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C'est le duo qui se détache parmi la nouvelle vague. L'un d'eux peut-il gagner Roland-Garros ?
Pour des raisons différentes, ils forment le duo qui se détache sur terre battue parmi la nouvelle vague. Si un moins de 25 ans doit gagner Roland-Garros dès cette année, ce sera sans doute l'un d'eux. Voilà pourquoi.
Pour ses résultats. Rome et Montréal 2017, Madrid 2018 : Alexander Zverev est cette semaine tenant du titre de trois Masters 1000. Sorti du "Big Four", personne ne fait mieux parmi les joueurs en activité dans cette catégorie de tournois, la plus importante après les Grands chelems. Avec aussi récemment une finale à Miami et une demie à Monte-Carlo, il doit en grande partie sa troisième place mondiale à ces tournois, dans lesquels il a su battre (presque) tout le monde : Novak Djokovic à Rome, Roger Federer à Montréal, Dominic Thiem à Madrid...
Pour sa polyvalence. Avec sa grande taille et son jeu en cadence, on aurait pu croire que la terre battue serait pour lui la surface la plus compliquée à apprivoiser. Que nenni : outre ses deux Masters 1000 de Rome et Madrid, il compte aussi deux titres en ATP 250 à Munich. Quatre de ses huit titres ont donc été conquis sur terre. Puisqu’il est tout aussi fort sur surfaces dures, il ne lui reste plus guère que sur gazon à franchir un dernier cap.
Pour ses temps de passage. Numéro 3 mondial à 21 ans (il était déjà monté sur le podium à l’été passé), il est significativement en avance sur les autres "young guns" puisqu’il faut descendre jusqu’à la 29e place mondiale (Denis Shapovalov, 19 ans) pour trouver plus jeune que lui parmi l’élite. Et, à titre de comparaison avec ses aînés, il faut remonter à Juan Martin del Potro, titré à l’US Open 2009 à la veille de ses 21 ans, pour trouver un "teenager" aux accomplissements aussi importants que ceux de Zverev Junior.
La réussite en Grand chelem. Eu égard à tout ce qui précède, le fait que "Sascha" n’ait encore jamais dépassé le cap des huitièmes de finale en Grand chelem (une seule fois présent à ce stade de la compétition, même) est à la fois une anomalie et une – légère, à son âge – déception. Coïncidence due à de mauvais tirages (Rafael Nadal à l’Open d’Australie 2017, mais aussi le toujours piégeux Fernando Verdasco à Roland-Garros 2017 ou le bombardier Milos Raonic à Wimbledon) ? Physique encore un peu léger au meilleur des cinq sets ? Surcroît de pression dans les plus grands tournois ? Lui-même doit se poser la question… mais a encore amplement le temps d'y trouver réponse. Et lorsqu’il y sera parvenu, la prédiction conjointe de Roger Federer et de Rafael Nadal de voir en lui un futur n°1 mondial ne sera pas loin d’être accomplie.
Pour la terre battue. Alors qu’il est déjà dans l’année de ses 25 ans, Dominic Thiem n’affiche ni temps de passage, ni palmarès aussi impressionnants que son cadet Zverev. Ce qui fonde sa réputation est ailleurs. Sur terre battue, précisément. Là où sa lourdeur de balle et son endurance font merveille. Deux fois demi-finaliste à Roland-Garros (2016, 2017), deux fois finaliste à Madrid (2017, 2018), sept fois titré sur la surface, il est "LE" terrien de sa génération (et, globalement, des moins de 25 ans). Sans doute trop spécialiste pour jouer le titre à Melbourne, Londres ou New York, il a tout en revanche pour s’imposer un jour ou l’autre à Paris.
Pour le pedigree de ses victimes sur la surface. Ce n’est presque pas tant pour ses résultats bruts sur ocre que Thiem a marqué les esprits, mais bien par la manière dont il les a obtenus... et aux dépens de qui : l’an passé, c’est lui qui a mis à terre le tenant du titre de Roland-Garros, Novak Djokovic, en quarts de finale, sur un implacable 7/6 6/3 6/0. Surtout, cela fait trois ans que l’Autrichien signe à chaque campagne une victoire sur le roi de l’ocre en personne, Rafael Nadal, sur "sa" surface : après Buenos Aires en 2016, il a réussi cet exploit à Rome en 2017 et Madrid en 2018. Pour situer la performance, entre ces deux derniers revers, "Rafa" a perdu… 0 match sur terre, et même 0 set, signant un enchaînement record de 50 sets gagnés consécutivement sur la surface ! Même si Dominic Thiem a payé cher ces succès (il n’a pas gagné un set lors de ses 6 autres confrontations avec l’Espagnol, toutes sur terre), il ne faut pas minimiser la performance : trois victoires sur ocre face à Nadal ? Seul Novak Djokovic a fait mieux (7).
Les titres. Malgré ce statut de "seul homme capable de battre Nadal sur terre battue" depuis deux ans, Thiem attend toujours de remporter son premier titre d’envergure, Grand chelem ou Masters 1000. Les deux fois où il a créé l’exploit face à "Rafa" en Masters 1000, à Rome en 2017 et Madrid la semaine passée, il n’a ensuite pas été en mesure de confirmer l’essai en soulevant le trophée, laissant à chaque fois cet honneur à… Alexander Zverev, visiblement bien plus opportuniste que lui. Ce qui est une qualité dans le monde du sport de haut niveau.