Si la pluie a une nouvelle fois fortement perturbé cette cinquième journée, c’est bien la foudre qui a menacé de s’abattre sur le Centre Court. Mais comme à l’US Open 2022, "Carlitos" l’a emporté en cinq sets face à "Big Foe". De son côté, Emma Raducanu a encore fait trembler des gradins acquis à sa cause.
Wimbledon - J5 : un air de déjà-vu
Comme à Flushing Meadows (en 2021 et 2022), Emma Raducanu et Carlos Alcaraz ont écarté Maria Sakkari et Frances Tiafoe pour poursuivre leur aventure.
"Monsieur 5 sets" remporte le show
Bousculé et surtout moins inspiré qu’un Frances Tiafoe aussi puissant que délicat, Carlos Alcaraz s’est fait une grosse frayeur ce vendredi. Mené deux manches à une puis 0-30 au service à 4-4 dans le 4e set, le champion en titre est parvenu à renverser la situation avant de se montrer impérial dans le tie-break puis dans le set final (5/7, 6/2, 4/6, 7/6(2), 6/2 en 3h50). Les deux hommes, qui avaient déjà produit un superbe spectacle sur le Court Arthur Ashe il y a deux ans, n’ont pas oublié les ingrédients de leur recette explosive, bien au contraire.
Grâce à un niveau de jeu totalement retrouvé, c’est bien l’Américain qui a pris les choses en main. Mené 4-2 dans la première manche, il a inscrit 5 des 6 jeux suivants pour virer en tête. Durant quatre sets, il a multiplié les coups de poignet dévastateurs, aussi bien pour gifler la balle le long des lignes que pour délicatement la déposer derrière le filet. A l’engagement aussi, ses services kickés ou au corps ont privé le Murcien de son habituelle efficacité au retour. Seulement, même sur courant alternatif et en légère panne sur sa mise en jeu (71% de points gagnés sur sa première, 61% sur sa seconde), ce dernier n’a jamais été totalement décroché, arborant un large sourire sur chaque échange endiablé (et il y en a eu) et haranguant la foule sur tous les points importants. Peut-être qu’il avait aussi dans un coin de sa tête cette incroyable stat’ : en 12 rencontres au meilleur des cinq sets, il en avait remporté 11. Ça fait désormais 12 sur 13 et nul doute que ce premier gros test passé lui procurera encore davantage de confiance et d’assurance dans sa quête d’un incroyable doublé Roland-Garros – Wimbledon.
"C’est toujours un gros challenge de jouer contre Frances, c’est un joueur très talentueux et il mérite de se battre pour de grandes choses. C’était compliqué de trouver des solutions et de le mettre en difficulté, ce que j’ai réussi à faire en fin de rencontre. J’ai connu plusieurs moments compliqués dans le 4e set et je me disais ‘Bats-toi sur une balle de plus, concentre-toi sur le point suivant’. Il fallait que je lui fasse comprendre que j’allais tout faire et une fois encore, ça a basculé en ma faveur" a-t-il analysé en fin de match. En huitièmes de finale, il affrontera le Français Ugo Humbert ou l’Américain Brendon Nakashima, dont le match a été interrompu au tie-break du 4e set, alors que le Français menait deux manches à une.
Le troisième représentant de la bannière étoilée en lice aujourd’hui dans le tableau masculin a profité des quelques rayons de soleil pour rafler la mise en seulement 1h25. Titré au Queen’s, Tommy Paul n’a laissé absolument aucune chance à Alexander Bublik (6/3, 6/4, 6/2) pour rallier le Top 16, comme en 2022.
