Wimbledon – J4 : du ciel bleu et de l'émotion

Le "french corner" : jeunesse et expérience font bon ménage

Un match sérieux et une conclusion dramatique : Arthur Fils se rappellera longtemps de sa première qualification pour un troisième tour de Grand Chelem. Opposé au demi-finaliste de l’édition 2021 Hubert Hurkacz, le Français a impressionné par son agressivité et son sang-froid dans les deux premières manches avant de redonner espoir à son vis-à-vis. Ce dernier, qui a servi pour le gain du 4e set, s’est blessé au genou droit en plongeant pour obtenir une balle de deux manches partout dans le tie-break.

Incapable de se mouvoir malgré un temps mort médical de plusieurs minutes, il a perdu deux points avant de finalement abandonner (7/6(2), 6/4, 2/6, 6-6(9-8) ab.). "C’est très difficile de gagner un match comme ça, contre un ami, a confié Fils en interview d’après-match. On jouait très bien dans le quatrième set, on a disputé de très bons points et il sautait partout… Je suis vraiment désolé et j’espère qu’il se remettra vite. De mon côté, de prime abord, je n’aimais pas trop le gazon mais j’ai l’impression que j’y joue plutôt bien et je suis très heureux d’être au troisième tour !" Plus jeune joueur (20 ans et 22 jours) à battre un Top 10 à Wimbledon depuis 2014 (Nick Kyrgios), il affrontera Roman Safiullin pour une place en deuxième semaine.

Quelques minutes plus tard sur ce même Court n°2, Gaël Monfils n’a eu besoin que de trois petits jeux pour boucler l’affaire face à son ami Stan Wawrinka (7/6(5), 6/4, 7/6(3) en 2h03). Véloce et très propre techniquement, le Parisien n’avait plus connu les joies d’un troisième tour au All England Club depuis 2019. A 37 ans et 305 jours, le Français le plus âgé de l’histoire à ce stade de la compétition en Grand Chelem y retrouvera un autre trentenaire en la personne de Grigor Dimitrov, auteur d’une belle remontada contre Juncheng Shang.

Lui non plus n’avait plus connu les joies d’un 3e tour à SW19 depuis cinq ans. Brillamment sorti des qualifications puis vainqueur en cinq manches de Laslo Djere pour son entrée en lice dans le tableau principal, Lucas Pouille a bénéficié de l’abandon de Thanasi Kokkinakis, blessé au genou gauche à la suite d’une mauvaise chute dans le troisième set (2/6, 7/5, 6/2 ab.). Un très gros test l’attend désormais puisqu’il sera opposé à Alex De Minaur (n°9) pour une place en huitièmes.

Autre "frenchie" issu des qualifications, Quentin Halys a créé une très belle surprise en s’offrant la tête de série n°21, Karen Khachanov (4/6, 6/3, 3/6, 6/3, 6/4 en 2h44). Mené à deux reprises dans cette rencontre, le bourreau de Christopher Eubanks a continué de partir à l’abordage (86% de points gagnés derrière sa première, 71 coups gagnants et 76% de points remportés au filet) pour s’offrir la première victoire de sa carrière en cinq sets et un nouveau rendez-vous étoilé face à Holger Rune (n°15).

Et enfin que dire de la prestation express et écrasante de Giovanni Mpetshi Perricard face à Yoshihito Nishioka (6/4, 6/1, 6/2 en 1h11 !) ? Auteur d’un exploit lors de son entrée en lice contre Sebastian Korda, le géant lyonnais n’a pas laissé respirer son adversaire, groggy par les frappes surpuissantes venues de l’autre côté du filet (50 coups gagnants dont 27 aces). Au total, "Gio" aura inscrit 34 points de plus que le Japonais et s’est même permis de boucler la deuxième manche en 19 minutes… Des chiffres et un sentiment de toute puissance dont se méfiera forcément Emil Ruusuvuori, tombeur surprise lui aussi de Stefanos Tsitsipas en quatre manches.

➡️ La quatrième journée et toutes les interviews des Français sur FFT.FR

L’image du jour : Thank you Andy

Si son aventure à Wimbledon n’est pas totalement terminée puisqu’il disputera le tournoi en double mixte aux côtés d’Emma Raducanu, Andy Murray a reçu un hommage appuyé du Centre Court suite à sa défaite en double en compagnie de son frère Jamie (face à la paire Peers/Hijikata). Devant des tribunes pleines à craquer, l’ancien numéro un mondial et double vainqueur en simple au All England Club (2013 et 2016) a été emporté par l’émotion au moment de répondre aux questions de Sue Barker, revenue en bord de court spécialement pour l’occasion. "C'est difficile, parce que j'aimerais continuer à jouer, mais je ne peux pas. Physiquement, c'est trop dur maintenant. J’ai accumulé de nombreuses blessures et elles n'ont pas été anodines. Je voudrais jouer éternellement. J'aime ce sport, il m'a tant apporté, m'a appris des tas de leçons au fil des années qui me serviront pour le reste de ma vie. Mais je ne veux pas m'arrêter, alors c'est compliqué".

