mois à la fin 2016 après qu’un cambrioleur armé d’un couteau l’avait blessée à la main gauche.



“Physiquement, c’est beaucoup plus costaud qu’avant. Moi j’ai dû arrêter pendant quelques mois, mais elle, ça fait sept ans. J’ai beaucoup de mal à décrire le travail que j’ai dû faire, mais je sais que ç’avait été dur. On voit d’ailleurs aujourd’hui des filles qui ont le plus grand mal à revenir après avoir arrêté pendant un an ou deux. Ce ne sera pas facile. Je suivrai de près ce qu’elle arrivera à faire.“

Svetlana Kuznetsova, victorieuse à Roland-Garros en 2009 et contemporaine de Clijsters (qui l’a battue sept fois en huit rencontres !), se débat aujourd’hui pour retrouver le plus haut niveau après plusieurs saisons marquées par des problèmes au poignet. C’est d’ailleurs chez Kim Clijsters, en Belgique, qu’elle avait passé du temps au moment de son opération.

Sous le choc

Et la réaction de la Russe au retour de Clijsters a d’ailleurs selon son propre aveu été du genre plutôt comique.

“C’est dingue. J’étais sur Instagram, je la vois dire des choses [dans la vidéo où elle annonçait son retour] et j’ai monté le volume. John McEnroe était en train de dire ‘Tu vas peut-être revenir’ et elle disait un truc du genre ‘héhé va savoir’, ‘Rendez-vous en 2020’. Et moi, j’étais là et je me disais ‘Mais elle va prendre la direction du Masters ou quoi ?“, explique Kuznetsova.



“En fait, je ne comprenais rien à son annonce. Kim va être la patronne d’un tournoi ? Mais non… Donc j’ai réécouté… Et je trouve ça génial pour le circuit, c’est super pour le tennis.“

Deux ans plus jeune que Clijsters, Kuznetsova s’y connaît bien en comebacks, elle qui a traversé plusieurs périodes difficiles. Elle est donc idéalement placée pour mesurer la difficulté de la chose.

“C’est un nouveau challenge pour elle. Quand elle était revenue la première fois, elle avait gagné un tournoi du Grand Chelem. Je me souviens que quand elle avait arrêté, elle disait ‘J’en ai tellement marre de tout ce travail physique’. En même temps, elle y consacrait une heure et demie tous les jours“, souligne Kuznetsova.

“Donc, je me demande aujourd’hui comment elle va faire pour gérer la préparation physique, les entraînements et tout le reste, avec ses trois enfants… C’est un nouveau défi. Je suis curieuse de voir ça et je lui tire mon chapeau pour le projet dans lequel elle s’est lancée“.

Kuznetsova ajoute que la densité actuelle du circuit féminin devrait offrir à Kim des tirages compliqués.

“Ç’a beaucoup changé. Il n’y a plus de matches faciles aujourd’hui, mais si on arrive à faire preuve de régularité au plus haut niveau, on finit tôt ou tard au sommet. Mais il faut vraiment jouer à un très haut niveau“, estime-t-elle.

“Il n’y a plus de matches faciles comme avant, où on passait un, deux, voire trois tours tranquillement, avant d’attaquer les choses sérieuses. Kim n’avait pas connu ça. Le niveau global est plus relevé aujourd’hui. Elle est là, la principale différence“.

“Je vais suivre de près son retour, parce que, pour moi, ç’a été très difficile de revenir. Mais Kim avait réussi son premier comeback, donc je suis curieuse de voir comment elle gère ça“.

Kim Clijsters© Cédric Lecocq/FFT

Zéro pression

Clijsters n’a jamais précisé les objectifs qu’elle se fixe pour ce retour, une démarche que Kuznetsova considère comme très intelligente.

“L’objectif qu’elle mentionnait dans la vidéo, c’était de savoir si elle pouvait gérer le tennis avec trois enfants, de vérifier si elle pouvait mener de front les deux choses à la fois. Mais elle n’a jamais dit ce qu’elle devait faire pour réussir. C’est très malin de sa part car elle ne se met aucune pression“, ajoute la Russe.

Sloane Stephens, sacrée à l’US Open et finaliste à Roland-Garros, a plaisanté au sujet des motivations de Clijsters.

“Je trouve ça génial, bien évidemment. Après, je me dis qu’elle doit penser qu’on est toutes nulles aujourd’hui. Et elle se dit ‘ça y est, je suis de retour’, plaisante l’Américaine.

“Mais je trouve ça cool, c’est même génial de voir une mère de trois enfants, membre du Hall of Fame, se lancer dans une telle aventure. Il y a tellement de choses positives à dire à son sujet. C’est une immense joueuse et je trouve très bien qu’elle revienne sur le circuit. Ce sera sympa, intéressant. Et puis ça fera les gros titres.“

Stan Smith, Kim Clijsters and Todd Martin Us Open Hall of Fame ceremony©Corinne Dubreuil/FFT

Quand elle sera prête

Dans un entretien accordé à WTA Insider après son annonce, Clijsters a expliqué qu’elle pensait n’avoir rien à prouver et qu’elle espérait pouvoir disputer l’Open d’Australie au mois de janvier prochain. Elle a aussi précisé qu’elle ne foulerait pas un court de tennis avant d’être à 100 %.

Barty est certaine qu’une fois que Clijsters enfilera ses chaussures et sa tenue pour disputer son premier match, elle sera au niveau.

“Je pense qu’au plus profond d’elle, elle sait qu’elle est capable de le faire. Une championne comme Kim n’est pas du genre à faire les choses à moitié“, juge la tenante du titre de Roland-Garros.

“Elle va se donner à fond. Et je lui souhaite vraiment de ne pas avoir de problèmes physiques au cours des prochains mois et de pouvoir se préparer dans les meilleures conditions. Une fois qu’elle décidera de s’aligner dans un tournoi, c’est parce qu’elle se sentira fin prête“.

Il ne reste plus qu’à s’armer de patience pour voir de quoi est capable une ex n°1 mondiale du calibre de Kim Clijsters.