Roland-Garros 2024 : comment Nadal a retrouvé l’espoir

Lors d’une conférence de presse très attendue, l’Espagnol s’est dit content de ses sensations avant son choc face à Alexander Zverev.

Rafael Nadal, press, Roland-Garros 2024©️Pauline Ballet / FFT
 - Rémi Bourrieres

Il n’y avait pas une place de libre dans la grande salle d’interview du centre de presse de Roland-Garros ce samedi, lorsque Rafael Nadal a fait une apparition de rock star, sur les coups de 13h20. Personne ne voulait rater les premiers mots du maître des lieux, de retour dans son royaume pour la première fois depuis 2022. Pour sa possible dernière venue, il a tiré le gros lot (ou pas loin) avec un 1er tour face à Alexander Zverev, peut-être l’homme le plus en forme du moment.

Si l’Espagnol n’est toujours pas en mesure de savoir si ce Roland-Garros sera ou non son dernier – l’une des informations les plus attendues de la journée –, il a au moins confirmé sa participation à cette édition 2024. Dans le doute après sa défaite à Rome face à Hubert Hurkacz, il a été conforté par plusieurs entraînements très positifs à Paris avant de donner le "go".

"Ma conférence de presse à Rome avait soulevé quelques malentendus. J’avais envie de jouer ici, mais avant de le confirmer tout de suite, je voulais d’abord savoir comment j’allais me sentir dans les jours suivants, sur les plans tennistique, physique et mental, a déclaré le Majorquin. Depuis, j’ai eu le temps de réfléchir. Honnêtement, ma forme s’améliore. Je me sens mieux sur tous les plans. Physiquement, je me sens moins limité. J’ai la motivation qu’il faut. Depuis mon retour, c’est la première semaine où j’ai l’impression de pouvoir courir sans restriction."

Rafael Nadal, conférence de presse, Roland-Garros 2024© Pauline Ballet / FFT

De bonnes "vibes" retrouvées

Il n’y avait qu’à voir son ton badin, son œil pétillant et son sourire aux lèvres pour s’en convaincre : Rafa, peut-être porté par la magie des lieux, a retrouvé de bonnes "vibes" à Paris, c’est une évidence. A l’entraînement, il s’est montré compétitif toute la semaine, remportant des sets contre d’excellents joueurs comme Daniil Medvedev ou Sebastian Korda. De là à convertir ce sentiment très positif en match, surtout face à un cador de la trempe de Zverev, c’est évidemment une autre histoire. Nul ne sait ce que cela donnera, pas même l’intéressé. Et c’est aussi ce qui fait toute l’intrigue de cet ébouriffant 1er tour.  

"La catastrophe de Rome peut se répéter, c’est une possibilité, je ne peux pas le cacher, a admis l’homme aux 14 Coupes des Mousquetaires. Les questions que vous vous posez à mon sujet, je me les pose aussi. Je n’ai pas assez de tennis derrière moi pour avoir toutes les garanties. Mais du fond de mon cœur, si je n’avais pas le sentiment de pouvoir faire quelque chose de bien ici, je ne serais pas là. Il n’est peut-être pas très grand, mais j’ai l’espoir de bien jouer ici."

"De grandes chances que ce soit mon dernier Roland-Garros"

Cela peut paraître paradoxal, mais il y avait déjà quelques éléments positifs à tirer de la prestation romaine de Nadal. Son coup droit, déjà. Les statistiques de l’ATP ont montré une nette montée en puissance de son arme fatale par rapport à son tournoi précédent à Madrid – pourtant plus encourageant sur le plan du résultat brut –, notamment en termes de vitesse moyenne (122 contre 115) et de spin (3 448 rotations/minute contre 3 125). Il avait en revanche commis plus de fautes (16% de déchets contre 10%). Mais au moins s’était-il tenu à sa ligne de conduite annoncée, qui était de vouloir en "mettre" davantage dans ses coups.

Reste désormais à confirmer en compétition cette montée en régime. L’exploit face à Zverev est à ce prix, mais aussi, plus largement, l’avenir de sa carrière. Ce qui nous renvoie, bien évidemment, à la grande question : alors, dernier "Roland" ou pas ?

"Je sais que la question est inévitable, mais je n’ai pas la réponse, a-t-il éludé, sans pour autant esquiver. Disons qu’il y a de grandes chances que ce soit mon dernier, mais ce n’est pas du 100%. Comprenez-moi : je viens de traverser deux ans de souffrance et de soins. Je me sens mieux désormais, mais je ne suis pas encore en mesure de savoir si je pourrai à nouveau jouer en pleine santé. Donnez-moi un peu de temps. Peut-être que dans un mois et demi, je vous dirai : non, je ne peux pas, j’arrête. Mais aujourd’hui, je ne sais pas."

L’esprit de Rafael Nadal est de toute façon, depuis le tirage au sort, entièrement focalisé sur son choc face à Alexander Zverev. Rien d’autre. En attendant, Roland-Garros retient son souffle.