Chaleureusement félicité par plusieurs champions alignés sous la Royal Box (John McEnroe, Martina Navratilova, Tim Henman, Lleyton Hewitt, Conchita Martinez, Novak Djokovic, Iga Swiatek ou encore Cameron Norrie et Jack Draper), Sir Andy – qui disputera les Jeux Olympiques de Paris 2024 avant de définitivement mettre un terme à sa carrière – a revu certains des plus beaux moments d’une carrière résumée dans une vidéo commentée par Venus Williams et les autres membres du Big 4. Satanée poussière dans l’œil…

4 juillet - Independence Day

Ce jeudi, les Britanniques ont donc célébré leur plus fameux guerrier tout en savourant les victoires de Cameron Norrie (contre Jack Draper) et d’Harriet Dart. Victorieuse d’un thriller de 2h57 (4/6, 6/1, 7/6(8)) face à sa compatriote Katie Boulter, celle qui n’a pas pu retenir ses larmes alors qu’elle était menée 6-2 dans le super tie-break, a vécu l’un des plus beaux dénouements de sa carrière et retrouve le troisième tour d’un Grand Chelem pour la première fois depuis Wimbledon 2019.

Mais le 4 juillet est bel et bien le jour de la fête nationale aux Etats-Unis et les représentants de la bannière étoilée n’ont pas oublié de briller. Ainsi, Danielle Collins (n°11), Madison Keys (n°12), Taylor Fritz (n°13), Ben Shelton (n°14) et Bernarda Pera ont rallié le troisième tour avec perte et fracas. Mention spéciale au demi-finaliste de l’US Open 2023 qui a dû batailler durant cinq sets très tendus avant de conclure au super tie-break face à Lloyd Harris (4/6, 7/6(5), 6/7(5), 6/3, 7/6(7) en 3h49) pour se donner le droit d’affronter l’une des très belles satisfactions de cette édition, le Canadien Denis Shapovalov.

Mais la médaille a un revers puisque les Américains ont tout de même perdu l’une de leurs meilleures représentantes, en la personne de Jessica Pegula. La 5e joueuse mondiale, arrivée avec le trophée du WTA 500 de Berlin dans ses valises, nourrissait de très belles ambitions bien qu’elle n’ait jamais brisé son plafond de verre (quarts de finale) en Grand Chelem. Des velléités brutalement annihilées par Xinyu Wang malgré une balle de match sauvée dans le jeu décisif de la deuxième manche (6/4, 6/7, 6/1 en 2h10). En guise de lot de consolation, "Jpeg" a tout de même remporté son premier tour en double avec Coco Gauff.

Les favoris entre solidité et courant alternatif

L’élimination de la tête de série n°5 pourrait faire les affaires de plusieurs prétendantes dans cette partie haute du tableau féminin. A commencer par la n°1 mondiale Iga Swiatek, de nouveau très appliquée face à Petra Martic (6/4, 6/3 en 1h23). Impériale au service (83% de points gagnés derrière sa première et aucune balle de break concédée), elle a pu se contenter d’un break dans chaque set pour rallier le tour suivant où elle sera opposée à Yulia Puntintseva.

Rien à signaler non plus pour Ons Jabeur ! La double finaliste sortante a disposé de la jeune Américaine Robin Montgomery (19 ans) en deux manches (6/1, 7/5 en 1h09). De bon augure avant de disputer l’un des chocs du troisième tour contre Elina Svitolina. En revanche, la tâche s’est avérée plus difficile que prévu pour Elena Rybakina, qui l’a emporté en deux temps (6/3, 3/6, 6/3 en 2h12) contre Laura Siegemund. La championne 2022 devra sans doute faire beaucoup mieux et ne jamais perdre le rythme si elle veut poursuivre l’aventure car c’est désormais une Caroline Wozniacki en pleine possession de ses moyens qui l’attend au tour suivant. La Danoise s’est montrée courageuse et pleine de ressources pour prendre le meilleur sur Leylah Fernandez (6/3, 2/6, 7/5 en 2h19).

➡️ Le tableau complet du simple dames

Un set, c’est également ce qu’a concédé Novak Djokovic à la wild-card britannique Jacob Fearnley (6/3, 6/4, 5/7, 7/5). Bien meilleur que son classement ne l’indique (277e mondial), le chouchou du public a progressivement pris possession d’un Centre Court acquis à sa cause pour poser des problèmes au septuple vainqueur de l’épreuve. Ce dernier, agacé pendant une bonne partie de la rencontre, a passé ses nerfs sur son clan avant de rendre hommage à son adversaire, auteur il est vrai d’une prestation aboutie. "Félicitations à Jacob, il a produit un très bon tennis aujourd’hui, a-t-il lancé en bord de court. Je ne sais pas si on peut dire que j’ai eu une mentalité de champion aujourd’hui, je n’étais pas au mieux dans les deux dernières manches. Il y a des jours comme ça mais c’est aussi dû à l’adversaire de l’autre côté du filet. Physiquement, je me suis senti plutôt bien et je ne veux surtout pas me chercher d’excuses, tout le crédit lui revient, il m’a vraiment challengé aujourd’hui."

Au prochain tour, Nole a hérité de l’Australien Alexei Popyrin. A noter également la qualification beaucoup plus tranquille d’Alexander Zverev contre Marcos Giron (6/2, 6/1, 6/4 en 1h34). Une nouvelle fois, le finaliste de Roland-Garros a allié puissance et précision, présentant une feuille de stats assez admirable : 12 aces, 88% de points gagnés derrière sa première, 24 coups gagnants, 15/18 au filet et 6/8 balles de break converties. Cameron Norrie est prévenu…

➡️ Le tableau complet du simple messieurs