Favorite annoncée de ce Wimbledon 2022, Ons Jabeur n’est plus qu’à un match de devenir la première joueuse arabe à remporter un tournoi du Grand Chelem. Elle disputera samedi une finale inédite face à Elena Rybakina, impressionnante depuis le début de la quinzaine et qui compte bien, elle aussi, ouvrir son compteur en Majeur.
Wimbledon 2022 : Jabeur – Rybakina, rendez-vous avec l’histoire
Ons Jabeur et Elena Rybakina ont la possibilité d’écrire l’histoire ce samedi en remportant le premier Grand Chelem de leur carrière.
Jabeur a tenu parole
Bien lancée par un titre acquis à Berlin et une surprenante participation en double en compagnie de Serena Williams à Eastbourne, Ons Jabeur a parfaitement préparé ce rendez-vous londonien, coché de longue date dans son agenda de carrière. "Le rêve a commencé l’année dernière, j’ai pris plaisir à jouer ici, à apprécier le public, a confirmé la Tunisienne en conférence de presse après sa demi-finale. Je n’ai pas disputé beaucoup de Wimbledon et je me suis souvent arrêtée au premier ou au deuxième tour. Mais je savais que mon jeu était adapté au gazon. Et l’an passé après ma défaite en quarts, j’ai dit à ma coach mentale que je reviendrai en 2022 pour jouer le titre. J’aime cet endroit, l’atmosphère, l’énergie… C’est mon objectif principal depuis un an".
Eliminée dès le premier tour à Roland-Garros malgré un sacre à Madrid et une finale à Rome, la nouvelle numéro 2 mondiale s’est parfaitement servi de cet échec prématuré pour préparer la saison sur gazon. Ses variations et sa capacité à dicter le jeu lui ont permis d’atteindre les quarts de finale sans perdre le moindre set, donnant cette formidable impression que rien ni personne ne pouvait l’empêcher d’écrire l’histoire. Un destin dont le poids a toutefois pesé sur ses épaules face à Marie Bouzkova puis contre sa grande amie Tatjana Maria dans le dernier carré.
Mais en grande championne, elle est parvenue à trouver les ressources pour palier ses quelques hésitations et son manque d’efficacité. Victorieuse de 22 de ses 24 derniers matchs et sur une série de 11 succès consécutifs sur gazon, la "Ministre du Bonheur", comme elle est surnommée, n’est plus qu’à une marche d’un sacre mémorable pour son pays mais aussi pour le monde arabe. "Il s’agit toujours de la Tunisie mais ce pays est lié au monde arabe et au continent africain tout entier. Je veux aller plus loin et pouvoir inspirer des joueurs et des générations de tout le continent".
Rybakina, récital inattendu
Si Ons Jabeur se présentera une nouvelle fois sur le Centre Court affublée du costume de favorite, elle devra toutefois se méfier de sa concurrente, la plus dangereuse rencontrée jusqu’ici. Une adversaire qui a abordé ce troisième Majeur de l’année sans pression ni ambition particulière, la faute à des blessures et une préparation loin d’être idéale (une victoire et deux défaites). "J’ai été blessée, je n’ai pas pu me préparer correctement et mes récents résultats n’étaient pas bons a-t-elle analysé en conférence de presse hier. Bien sûr, tout ça a fait que je suis arrivée un peu plus détendue. Je ne m’attendais pas à être en deuxième semaine et encore moins en finale. Mais j’ai toujours pensé que je pouvais aller loin en Grand Chelem et peut-être même un jour en remporter un".
Un déficit de sensations presque libérateur donc pour celle qui a réalisé un parcours magnifique sans jamais céder aux sirènes de la pression. Le meilleur exemple est sans doute sa demi-finale face à Simona Halep, pourtant de retour à son meilleur niveau et qui n’avait jusqu’alors pas concédé la moindre manche. Agressive dès les premiers échanges, la Kazakh n’a jamais desserré l’étau, parvenant à prendre cinq fois la mise en jeu adverse. Si elle n’a servi "que" 5 aces (elle détient le record dans cet exercice avec 217 aces réussis depuis le début de la saison), ses 73% de points gagnés derrière sa première balle et ses 22 coups gagnants lui ont permis de faire largement la différence (6/3, 6/3 en 1h16). "J’étais assez nerveuse au moment de conclure mais je me suis sentie solide dans mon jeu et je pense avoir fait ce qu’il fallait pour gagner. Aujourd’hui, même si j’ai perdu quelques points, j’étais vraiment concentrée. Je suis très heureuse de mon résultat".
Surprenante par son sang-froid sur le court et son attitude à l’issue des rencontres, celle qui se sent pleinement Kazakh (elle a été naturalisée en 2018) a également l’occasion de marquer l’histoire de son pays en devenant la première représentante à remporter un tournoi du Grand Chelem. "C’est très important car le tennis est de plus en plus populaire au Kazakhstan. C’est incroyable car à la télévision, aux informations, on parle du fait que je vais jouer la finale et que c’est une grande première. Le président de la Fédération et de nombreuses personnes m’ont félicitée pour ce résultat. Je pense que tout le monde va regarder et me soutenir pour la finale" a-t-elle conclu sur le sujet.
Une opposition de style
Aux coups puissants et précis de Rybakina, nul doute que Jabeur répondra par sa grande mobilité et sa capacité à varier les frappes. Sans compter la victoire de la Tunisienne par forfait à Chicago en 2021, les deux joueuses sont à égalité dans leur face-à-face. Lors du tournoi de Dubaï l’an passé, la désormais dauphine d'Iga Swiatek avait pris sa revanche sur la Kazakh, qui l’avait battue en 2019 à Wuhan. Deux rencontres disputées au meilleur des trois manches et qui promettent un combat de haute lutte ce samedi en finale. Les deux joueuses ont évoqué ce match en conférence de presse :
Ons Jabeur : "Elena est une joueuse agressive, si vous lui donnez du temps, elle vous le prendra ! Nous avons joué plusieurs fois ensemble, ses frappes et ses changements de rythme sont impressionnants et efficaces sur herbe"
Elena Rybakina : "Je me souviens de ma première rencontre avec Ons. J’étais venue avec mon père pour participer à un tournoi et nous nous étions croisées. Elle a été très gentille en m’aidant à trouver le club parce qu’elle avait une voiture ! […] C’est comme si nous étions ensemble dans la même aventure. C’est incroyable de se dire qu’on écrit l’histoire".
Si l’histoire sera forcément plus belle pour l’une des deux protagonistes, leurs accomplissements jusqu'ici forcent déjà le respect et l'admiration.