La folie Raducanu, épisode II
Au lendemain du très bel hommage rendu à Andy Murray, un vent de succession a soufflé sur le Central en deuxième rotation. Une reprise de flambeau pour réchauffer les cœurs britanniques parfaitement assumée par Emma Raducanu, tombeuse autoritaire de la tête de série n°9 Maria Sakkari dans un remake de la demi-finale de l’US Open 2021 (6/2, 6/3 en 1h32). La 135e mondiale – dont le classement ne reflète absolument pas son niveau actuel – a très rapidement pris le jeu à son compte et s’est muée en infranchissable, écœurant au passage la Grecque en sauvant toutes ses opportunités de break (7/7). "Je suis très contente, a confié la star du jour en conférence de presse. Je pense que j'ai joué un très bon match et honnêtement, le niveau que j'ai atteint sur le court aujourd'hui, c’est ce qui me fait le plus plaisir. J'ai hâte d'être sur le terrain pour le prochain tour". Dimanche, celle qui pourra de nouveau compter sur le soutien de tout un stade et de tout un peuple, affrontera la surprise de cette quinzaine, la première joueuse néo-zélandaise de l’ère Open qualifiée pour les huitièmes à Wimbledon dans l’ère Open, Lulu Sun.
Un air de déjà-vu, c’est également ce qu’ont dû ressentir Jasmine Paolini et Bianca Andreescu en pénétrant sur le Court n°1. A Roland-Garros déjà, les deux joueuses s’étaient affrontées au même stade de la compétition. Et c’est une nouvelle fois la tête de série n°7 qui a su tirer son épingle du jeu, avec encore davantage d’aisance que sur la terre battue de la Porte d’Auteuil (7/6(4), 6/1 en 1h31). Particulièrement efficace au filet (14/17) elle a fait la différence dans le tie-break de la première manche avant de dérouler dans la deuxième, ne perdant que 10 points lors des six derniers jeux de la rencontre. Un succès qui lui permet de devenir la première Italienne de l’ère Open à se qualifier en huitièmes de finale des trois premiers tournois du Grand Chelem. A Londres, elle retrouvera la quart-de-finaliste de l’édition 2023 et tête de série n°12 Madison Keys, victorieuse de Marta Kostyuk (6/4, 6/3 en 1h21).
L’image du jour : les larmes de joie de Badosa
Il y a un an presque jour pour jour, Paula Badosa jetait l’éponge au deuxième tour face à Marta Kostyuk en raison de blessures au dos qui allaient bientôt la priver de tennis pendant de nombreux mois. De retour sur les courts en janvier, elle a depuis connu des défaites inquiétantes, des victoires encourageantes et un nouvel abandon déchirant face à son amie Aryna Sabalenka sur l’ocre de Stuttgart. Des larmes de douleur et de tristesse pour l’Espagnole, contrainte désormais de poursuivre sa carrière sous cortisone. En lutte permanente avec son corps, elle a toutefois récemment atteint les huitièmes de finale à Rome mais surtout, les quarts de finale du WTA 500 de Bad Hombourg.
Une lueur au bout d’un long tunnel devenue ce vendredi une véritable lumière, à l’issue de sa magnifique victoire face à la très dangereuse Daria Kasatkina (7/6(6), 4/6, 6/4 en 2h51). Menée 2-4 dans le set final par la championne d’Eastbourne – victorieuse de Yuriko Miyazaki 6/0, 6/0 au deuxième tour – Badosa s’est battue jusqu’au bout pour signer le succès le plus important de sa saison. "Une des raisons pour lesquelles je suis revenue sur les courts, c’est vous, a-t-elle lancé au public. Entendre mon nom et être encouragée… J’ai vraiment ressenti votre amour." En deuxième semaine d’un Majeur pour la première fois depuis deux ans, elle y affrontera Donna Vekic.
Sinner et Gauff n'ont pas perdu de temps
Parfaitement testé par Matteo Berrettini lors du choc de la 3e journée, Jannik Sinner s'est montré beaucoup plus conquérant face à Miomir Kecmanovic (6/1, 6/4, 6/2 en 1h36). Quelques minutes auparavant, Coco Gauff avait poursuivi sa semaine immaculée en battant l'inattendue Sonay Kartal (6/4, 6/0 en 1h02). Et si l'Italien ne connait pas encore l'identité de son prochain adversaire en raison de l'arrêt des matchs en fin d'après-midi, la numéro 2 mondiale sait qu'elle a rendez-vous avec sa compatriote Emma Navarro.
Enfin, Grigor Dimitrov (tombeur de Gaël Monfils en trois manches) pourrait retrouver Daniil Medvedev en huitièmes, si ce dernier parvient à prendre le dessus sur Jan-Lennard Struff, mené 2 sets à 1 au moment de l'interruption.