Ce qui me frappe dans chacun des champions et des championnes cités, au-delà de leur appétence pour la terre battue, c'est qu'ils ont tous des styles très différents, mais tous un vrai point commun : un sens du jeu phénoménal. Ça lifte, ça chipe, ça glisse, ça amortit, ça varie… Les joueurs italiens ont l'art de construire un point et je décèle rarement chez eux des erreurs tactiques. Comme on dit chez moi, ils "puent" le tennis. Et quelque part, leur absence de style bien défini, c'est aussi ça, le style à l'italienne. J'ai même envie de dire, la classe à l'italienne.
Le sujet m'intéresse car j'aime bien analyser le jeu de mes champions sous un prisme géoculturel. Et chez les Italiens se dessine, logiquement, une sorte de mix entre la France et l'Espagne : d'un côté, la pureté technique et la variété des genres que l'on retrouve chez nous ; d'un autre, un culte de l'ocre tout à fait hispanique. Celui-ci est peut-être un peu moins prégnant chez Jannik Sinner, dont les origines du nord de l'Italie, non loin de la frontière autrichienne, se reflètent aussi dans son tennis, moins latin mais plus puissant, plus directif. Et dans son genre, là encore, c'est tellement beau, tellement pur. Vraiment, le tennis italien est un enchantement et je crois que nous nous apprêtons à vivre, grâce à lui, un week-end plein d'arômes. Forza !